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La Maison de Cire
C'est l'histoire d'une bande de jeunes qui... non, ne fermez pas la page. Ce film, malgré sa structure archi-classique, est à voir pour ces trois raisons :
1- l'antagoniste, excellent
2- l'
idée
3- le grand final
Ce serait même un petit chef-d'oeuvre, s'il n'avait pas ce tragique Talon d'Achille :
il ne fait pas peur. Au début, on a droit à l'inénarrable nuit de camping, avec ses indécrottables "Bouh ! Je t'ai eu !". Eh bien, cette séquence effraye et angoisse davantage que le reste du film, avec ses scènes d'horreur pourtant magnifiques. Peut-être suis-je déjà blasé, mais j'ai eu du mal a rentrer dans le jeu des personnages, et les ai regardé décéder dans les plus abominables conditions avec un étrange décalage. Il y a bien quelques petits sursauts, mais je n'ai pas éprouvé cette peur au ventre qui ma pourtant saisi devant bien des navets. Peut-être qu'après tout, ce n'est pas l'objet du film, qui s'attache plutôt au fantastique et au spectaculaire (du reste, ce n'est pas plus flippant qu'un "Saw").
En fait, j'ai davantage flippé en y repensant sous la couverture que pendant le visionnage. S'il se regarde comme n'importe quel nanar, il n'en laisse pas moins un excellent souvenir. Je le recommande.
Et maintenant, place aux spoilers (que peuvent toujours survoler ceux qui ne sont pas certains de procurer la chose).
1-
J'ai adoré le personnage de Vincent. Son physique, évoquant à la fois Sadako (dans Ring) et le professeur Rogue (dans Hawy Pottcha), en fait un être asexué. J'ai d'ailleurs cru qu'il s'agissait d'une femme bourrue, dans la majeure partie du film. Le fait qu'il soit muet et excessivement violent (Caim ?) fait psychoter sur ses motivations, d'autant plus qu'il maîtrise parfaitement son "art" - qu'il s'agisse d'immortaliser ses victimes ou de les mettre à mort avec une froide brutalité (son attaque au ciseau dans l'obscurité, ainsi que sa technique de décapitation avec deux couteaux, sont particulièrement classieuses). On est presque étonné que son visage ne soit que partiellement caché ; le choc n'en est que plus exquis lorsqu'on découvre qu'il est en cire (oui, je sais, "on s'en doutait un peu"), avec ses immenses orbites noires. Et lorsqu'on découvre son véritable faciès, finalement très humain (bien qu'atrocement mutilé), on réalise qu'il n'était qu'il n'était qu'une machine sans véritables motivations, un artiste déshumanisé. Là où les lubies perverses d'un psychopathe ont finalement quelque chose de rassurant ("au fond, il est comme nous"), cette volonté aveugle et mécanique perturbe ; sa douleur et sa rage muette face à la mort de son frère n'en seront que plus troublantes.
2-
Quand même, ça a beau être classique, l'idée de couler des individus vivants dans de la cire, trop drogués pour avoir la force de s'échapper, et condamnés à pourrir lentement... est des plus sympathiques. Surtout lorsque l'un des jeunes arrache la peau de son pote, incapable de bouger ou d'hurler, et qui laisse échapper une petite larme (dommage que tout le reste parte ensuite avec, ça fait trop "l'attaque des morts-vivants"). Du reste, ces individus que l'on croit vivants, et qui se révèlent être inertes, donne une terrible sensation d'abandon, en plus de faire flipper avec leurs expressions fixes, incompréhensiblement anodines.
3-
Même dans l'horreur la plus pure, il y a toujours un sol, un mur bien ferme sur lequel s'appuyer ; mais lorsque tout fond, l'affolement atteint son paroxysme. Les paroies ne protègent plus, elles cherchent à vous engloutir. On retiendra cette scène où Vincent découpe un mur comme du beurre, avec un simple couteau.