Voilà , il est sorti, pas si longtemps que ça après le troisième épisode de la série, lequel s'achevait sur une grande explosion.
Explosion dont ne tiendra pas compte le quatrième volet.
Cela dit, après recherche, l'explosion n'est que suggérée dans la plupart des versions cinéma, et il existe plusieurs
conclusions alternatives où l'on peut voir que l'explosion canonique est de taille plus réduite, et juste assez grande pour exploser la cervelle de la demoiselle.
(Mais j'ai pas rêvé, j'ai bien vu une version où l'explosion était vraiment grosse ?)
Dans tous les cas, pour ce qui est du scénario, "Saw 4" ne se donne pas le luxe de la clarté minimale qu'on serait en droit de demander d'un ensemble de films. Et quant à la cohérence, c'est la grande catastrophe. Révisant encore davantage la psychologie du personnage de Puzzle (supposé, à l'origine, avoir inventé ses pièges après avoir découvert qu'il avait le cancer, je le rappelle), lui attribuant post-mortem une philosophie de comptoir à nouveau révisée et des motivations autres, l'oeuvre n'est pas plus respectueuse envers la construction de ses autres protagonistes : le véritable responsable n'a pas de "raisons d'agir", il est vaguement exposé en fin de récit pour une pseudo-révélation dénuée de tout impact, par manque de profondeur et de crédibilité, et également par accablant révisionnisme de fiction.
"Saw 4", c'est
une bonne idée mal exploitée, la dernière scène du film qui est en fait à sa toute fin, alors que le reste semble se dérouler en parallèle de "Saw 3". Procédé de prolepse ici complètement inutile et absolument pas expliqué.
Mais "Saw 4", ce n'est pas que ça. C'est une esthétique relativement soignée avec quelques magnifiques transitions entre les différentes séquences, hélas entachées des meurtres les moins inventifs qu'ait connu la série (après un troisième épisode qui impressionnait à ce niveau, c'est pour le moins dommage). C'est également du gore gratuit et grand-guignolesque, dénué de toute crédibilité... les membres s'arrachent plus facilement que dans des films de zombie, les peaux se décollent sans rien déchiqueter au passage, comme les enveloppes de latex qu'elles sont, les organes sont des poches de plastoc lisses, peintes de manière vaguement malsaine, tout est à l'avenant. Nous voilà en plein style Bruno Mattéi, en boucherie de carton. Ce massacre, c'est du toc, et il ne parvient qu'à grand-peine à soulever les coeurs, tout en conservant un consternant sadisme de tous les instants.
Ajoutons que ce long métrage n'est structuré à aucun niveau : les décors se réduisent, en termes de mise en scène, à de simples arrières-plans où surgissent de nouveaux éléments au gré des besoins de la narration, la gestion de l'espace est inexistante, le jeu d'acteurs se disloque entre chaque plan, le récit même ne suit aucune ligne narrative, se contentant de vaguement emmêler une enquête décousue, plombée d'incohérences (bien entendu, la police n'a jamais eu l'idée d'inspecter le premier immeuble acquis par l'ami Puzzle !), et la musique grandiloquente ou encore le montage MTV-épileptique se contentent de saupoudrer de fatuité un marasme puant qui n'avait pas besoin de cela pour paraître répugnant.
Quelque part, on peut reconnaître une réussite proprement métafictionnelle et expérimentale à cette bouse : celle d'accorder la forme au fond, de rendre le produit fini aussi
dégueulasse que les crimes qu'il est supposé raconter.