Selon les époques, ce film fut taxé de fascisme ou de communisme. Je crois pouvoir avancer une supposition : il n'en est rien. Cette histoire est exactement ce qu'elle semble être, à savoir une constatation des dérives de la hiérarchisation de toute civilisation et une volonté d'instaurer une communication digne de ce nom entre les "couches" de la société - en d'autres termes, mettre un point final à la lutte des classes par une certaine harmonie entre les différents corps de métier. De bien grands mots pour un film un peu gothique, au final, quoique futuriste dans la plupart de ses décors. Une atmosphère inimitable que je suis bien en peine de définir.
Folie des hommes. Tour de Babel. Moloch, l'ignoble Dieu friand de sacrifices humains. La Mort se lançant sur la ville. Le robot, instrument d'un savant fou, image du pervers profitant des imperfections du système pour se livrer à ses exactions (on retrouvera cette dernière thématique des dérives en temps de guerre approfondie dans
"Les Âmes Grises", beaucoup plus tard, bien longtemps après la mort de Lang). Elite décadente, perdant son temps en de frivoles divertissements. Tristes créatures victimes de leur démence (
"M le Maudit" allait plus loin dans ce thème précis). Ouvriers en furie.
Toutes ces images, et bien d'autres encore, fournissent à "Metropolis" une saveur amère.
Personnellement, je regrette un dénouement très naïf et didactique. Mais rien d'autre. Ce film est une merveille.
Article très intéressant sur l'oeuvre :
http://sfstory.free.fr/films/metropolis.html