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"On ne peut pas filmer la guerre!"
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Auteur:  Captain Howdy [ 29 Mars 2007, 10:32 ]
Sujet du message:  "On ne peut pas filmer la guerre!"

J'ai repris cette citation attribuée à  Rainer W. Fassbinder qui m'a interpellé dans la mesure où le sujet m'intéresse et que j'entends la phrase du point de vue du réalisateur: il est impossible selon moi de saisir la réalité de la guerre avec une caméra qui est un outil d'artifice malgré l'illusion qu'elle donne de saisir la réalité.

Dans ce sens, on ne peut nécessairement que donner une esthétisation d'un thème qui dans le cas de la violence ne peut que la magnifier dans un sens ou l'autre. Considérant cela, dans quelle mesure peut-on évoquer la guerre? Peut-on reprocher à  ce genre d'être trop violent ou pas assez? Quelle est la juste mesure en somme?

Auteur:  Morgan Kane [ 29 Mars 2007, 12:58 ]
Sujet du message: 

Oui on ne peut filmer la guere dans la mesure où il est quasi impossible d' en restituer la réalité !

Les livres de Barbusse, Dorgeles ou Remarque representent la guerre comme les films qui ont été tirés de leurs livres.

On peut ajouter " The red badge of courage " ou Mailer ( les nus et les morts ) et beaucoup d' autres.

Mais ceci a également été dit avec probablement encore plus de justesse à  propos des camps de concentration nazis.

Ceci dit, en poussant le raisonnement jusqu' au bout, on ne peut pas filmer grand chose .

L' oeuvre d' art, roman, tableau, photo ou film, n'est qu' une restrancription d' un point de vue sur la réalité, ce n'est pas la réalité elle même, de même que la carte n'est pas le territoire.

Auteur:  Captain Howdy [ 29 Mars 2007, 13:19 ]
Sujet du message: 

Une fois de plus:
Image

Ceci dit, la question pour moi se pose plutôt sur la parti à  prendre dans la représentation de la guerre. Peut-on en exprimer la violence façon Mel Gibson ou Zack Snyder ou au contraire n'en montrer que les aspects secondaires comme Fassbinder dans Lili Marlene ou Jean Becker dans Effroyables Jardins? Qu'est-ce qui a le plus d'intérêt? Doit-on masquer la violence de ce contexte ou au contraire l'exposer?

Auteur:  Arkh [ 12 Avr 2007, 21:41 ]
Sujet du message: 

Je cherche un film qui soit à  la guerre ce que Requiem for a Dream est à  la drogue. Par-delà  le kitsch, on touche du doigt l'essentiel - qui ne réside pas dans le réalisme des membres découpés, ni même dans la violence des affrontements.

Auteur:  Captain Howdy [ 12 Avr 2007, 22:14 ]
Sujet du message: 

Je ne pense pas que Requiem For A Dream soit un film thématique sur la drogue. A cela, il en a la même relation qu'Apocalypse Now avec la guerre: un simple contexte où se déroule une narration.

Vendredi dernier, Enki Bilal répondait à  des questions lors d'une signature de son dernier album, Quatre?, qui prend pied dans l'après-guerre de l'ex-Yougoslavie. Il soulignait pour lui le caractère obscène qu'aurait été pour lui de représenter en peinture les violences qui avaient lieu dans son pays natal quand le projet est né, mais indiquait qu'il y a pour lui la même force, peut-être plus, à  montrer les implications que peuvent avoir un tel évènement dans les générations à  venir en racontant l'histoire de trois orphelins de cette guerre trente ans après. Sur ce thème, on reverra aussi avec plaisir No Man's Land, qui critique l'absurdité d'un conflit démentiel mais qui doit aussi nous rappeler combien l'unité d'un pays est une chose fragile. C'est pour cela que la question m'intéresse cer rien n'empêche de penser qu'une telle situation pourrait se reproduire ailleurs sur le continent.

Auteur:  Tribersman [ 12 Avr 2007, 22:27 ]
Sujet du message: 

Bon j'vais jouer mon p'tis "idiot qui n'a rien compris" mais .....


je trouve que les films "Il faut sauver le soldat Rayan" et "Mémoire de nos père" arrive bien a retranscrire la stupidité de la guerre.

Auteur:  Captain Howdy [ 12 Avr 2007, 23:14 ]
Sujet du message: 

Pas vu le second, mais le titre du sujet n'est pas un impératif catégorique. Dans le cas de Ryan, il s'agit de toute manière d'une représentation. Tout film en est une. Ma question est plutôt sur la possibilité de représenter la guerre sans cette prise de partie, bref sur la possibilité de représenter la réalité de la guerre sans exprimer son propre ressentiment. Dans ce sens, je considère que même un simple reportage n'est jamais objectif.

Auteur:  Monsieur 17 [ 13 Avr 2007, 00:25 ]
Sujet du message: 

Arkh a écrit:
Requiem for a Dream : Par-delà  le kitsch, on touche du doigt l'essentiel

Je m'insurge, ce film ne touche à  que dalle.

(Sinon, les films de Eastwood sont très bien, oui.)

Auteur:  cap.peter [ 13 Avr 2007, 07:43 ]
Sujet du message: 

Monsieur 17 a écrit:
Arkh a écrit:
Requiem for a Dream : Par-delà  le kitsch, on touche du doigt l'essentiel

Je m'insurge, ce film ne touche à  que dalle.

(Sinon, les films de Eastwood sont très bien, oui.)


:lol:

Auteur:  Arkh [ 13 Avr 2007, 11:11 ]
Sujet du message: 

J'sais pas. Dans les autres films évoquant la drogue, on s'attache plus à  retranscrire le "réalisme" (sic) des séquences de défonce. Dans Requiem, ces dernières sont un bon gros délire et se fichent bien d'être crédibles. Par contre, l'engrenage scénaristique de la drogue (notamment celui de la vieille télémaniaque) joue énormément sur l'empathie. En observant la déchéance des personnage, j'ai violemment ressenti ce qu'il y avait d'eux en moi. Ce n'est pas comme dans ces film où l'on regarde un camé devenir lamentablement dépendant, avec une sorte de condescendance amusée.

De même, le sentiment du soldat au front peut très bien se passer d'éclats d'obus et de membres arrachés. Mais les films de guerre les plus "psychologiques" s'attachent plus à  montrer la cruauté et l'absurdité de la guerre, à  nous asperger d'émotions violentes, sans vraiment chercher à  nous faire rentrer dans la peau des personnages. La guerre, telle que je la vois filmée, s'apprécie* avec beaucoup trop de recul.

(*façon de parler, hein.)

Auteur:  Captain Howdy [ 13 Avr 2007, 15:11 ]
Sujet du message: 

Requiem n'est pas un film sur la drogue mais sur la dépendance, qu'elle soit chimique ou virtuelle. Pas de différence entre la lente plongée des deux camés et de la mère accro à  sa télé et aux jeux. Tous ces personnages rêvent une autre vie au lieu d'essayer de vivre leurs rêves... Fin de la parenthèse sur cette oeuvre, même si je suis un inconditionnel de Jennifer Connely depuis sa prestation dans Labyrinth. ;)

Disons qu'il y a quelque chose de pervers quand on pense à  la débauche de moyens nécessaires pour représenter un champ de bataille. Un tel investissement ne peut que le sacraliser au bout du compte. Par ailleurs, la manière la plus économique de lmontrer la guerre, le reportage, a contribué à  banaliser la représentation audiovisuelle de la violence. À force de montrer les victimes de bombardements, d'attentats, de massacres, le spectateur est de moins en moins surpris de la retrouver à  l'écran et inversement, on aura l'impression de faire quelque chose de faux en occultant les aspects les plus morbides d'une scène de combat. Bien avant Save Private Ryan, il y avait eu Les Sentiers de la Gloire et plus encore Johnny's got his gun qui parvient à  condamner l'horreur de la première guerre mondiale en montrant le destin d'un "héros" de guerre. Enfin, Le Soldat Bleu fait devoir de mémoire en rappelant les pages noires de l'armée américaine sur son propre territoire.

Ce dernier cas est à  mettre en parallèle avec le film coréen Musa, qui alterne deux types de scènes de combat. Dans un on voit des guerriers s'affronter, mais la boucherie est magnifiée par l'excellence des chorégraphies qui tendent plutôt vers le réalisme martial de 300 que les cabrioles De Tigre & Dragon. Dans un second temps, des guerriers sont confrontés à  des villageois et là , on n'a plus envie de vomir que d'applaudir...

En exposant tous ces exemples, je me rends compte que j'ai du mal à  cerner ce qui me dérange, comme si j'avais aussi du mal à  admettre une question qui refuse de se manifester à  ma conscience. En fait, quel est ce tabou qui someille? :?

Auteur:  Arkh [ 18 Avr 2007, 16:49 ]
Sujet du message: 

(Je ne faisais pas la différence entre drogue et dépendance.)

Peut-être parce que les combattants entre dans une transe guerrière des plus surréalistes : ils hurlent leur rage et leur douleur, trouvent même une certaine jouissance à  défourailler l'ennemi. Or, je doute que la réalité soit aussi... épique, JDRiste, idéale (façon de parler). A en croire ceux qui y étaient, la guerre a quelque chose de profondément sale, infectieux, sournoisement aliénant. Rien à  voir avec ces explosions de passions héroïques ou désespérées dont on se repaît en croquant du pop corn.

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