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 Sujet du message: "Troie"
MessagePublié: 15 Mai 2004, 10:16 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
La principale qualité de "Troie" n'est pas un montage clair et vif, qui va au plus court et au plus juste sans pour autant négliger le traitement des personnages. Ce n'est pas non plus une mise en scène nette bien que convenue, une sélection d'acteurs magnifique ou un travail sur la photographie qui confine à  l'oeuvre d'art. Ce ne sont définitivement pas les effets spéciaux qui détachent ce film de la masse, malgré leur perfection.
Non, la principale qualité de "Troie" est un excellent scénario.
N'attendez pas de miracles du script. Ne lui demandez pas de respecter Homère à  la lettre, c'est peine perdue - de toute façon, l'oeuvre ne prétend pas être une adaptation fidèle de l'Illiade, mais une interprétation comme une autre d'une histoire légendaire. Ne croyez pas que la censure hollywoodienne ait cessé de frapper et que la bisexualité grecque soit prise en compte dans les relations entre les personnages.
Cependant, force est de reconnaître que le scénario est habile. Tout d'abord, il réussit à  se conformer au cahier des charges en vigueur dans toute production hollywoodienne sans pour autant en être handicapé. Il se sert par exemple de la romance, élément obligé du genre, pour pousser Pâris au défi suicidaire et Achille à  la culpabilité (volontés à  l'opposé de leurs natures profondes). Ensuite, il évite toute glorification de la guerre pour fournir des motivations plus humaines à  chaque personnage. A l'occasion de la peinture d'une série de psychologies hautes en couleur, l'intrigue étale un traitement simple et bien intégré à  la progression dramatique de plusieurs thèmes tels que l'immortalité du souvenir, l'horreur de la guerre ou encore la beauté de la mortalité. Certes, ces idées sont vues et revues, mais elles sont ici fort bien amenées et ne paraissent jamais trop longuement exposées.
L'élément surnaturel est traité avec prudence. On ne nous montre pas les dieux ni leurs interventions. Mais si l'influence divine n'est pas représentée dans ce long métrage, elle n'est pas niée non plus. Ainsi, mis à  part les flèches décochées par Pâris, Achille ne reçoit AUCUNE BLESSURE, et les traits qui touchent le poitrail ne sont pas l'occasion d'une grande douleur pour le guerrier, ni même d'un saignement... à  l'inverse du projectile qui atteint son talon. De même, le "coup de foudre" entre Pâris et Hélène n'est pas montré. On peut toujours supposer une influence d'Aphrodite.
Malgré tout, dans l'ambiguïté, le film ne livre jamais de réponse. Cette grande oeuvre n'affirme rien. Si "L'Odyssée", où l'élément divin et le surnaturel en général sont dominants, était adapté, un tel traitement serait impossible. Mais c'est ici la guerre de Troie que l'on voit, et elle s'y prête parfaitement. Tout comme on hésite toujours entre les Grecs et les Troyens, on ne peut affirmer que l'Achille de "Troie" est invincible ou non.
La plus grave altération infligée à  l'oeuvre d'Homère est l'initiative prise par les scénaristes de retarder la mort d'Achille. Ce trépas ne survient qu'à  l'invasion de Troie dans le film, afin d'en accentuer la portée.
Cette histoire est dramatique. L'humour a peu de place dans le film. Tous les personnages sont humains ; il n'y a pas de "héros" au sens surhomme immaculé.
S'il y a bien un reproche que je ferai au scénario, c'est le manque de spectaculaire de l'invasion de Troie. Peut-être est-ce le corollaire logique de l'épisode du Cheval de Troie complètement bâclé.

J'achèverai cette brève critique en exprimant toute l'émotion que m'inspire une scène en particulier, celle du duel opposant Ménélas à  Pâris.
Attention, spoilers.
Notons d'abord le réalisme de la situation : pas de fausse note, face à  un barbare barbu maniant le glaive et la lance avec une cruauté et une violence rare, le prince troyen incarné par Orlando Bloom ne tarde pas à  mordre la poussière. On s'attend à  ce qu'il se relève et remporte le combat par quelque miracle typique d'Hollywood : après tout, Ménélas nous est ici présenté comme une bête féroce qui a tacitement renié son humanité au profit d'une vengeance aveugle et disproportionnée et Pâris comme un jeune homme sympathique et courageux malgré son inconscience. Mais non, le "gentil" ne se relève pas. Et ô surprise, il rampe. Pâris se traîne aux pieds d'Hector et lui étreint la jambe, désespéré. Il y a dans son regard vitreux tout le traumatisme ressenti par ce malheureux garçon tout à  coup confronté à  l'idée de sa propre disparition et qui régresse, implorant son grand frère de le protéger, de le défendre envers le monde entier, comme il l'a toujours fait.
Magistral.

Mme Snape à  dit : Orlando Bloom, ramper? mordre la poussière?

Juste pour ça, le film doit valoir le détour.

Mais étrangement, le film ne m'attire pas. Peut-être que je vais le voir un jour, mais ça ne sera pas au cinéma. Je crois que je ne suis pas dans ma phase "gros film hollywoodien". Et puis bon, je ne vous cacherai pas que je n'ai aucune envie de voir la gueule d'Orlando Bloom. Mwarf. Il paraît qu'il y a Sean Bean dans le film? Enfin, si mes souvenirs sont bons. Personnellement, quand j'ai vu la bande-annonce, je me suis dite: Encore une excuse pour montrer des effets spéciaux et des "beaux" mecs. Mais bon, je ne cracherai pas sur le film, je ne l'ai pas vu.


Et DN répond : On pouvait craindre le pire, et les critiques à  l'encontre de ce film sont nombreuses : scénario linéaire, ambiance de superproduction hollywoodienne boostée aux batailles de type "Seigneur des Anneaux", véhicule obligé pour une star du calibre de Brad Pitt, révisionnisme américain de mauvais augure.
Pourtant, si l'histoire est prévisible, c'est parce qu'elle appartient à  l'Histoire, justement, l'influence Jackson est bénéfique, c'est Brad Pitt qui sert Achille et non Achille qui sert Brad Pitt, et les modifications scénaristiques ne sont que d'ordre dramatique (pour que le trépas d'Achille trouve sa place au coeur du dénouement) et surnaturel (développement d'une ambiguïté relative au rôle des Dieux dans les événements : est-ce la flèche au talon qui décida du sort d'Achille ? La romance entre Pâris et Hélène est-elle insufflée par les déités de l'Olympe ? De ces points comme d'autres, le film nous laisse seuls juges).

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MessagePublié: 18 Mai 2004, 12:18 
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Maître Van Eltanhir
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Inscription : 18 Mai 2004, 11:58
Message(s) : 309
Localisation : Rennes
AAAH ! Cool ! Je vais enfin pouvoir faire ma petite critique sur le film, attention spoilage !

Troie, j'ai été le voir jeudi soir, priant le ciel pour qu'il plaise à  Linda, que j'avais gentiment forcée pour m'accompagner.

Devant les premières images, j'ai un doute. le film tiendra-t-il ses promesses ? Après un bref texte expliquant les bases historiques de l'époque: Agamemnon, envahi la Grèce et fait plier toutes les autres monarchies sous son joug, tout ça grâce à  un homme, un héros: Achille - Brad Pitt bodibuldé, sauf pour ses molets pour lesquels il a été doublé. Le pauvre ange à  les sous-cuisses trop fins- le film commence sur le paysage égéen grec. Une grosse armée avance, soulevant un nuage de poussière, mes doutes m'assaillent: la scène manque d'ampleur. On dirait une scène de Xena la Guerrière. Je me dis qu'il faut patienter un peu, mais je ne peux m'empêcher de penser à  la scène d'ouverture de Gladiator, qui écrase littéralement celle de Troie. Je ne vais pas vous raconter la suite, sachez seulement que la première scène avec Brad Pitt met tout de suite le ton: le film est un bon prétexte pour voir Bradounet gonflé à  l'hélium, complètement à  poil, de la tête à  la limite supportable américaine: le pubis (rasé). Même ses compagnes de chambrée ne sont pas autant exposées. Première frustration.

Heureusement s'en suis des événements qui réhaussent vite fait mon manque de voyeurisme: Brad Pitt est certes un sex symbol horripilant, mais ce con est aussi excellent acteur et il me le prouve encore une fois dans ce rôle dont il s'empare dès ses prmières minutes à  l'écran. Après Brad dans tous ses états, on passe aux deux autres sex symbols en liste: Eric Bana (Hector) et Orlando Bloom (Pâris). S'en suis 5 minutes de film et ça y'est Orlando est à  poil, de face, jusqu'au pubis, rasé aussi (non vous ne me ferez pas croire qu'Orlando, brun comme il est, est imberbe). Heureusement que nous avons le droit au charmant popotin d'Hélène en premier plan. Mais ça reste léger. Deuxième frustration.

Trève de plaisanterie, Eric Bana était attendu par bon nombre de cinéphiles respectables dans ce rôle titre de la mythologie grecque et bien laissez moi vous dire qu'il s'en sort avec les honneurs en prince troyen. Orlando, à  côté, est assez insipide dans son indécrotable rôle de jeune premier con. Cependant, pas trop de legolasseries dans ce film, bien au contraire, Pâris est un piètre guerrier à  l'épée et en duel. C'est plutôt celui qui tire dans le dos avec... Un arc. OUI nous aurons le droit, deux fois (enfin 4 fois, si on compte les 3 films de LOTR) n'est pas coutume, à  Orlando Bloom tirant à  l'arc. On va finir par croire qu'il devrait se présenter aux jeux olympiques avec son bébé à  flèches. Le voilà  donc emmenant Hélène à  Troie, sans que son mari officiel, Ménélas, frère d'Agamemnon, le méchant roi, suivez un peu ou lisez Homère, au choix, ne soit au courant. De quoi provoquer une guerre sans précédent. C'est justement ce qui va se passer d'ailleurs, sinon y'aurait pas de film ! Je regrette juste qu'Hélène soit un peu potichifiée. C'est en grande partie grâce à  elle que tout le monde crève. On n'a le droit qu'à  son arrivée en grandes pompes à  Troie, sa coucherie avec Orlando avant, sa tentative de pétage de plombs, puis elle agrémentera le film de quelques plans larmoyants jusqu'à  la fin.
j'ai entendu dire qu'on avait du mal à  choisir son camps, je ne suyis pas d'accord ! Brad Pitt n'est dans aucun camps, Ulysse (Sean Bean, magnifique comme d'habitude) lui est contraint et forcé de bosser pour le porc couronné de part son allégance... Le film se tourne inexorablement vers Troie et ses occupants. Comme dans Titanic on a l'avant et l'après nauffrage ! C'est beau, c'est grand, c'est puissant, puis finalement, à  cause d'un caillou dans la chaussure et d'un roi beaucoup trop porté sur les bondieuseries, Troie tombe.
Faisons une parenthèse sur Peter O'Tool (Lawrence d'Arabie) jouant Priam. Il est parfait. Il nous rappelle Marc Orèle dans Gladiator. Il n'a pas besoin de parler, ses yeux bleux humides veulent tout dire. Il m'a épaté.
Voilà , revenons au film. En parlant de Gladiator, il est amusant de souligner qu'une réplique est quasiment identique dans les deux films, je vous laisse trouver laquelle. Beacoiup pourront critiquer le manque de références à  la légende. On oublie vite que le sois-disant point faible d'Achille est son talon. Mais Wolfgang Petersen n'a pas voulu tourner son film de façon fantastique, il l'a fait de façon réaliste. Tout est bien pensé. On pourrait croire qu'il a pris des libertés: dans la légende, Hélène est enlevée. Dans le film, elle part de son plein gré. Mais qui nous dit que dans la réalité elle ne s'est pas barré de son plein gré aussi ? Franchement par amour, une fille ferait n'importe quoi (un mec aussi d'ailleurs). Qui nous dit que ce qu'Homère à  rapporté ne sont que les dires officiels de Ménélas ivre de jalousie ? Et comment se fait-il qu'Achille ne soit pas mort foudroyé quand la flèche touche son talon ? Et bien tout simplement parce qu'une flèche dans le talon ne tue pas un homme. Ce sont plutôt les trois autres flèches dans le ventre et le coeur qui auront raison de l'être invincible. Seulement, la seule flèche qui restera plantée dans Achille, c'est celle dans le talon. Puisque les trois autres sont arrachées de rage et de douleur par le héros. Les hommes qui le trouveront pourront inventer la légende bien connue: Achille, héros de l'Olympe, a été trempé par sa mère dans une source le rendant immortel, seulement la brave femme le tenant par le talon, celui-ci devint son point faible car sa seule partie mortelle...

En définitive, ce film est à  voir pour: le jeu des acteurs, même le second rôle d'Adromaque arrache des larmes, Brad Pitt (unique en Achille), Eric Bana (qui rivalise avec hargne face à  Achille), Sean Bean (certe mis en retrait, mais pour mieux briller à  chaque apparition), Peter O'Tool (Priam, et ses yeux humides), Orlando (pour tous les ricanements qui m'ont échappé), Hélène pour sa beauté cinématographique et potichiste et pour les batailles de Troie, surtout le coup des boules de feu (que je vous laisse découvrir aussi).


Plus j'y pense, plus je me rend compte des écards énormes avec l'histoire originale. Surtout les quatre plus choquants:
- l'apparition trop furtive du personnage d'Enée (dans le film le personnage furtif à  qui Pâris remet "au hasard" l'épée de Troie), qui est sensé être un prince Troyen lui-aussi, sur lequel repose l'avenir de Troie et à  qui Virgile dédiera l'Enéide.
(pour plus d'informations sur ce personnage clé: http://www.ai.univ-paris8.fr/corpus/lur ... a/enee.htm)
- Les durées qui ont été massacrées à  la mode américaine: la guerre de Troie a duré 10 ans et Agamemnon mit 2 ans à  rameuter la flotte grecque. Ca se borne à  1 semaine maxi pour l'un et à  2 jours pour le second dans le film . On dirait Bush partant en guerre.
- Dans les textes, Agamemnon à  dû sacrifier sa fille Iphigénie pour pouvoir prendre la mer avec sa flotte. Il sera tué après Troie, de retour dans ses pénates, par sa femme Clytemnestre. On le retrouvera coupé en morceaux dans son bain. En effet pour décréditer un guerrier mort, il fallait couper tout ce qui dépasse ...

En définitive, il est vrai qu'on a trop vu Achille, mais que voulez-vous, il fallait un rôle à  Bradounet .


J'ai la flemme de relire, je m'excuse auprès de jamic pour le nombre incalculable de faute que j'ai dû laisser.

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MessagePublié: 29 Juil 2004, 04:45 
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Inscription : 26 Juil 2004, 04:02
Message(s) : 101
Localisation : Neverland, Wonderland, Whatever...
Ca me gêne (Crise existencielle : L'accent sur "gene" est de quelle nature ? Re-crise existencielle : Est-ce que j'ai correctement ortographié "existencielle" ? Argh !) de donner un avis négatif, surtout que Rafa vient de faire une critique favorable et constructive.
Mais bon, soyons fous, j'avouerais que je n'ai pas aimé ce film. Peut-être parce que je l'ai vu lors d'une sortie scolaire, peut-être parce que l'image était -pour une raison mystérieuse- de mauvaise qualité, mais peut-être aussi parce que je suis fanatique de mythologie grecque et romaine (Par exemple, a sept ans, je pouvais citer les huit versions differentes de la legende de Narcisse. Je note d'ailleurs ici qu'il y avait déjà  des amateurs de yaoi à  cette époque... Enfin bref, tout ça, c'est la faute à  ma mère. C'est vrai, quoi. Faut se méfier des professeurs de lettres classiques, ils sont pas comme nous. D'ailleur, on devrait faire des chiottes pour les profs de lettres classiques, interdire aux profs de lettres classiques de prendre les mêmes transports en commun que les gens normaux !Désolé, maman, mais fallait que la vérité éclate ! Heu, je m'égare.)
Toujours est-il que j'ai trouvé que ce film était un navet, et je n'arrêtais pas d'avoir des fous rires aux moments les plus incongrus, à  la grande consternation de mes voisins de sièges. (Le moment où Hector dit adieu à  sa femme et son gosse... Cultissime, hihihi !)
La seule chose que j'ai admiré dans cette oeuvre, c'est l'équation-clé du réalisateur : "Un plan, un torse nu". Et, après tout, les occasions de voir Brad Pitt nu ne sont pas si nombreuses. Hum.
Franchement, c'est le premier film qui m'ai autant déplut. D'ordinaire, je suis d'une grande indulgence pour toute oeuvre que ce soit un livre, une chanson ou un film...

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"SIDO : Aucune image ne peut rivaliser avec les richesses d'un texte ! Pour le croire aussi naïvement, il faut n'avoir jamais connu le plaisir de tenir entre ses mains un ouvrage inconnu : l'ivresse de le feuilleter, d'en goûter toutes les promesses avant même de se plonger dans sa lecture..."
Christian Grenier, Virus L.I.V.3 ou la mort des livres


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