Tout comme Terry Gilliam, Tim Burton paraît en perte de vitesse. Est-ce également le cas de Roman Polanski, dont le petit dernier, "Oliver Twist", m'intrigue plus qu'il ne m'attire ? En tout cas, je n'ai été que moyennement charmé par l'oeuvre à laquelle est consacré ce sujet.
Tout d'abord ravi de voir combien Burton applique avec brio sa griffe particulière à une histoire plus sobre qu'à l'accoutumée, j'ai au final été déçu par un film qui omet toute richesse scénaristique sans pour autant rehausser son ambiance de mille et un détails de mise en scène, cette impression subsistant dans le final téléphoné et ne s'estompant guère que dans le bar du mort-vivant français, où l'oeil du spectateur, ravi, peut s'attarder sur le milieu dans lequel évolue nos héros... c'est l'unique scène possédant, à mon sens, une véritable vie. Autrement, tout est unilatéral, chaque séquence ne dépeint qu'une seule chose à la fois : on ne retrouve pas l'ombre du foisonnement qui faisait toute la saveur des précédents tableaux burtoniens. Prévisible, exempt de grandes surprises, habile mais réducteur, ce film paraît faire dans la philosophie "emballé, c'est pesé" sans jamais chercher plus loin que son pitch de base. Les références à "L'étrange Noël de Mr Jack" sont discrètes, voilà au moins quelque chose d'appréciable.
[spoiler]De plus, si Burton, une fois de plus, sublime les "monstres" de son imaginaire, par des émotions poignantes et des entrées en scène mémorables (je parle bien sûr de la mariée cadavérique qui donne son titre originel au conte), il ne prend plus, en fin de compte, nul parti pour eux : les morts retournent d'où ils viennent, emportant avec eux l'élément perturbateur dont le manque de scrupules n'a d'égal que l'absence de profondeur, d'originalité, de piment. La Mariée laisse notre héros Deppien à ses amours, chacun chez soi, les vaches seront bien gardées et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... il fut un temps où notre artiste aurait jeté Victor dans les bras de l'unique personnage humain autant que décomposé.[/spoiler]
Par bonheur, l'humour fait souvent mouche, la réalisation est sensible, dépourvue de longueurs malgré son calme, les chansons sont jolies (moins tonitruantes que celles de "Nightmare..."), et dans l'ensemble, on a le sentiment de retrouver la folie burtonienne, bien que cela soit, paradoxalement, un film moins personnel pour lui que "Charlie et la chocolaterie".
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