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La Cité Interdite
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Auteur:  Arkh [ 18 Mars 2007, 22:14 ]
Sujet du message:  La Cité Interdite

"C'est écoeurant !", hurle déjà  la critique. Eh bien, justement, voilà  la meilleure raison de le voir. La notion de gâchis est omniprésente : des milliers de soldats aux armures surchargées d'ornements, des combattant surentraînés, des légions de servantes impassibles... tous au service d'une demi-douzaine de personnages de sang noble, dont l'ultime raffinement consiste à  éprouver des passions humaines (ou pas). Et ne parlons même pas du budget dilapidé pour la réalisation.

Une vision très classique de l'Empire du Milieu, me direz-vous. Pourtant, cela m'a marqué. Il faut dire qu'il n'y a pas un seul personnage extérieur à  la cité, pas le moindre paysan, commerçant, gosse insouciant... A part les quelques personnages "scénarisés", tous sont des androïdes dorés à  l'or fin.

L'esthétique, d'ailleurs, repousse les limites concevables du kitsch. Je ne tenterai même pas de description. Les combats comme les décors sont si surréalistes qu'ils auraient très bien pu être tournés en image de synthèse, ça n'aurait pas changé grand chose.



Les passages qui m'ont le plus marqué (spoilers, à  vous de voir) :

- La rébellion du fils cadet, seul personnage bas, envieux, impuissant - bref, humain. C'est incroyable de voir comment on s'y raccroche, comme à  une bouée de sauvetage. Sans parler du combat pitoyable contre son Empereur de père, plus imposant que jamais dans sa sainte colère (rime), qui en fera de la bouillie humaine en l'achevant à  coup de ceinture métallique. Arkh.

- Le nettoyage monstrueux après le grand massacre, ou des milliers de serviteurs bien huilés recouvrent le sol trempé de sang d'une tapisserie monumentale, elle même entièrement recouverte d'orchidées, comme si rien ne s'était passé.

- Les tremblements épileptiques de l'impératrice, à  divers moments du film, uniques symptômes de sa démence intérieur. Tout particulièrement lorsqu'elle ajuste les ornements de sa coiffure, avec des griffes dorées sur les deux derniers doigts de chaque main (?!).



Bon, inutile de préciser que le scénario est ridicule, et de toute façon illusoire. Les "nanar hunters" n'ont d'ailleurs pas manqué d'agrémenter la séance de leurs ricanements. Je n'irai pas nier que c'est une daube, pris au premier degré. Mais la démesure excessive (non, ce n'est pas un pléonasme) de la mise en scène donne un goût unique à  la démence, à  l'obscénité et au cynisme qu'il contient.

Voilà , ce film ne tombera pas dans les oubliettes de ma mémoire. Peut-être serez-vous déçus, dégoûtés d'avoir claqué dix euros pour cette pâtisserie gargantuesque, mais c'est votre problème.

Auteur:  Loup Celeste [ 19 Mars 2007, 01:25 ]
Sujet du message: 

et bien moi j'ai adoré ne t'en déplaise. J'ai adoré cette surenchère au premier degré, parce que moi le cinéma ça peut aussi être ça. Le rassemblement pour quelques heures de moyens hors de portée du commun des mortels, mais dont l'observation nous est possible.

Et puis cette vie de cour, ridicule et prise à  son propre piège de rituels hypocrites, de nobles entourés de serviteur n'ayant pas de rôle à  jouer, hormis l'utilitaire. Cela nous frappe plus parce que c'est encore plus étrange, plus innaccessible plus faste que les cours de notre propre histoire. Où l'on perçoit bien que le pouvoir s'impose par la force de l'apparence, ce qui résume l'histoire du film. L'empereur ne peut pas faire tuer sa femme, alors il l'empoisonne. Sa femme ne peut pas refuser le poison. Est-ce une bonne histoire au premier degré? On peut la considérer comme telle, tout comme l'inverse. Quand on souhaite voir un nanar, on le voit, c'est la force et la faiblesse de l'ironie.

[spoiler]-et la prenthèse finale présentant la fourberie finale du roi : la dernière gorgée de remède est un acide. Il a fait croire au prince qu'il empoisonnerait sa mère à  petit feu, alors qu'il n'aurait fait que la tuer à  l'instant[/spoiler]

Il est évident qu'à  nos yeux, les acteurs asiatiques surjouent (ou pas assez) mais comme ça semble être le cas dans beaucoup de film que j'ai vu, j'en conclus que leurs modes d'expression et surtout leur perception sont différents. Ils savent de toute façon déshumaniser les hommes bien mieux que nous, la preuve par ces prouesses de groupes, dont ils sont coutumier. POur moi ces combat ultra stylisés en son l'accomplissement et peuvent être vu comme le spectacle qu'ils sont, sans arrière-pensées dégoulinantes de suffisance.

Auteur:  Zohar De Malkchour [ 19 Mars 2007, 22:01 ]
Sujet du message: 

Il y a deux points que je voudrais développer :

- La lumière sans vacillement dans le palais à  3h du mat'. Mais comment est-ce possible ? A moins que l'ampoule électrique ait été inventé au 11ème siècle

- Le mur de pique. Une scène qui marque. Au début on pense "bon, ils vont avoir du mal à  passer là " puis ce sentiment est mêlé d'une inquiétude vite remplacée par la terreur de voir derrière cette lime une cohorte sans fin d'archer et autres soldats bien armés. Enfin l'horreur quand les murs s'arment eux-même de pique et cela en plusieurs temps. D'abord en haut, puis au milieux et enfin au niveau des jambes des soldats, tout en avançant lentement. Une boucherie !

Auteur:  Arkh [ 19 Mars 2007, 22:02 ]
Sujet du message: 

Je précise que j'ai tout autant apprécié, même si ce n'est pas clair. J'ai juste la mauvaise habitude de me tirer une balle dans le pied, au cas où les critiques bien matérialistes pleuvraient.

Comme tu dis, les combats ne s'attachent absolument pas à  démontrer la dextérité martiale parfaite, le courage ou l'honneur des personnages, contrairement aux ridicules épopées matrixiennes. C'est la démesure pour la démesure, et c'est là  tout l'intérêt du film.

Quand j'y repense, c'est un peu ce même état d'esprit qui rend le Seigneur des Anneaux bien supérieurs aux autres adaptaions d'heroïc fantasy (Eragon ? désolé, je n'ai pas trouvé d'exemple moins insultant).

Auteur:  Loup Celeste [ 20 Mars 2007, 02:19 ]
Sujet du message: 

l'aspect démesure?


>Zohar : effectivement quand on y pense. Mais je pense qu'une lumère plus naturelle aurait rendu l'image déjà  chargée encore moins lisible. Et ôté un peu de l'aspect léché du contexte.

Auteur:  Darly Injordel [ 05 Avr 2007, 21:39 ]
Sujet du message: 

Sinistre et prétentieux, honteusement putassier dans sa démarche de crédibilisation d'un cinéma chinois axé sur le surréalisme, visuellement hideux, porté par des acteurs en roue libre...
Une immense déception.

Auteur:  Arkh [ 13 Avr 2007, 13:21 ]
Sujet du message: 

Putassier, certes, mais dans quelle démarche ? Ce film n'aspire pas à  autre chose qu'à  battre des records de budgets cinématographique.

Juste pour dire qu'une bonne tranche de démesure, sur fond de cynisme relationnel, ça ne fait pas de mal, par moments. De bons acteurs et des décors crédibles n'y auraient pas changé grand chose. Maintenant, il est certain que si tous les films chinois ressemblaient à  ça...

Auteur:  Loup Celeste [ 13 Avr 2007, 13:52 ]
Sujet du message: 

Les chinois ont souvent ce défaut de vouloir en imposer au reste du monde. Pour le reste les esthétiques appréciées par d'autres cultures n'ont pas de raison objectives d'être les mêmes - songeons au style bollywoodien.

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