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Terry Gilliam, chevalier sans cesse bataillant contre le dragon Hollywood, nous offre aujourd'hui "Tideland". Encore une fois, il nous raconte une belle histoire où le merveilleux l'emporte, où l'homme peut trouver l'évasion dans ses rêves, où le baron de Munchaüsen a toujours raison...
Ben non.
Je crois qu'il s'agit là du film le plus amer de Gilliam, le plus mordant, le plus déprimant. Il ne paraît guère conçu pour que l'on prenne plaisir pendant la projection... plutôt pour que l'on en prenne plein la gueule, émotionnellement parlant. L'implication peut être difficile, et une fois plongé dans l'univers, on n'en ressort pas indemne.
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Jeliza Rose dans un monde infini qui doit autant à la vacuité de la campagne américaine qu'à son imagination.[/center]
Ce que ça raconte ? L'histoire d'une petite fille aux parents drogués à fond, qui rêve, comme son géniteur, de partir pour les contrées nordiques. Elle se perdra dans la mer d'herbe haute et croisera le chemin d'une sombre sorcière et d'un capitaine de sous-marin. Fantastique, pas fantastique ? Qu'est-ce que racontent tous ces personnages dont les chimères s'entrecroisent avec une force hypnotique ?
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Jeliza-Rose avec Mystique, la plus cynique de ses amies.[/center]
[spoiler]Si le film doit absolument véhiculer un "message" (ce dont je suis tout sauf convaincu), cela me paraît être les dangers de la solitude. Le caractère isolé et monomaniaque de ces êtres humains est bien ce qui les conduit à la démence, ce qui les précipite dans un tissu de fantasmes et de relations toujours plus cauchemardesque.
A un niveau moins sérieux, j'ai apprécié que Gilliam poursuive son offensive sur les clichés du cinéma hollywoodien. Après le détournement de la scène d'agonie classique dont l'on pouvait se délecter dans "Les frères Grimm" ("Dis-moi ce que je dois faire !"), nous avons cette fois l'archétypale séquence de construction/reconstruction à l'américaine avec une musique bien dynamique et des personnages qui mettent joyeusement de l'ordre... sauf que ce sont les cinglés de "Tideland" qui rénovent n'importe comment une demeure déjà sinistre à la base ! Cette scène m'a fait pleurer de rire.[/spoiler]
L'oeuvre m'a beaucoup plu et je la recommande chaudement. Attention, ce n'est pas sûr du tout, du tout qu'elle plaira à tous. Mais c'est l'idée même du film...