Eltanin

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MessagePublié: 11 Sep 2008, 18:25 
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Inscription : 01 Mai 2004, 11:57
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Parce qu'il fallait bien que quelqu'un se dévoue.
Des mots comme "nul", "mauvais" ou "exécrable" sont impuissants à  décrire le Néant qui émane de ce film.

La possibilité d'un île, comment dire ? C'est un peu un croisement entre Dallas et "2001, l'odyssée de l'espace". En insérant le contenu du premier dans la structure du second, l'intérêt et la profondeur en moins. De la prétention, par contre, il y en a à  revendre (de longues séquences contemplatives, souvent hilarantes tant on sent que le type est persuadé d'exprimer quelque chose de vachement puissax). Des idées ? Quelques unes, pertinentes à  défaut d'être originales (l'esprit humain n'est que l'information contenue dans le cerveau, duplicables à  l'infini, etc). Mais notre auteur en est tellement fier qu'il ne s'abaissera jamais à  les développer, et encore moins à  les illustrer. Tout au plus à  filmer des personnages les débitant avec une emphase tonitruante et surréaliste. Personnages, en passant, aussi inutiles et attachants qu'une jante de pneu rouillée. En fait, toute l'histoire est inutile, de cette merveilleuse gratuité dans la pellicule gâchée qui caractérise les films du genre. Mais celui-là  les bat tous.

Voici en, quelque mots, le scénario du film. Point de balises "spoiler", car vous n'irez pas le voir, à  moins de vouloir expérimenter le profond désespoir qui succède à  une heure et demie de vie gâchée.

On commence dans une colloque de secte raëlisante encore en mal d'adeptes, tenue dans un hangar. Le gourou, après avoir pompeusement fustigé son public ("Vous n'être pas des hommes, vous n'êtres pas des enfants... vous n'êtes encore que des larves !"), promet de leur offrir l'immortalité par la Science, en clonant un corps identique en moins de dix minutes, puis en transférant le contenu du cerveau dans ce nouveau réceptacle. Plus loin, le fils dudit gourou lui explique qu'il en a marre de ses conneries, et qu'il veut vivre sa vie. Fin du premier acte.

Des années plus tard, le fils revient voir le père mourrant (entre temps, vingt minutes de pellicule nous montrent l'aéroport, l'hôtel, la réception... sans oublier un policier belge purement décoratif) qui lui demande de prendre sa relève. Le soir même, il se propose pour le premier transfert de cerveau, qui échoue, apparamment.

Quelques siècles plus tard, un énième clône du fils (en train de lire un bouquin lui expliquant qui il est) sort de sa grotte. L'humanité a été éradiquée par divers cataclysmes, seuls les "néo-humains" (c'est le terme utilisé) de la secte ont survécu. Il marche pendant des heures dans des paysages absolument quelconques. Pendant ce temps, une femme fait exactement la même chose. Mais ils ne se rencontreront pas, car le film s'achève sur un plan du visage de la femme. Ultime métaphore de l'inutilité conceptuelle de l'oeuvre.

Précisons que plus d'un tiers de la salle s'est barrée en cours de projection, je n'avais jamais vu ça. Ce film (qui a obtenu la note absolue de... zéro étoiles sur l'ensemble de la presse) est une ôde spectaculaire à  l'Inanité, le Nihilisme dans sa forme la plus pure (pas de sens, pas d'esthétique, pas d'émotions, pas d'histoire). En essayant de faire pire, il n'est pas dit qu'on y arrive. En cela, il constitue un spectacle unique, intemporel, immatériel. Chef-d'oeuvre absolu.

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MessagePublié: 11 Sep 2008, 18:58 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
Houellebecq a une prose fascinante, qui a souvent coloré les intrigues les plus dépouillées. Manque de bol, il paraît moins bon en réalisation...



Si la photographie et l'esthétique développées s'en sortent à  peu près (mention spéciale à  certains motifs coralliens), la structure scénaristique, image même de la lenteur, est d'une horreur sans nom, et la mise en scène est hélas au diapason. Dans son excellente critique, Arkh n'a fait qu'effleurer le non-sens de la chose, citons en vrac :

- Les longs plans contemplatifs sur les vieillards qui changent de vêtements en sifflotant ou les techniciens qui rangent leur matériel audiovisuel,
- La répétition à  l'identique du processus de la "formation du clone", fascinant la première fois, ennuyeux la seconde,
- Les plans-séquences sur des figurants qui font avancer un ballon à  tout petits coups de pied, très lentement (ça doit être l'idée d'un tétraplégique se fait d'une partie de foot), pendant que le personnage principal s'éloigne loin, très loin à  l'horizon,
- Les dialogues avec le policier qui fait du tourisme, effectivement passionnants,
- Les suivants du gourou saisissant de vieux livres de la secte pour éclater en sanglots, et d'anciens posters pour ricaner (y aurait-il un message caché vis-à -vis de la littérature et du cinéma ?),
- Le très long concours de bikini filmé en plans larges et généralement fixes,
- Le passage du musée, plein de réflexions philosophiques absconses, avant un petit moment complètement silencieux...

Et je dois oublier la moitié des passages surréalistes.


Je peux également témoigner, puisque aux côtés d'Arkh, un bon tiers de la salle s'est vidé, et à  la fin du film, nuls applaudissements, juste les vivats cyniques du triste individu qui a posté la critique plus haut et les rires et les pleurs mêlés de tous les spectateurs.

J'ai perdu une heure et demi de ma vie, et j'ai eu l'impression que ça durait dix fois davantage.



Le site officiel

Une critique amusée

Brigitte Baudin, dans Le Figaro, a écrit:
À Locarno, l'auteur des Particules élémentaires n'a pas non plus donné de conférence de presse comme il était prévu, seulement quelques interviews, triées sur le volet. Il valait peut-être mieux, car la presse internationale était plus que clairsemée dans la salle. Durant la projection de ce film post-apocalyptique, on a pu entendre des ricanements, des rires. Certains journalistes ont même quitté la salle avant la fin. À la sortie, les critiques dépités par ce succédané de nanar digne de Max Pécas, agrémenté de longs exposés sortis tout droit de Science et Vie Junior, criaient à  la catastrophe, au ridicule, à  la philosophie de bazar.


(Source : http://www.lefigaro.fr/cinema/2008/08/1 ... carno-.php )

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MessagePublié: 11 Sep 2008, 22:31 
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Inscription : 01 Mai 2004, 11:57
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C'est une bonne illustration de la différence livre/film : c'est l'exemple type de ce qui passe bien par écrit, mais pas à  l'écran. Je n'ai pas lu le livre (enfin, jadis commencé...), mais je conçois que l'on puisse faire quelque chose d'intéressant toute en conservant cette trame a priori insipide. En détaillant les pensées et états d'âmes des personnages, tout ça. L'ennui, c'est que là , on n'en voit que l'extérieur : des anonymes qui déambulent mollement, lâchant parfois quelques répliques plus grosses qu'eux. Pour avoir le même "impact" que le livre, il aurait fallu suggérer extérieurement ce qui se passe intérieurement, chose impossible en respectant le roman à  la lettre. 99 Francs, par exemple, le fait très bien, aux prix de quelques entorses au récit originel.

Sur le même thème, voyez plutôt "Le Prestige".

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