Série passée à la télévision française, sur la chaîne France 3, à partir de 1992, "Batman" a bercé mon enfance et celle de toute ma génération, je n'en doute pas. Une série de grande qualité qui ne démérite pas avec les années, et qui, au regard de la nouvelle tentative "pop art" qu'est "The Batman", pourrait bien faire figure de chef-d'oeuvre.
La première chose qui frappe, c'est
le générique d'ouverture. En reprenant le score musical des films de Tim Burton, en n'affichant aucun crédit, en choisissant une mise en scène au scalpel et un jeu d'ombres et lumière directement repris de "Sin City", hommage, sans nul doute, au travail de Frank Miller sur le Chevalier Noir, l'oeuvre affiche d'emblée ses racines et sa note d'intention. En quelques images, déjà , une ambiance de Batman est capturée, épurée, réduite à ce qu'il faut, tout en simplicité.
Simplicité aussi il y aura pour les épisodes, en accord avec le public visé, les enfants. Pourtant, jamais la cohérence ne sera oubliée au profit de la compréhension, jamais les dialogues ne manqueront de sel ou même de justesse ; la série maintiendra coûte que coûte une qualité élevée pour chacun de ses aspects.
L'ambiance ne cessera, au demeurant, de s'assombrir, même si l'on observait déjà , dès le départ, les plus graves des thématiques (dès les épisodes 6 et 8, nous avons des scénarios centrés sur l'esclavage et le lavage de cerveau). Des drames et diverses intrigues véritables, de plus en plus fortes, épiceront la sauce.
Narrativement, mythologiquement et surtout au niveau des personnages, touchants et attachants, cette série animée est une réussite complète.
Après un tel essai transformé, l'équipe et le traitement qu'elle appliquait à Gotham City devaient connaître de beaux jours avec de nouvelles saisons, et parfois l'opportunité d'en redéfinir l'esthétisme.
Épisode 1 : On Leather Wings
La nouvelle série animée commence fort avec un épisode supposé anodin mais fortement rythmé, et surtout concernant un "méchant" parmi les plus sinistres de Gotham City. L'oeuvre s'inscrit immédiatement, également, dans un registre fantastique : nous ne sommes pas dans une saga réaliste, nous sommes dans un conte stylisé, une histoire sombre et merveilleuse, nous sommes dans un mythe, la légende de Batman.
Épisode 2 : Christmas with Joker
Robin apparaît dans la série. Nulle exposition ne lui est offerte : il est là , voilà tout... pour l'heure, la continuité est le cadet des soucis de ces épisodes, qui se préoccupent surtout de planter leur version de l'univers, le plus vite possible. Par exemple, même si elle en retient l'influence, la série animée n'est pas la séquelle des "Batman" de Burton, et nous en avons la preuve par la réapparition du Joker, qui semblait détenu à Arkham au lieu d'avoir obtenu la fin sinistre qu'on lui connaît.
Pour revenir à Robin, il dispose d'un costume révisé par rapport au coéquipier de Batman tel qu'on le connaissait, une combinaison moins enfantine qui... fera école.
Épisode 3 : Nothing to fear
Robin n'épaule plus Batman, à nouveau, dans cet épisode, mais l'Épouvantail apparaît. Encore un super-vilain bien ciselé, dont le masque fort peu effrayant sera remplacé par une version plus ravageuse par la suite. L'une des marques de fabrique de la série, les hallucinations cauchemardesques, commence à s'enraciner.
Épisode 4 : The last laugh
Un épisode sans qualité particulière, où le Joker se réaffirme comme problème numéro 1 de Batman. Ha si, à noter, l'inquiétante apparition de Capitaine Clown, l'ami des enfants.
Épisode 5 : Pretty Poison
Un épouvantable vagin végétal au menu, pour la première apparition de Lierre-Poison (Poison Ivy, aussi connue sous le sobriquet français de l'Empoisonneuse). Harvey Dent, déjà apparu dans un épisode précédent, se présente bel et bien comme le meilleur ami de Bruce Wayne.
Épisode 6 : The Underdwellers
Pour faire la transition avec d'autres épisodes à thématiques sociales et abandonner la série des super-méchants, la série animée nous propose une transition sous la forme d'une intrigue incluant le Roi des Égouts, un méchant esclavagiste inventé pour l'occasion.
Épisode 7 : P.O.V.
Différents "Points de Vue" pour un épisode relativement amusant à suivre, d'où tout super-vilain se trouve cette fois absent.
Épisode 8 : Forgotten
Absence d'une Némésis charismatique, une fois de plus, pour un épisode résolu à pencher vers la maturité. Nous n'en sommes pas encore à la dizaine de courtes histoires qu'une fois de plus, nous nous trouvons plongés dans la thématique de l'esclavage. Premier épisode où Batman apparaîtra un moment comme "l'Étranger", une icône implacable venue apporter à Bruce Wayne la réalité, l'identité...
Épisode 9 : Be a clown
Les épisodes avec le Joker sont toujours une occasion de sourire et de se faire prendre à son sens de l'humour tordu. Encore une fois, ici, ce sont les personnages secondaires qui ajoutent du piment.
Épisode 10 : Two-Face (1)
Le premier épisode en deux parties. Son sujet est significatif. Il faut du temps pour exposer un pareil personnage.
Épisode 11 : Two-Face (2)
La suite de l'épisode où apparaît Double Face (ou Pile ou Face, selon les traductions). Encore une fois, mise en scène tranchante, toute en retenue, pour un thème effroyable.
Épisode 12 : It's never too late
L'introduction de Double Face, en plus de re-créer une légende instantanée, fut le vrai départ des intrigues mafieuses. Ici, encore une fois, la cité est dépeinte comme un monde sclérosé, et on retrouve d'ailleurs l'un des personnages-piliers du triste destin du méchant précédemment découvert.
Épisode 13 : I've got batman in my basement
Les talents du Pingouin en rodéo sur Batmobile sont ici dévoilés. Un épisode comme toujours bien mené, bien monté.
Épisode 14 : Heart of Ice
Mister Freeze réintroduit avec à -propos, rejoignant les nouvelles thématiques de la série animée sur la corruption sévissant à Gotham City, les méfaits du capitalisme sauvage.
Épisode 15 : The Cat and the Claw (1)
Selina Kyle, alias Catwoman, rencontre Bruce Wayne, c'est-à -dire Batman. Couple ravageur traité de manière assez proche, finalement, de la démarche de Burton dans "Batman le Défi", bien qu'avec moins de sous-texte sexuel.
Épisode 16 : The Cat and the Claw (2)
La poursuite de l'intrigue précédente, où apparaît encore un personnage inquiétant, fille d'un antagoniste célèbre de Batman.
Épisode 17 : See no evil
Encore un nouveau méchant, et l'un des plus humains que l'on ait jamais vu. Une réussite d'une certaine tristesse.
Épisode 18 : Beware the Gray Ghost
Encore une fois, les merveilles que l'on peut obtenir dans la brièveté... Bruce Wayne est plus attachant que jamais, et de manière générale, la causticité de la démarche à peine masquée (admirez le poster du Fantôme Gris).
Épisode 19 : Prophecy of Doom
Encore une fois, un nouvel antagoniste traité avec un tant soit peu de réalisme. À noter le final avec les rouages et les planètes qui se déplacent, grande scène d'action comme la série en regorge, ici directement liée aux thématiques de l'épisode.
Épisode 20 : Feat of Clay (1)
L'histoire de Clayface remaniée. On fait table rase de l'abomination déjà fort réussie qui apparaissait dès les premiers épisodes de la série, pour se concentrer sur quelque chose de plus travaillé. C'est également l'exposition d'un Président-Directeur Général particulièrement corrompu, monsieur Daggett.
Épisode 21 : Feat of Clay (2)
La suite de l'un des épisodes les plus noirs de la série. Les méthodes de Batman se montrent plus discutables que jamais, et Clayface monstrueux.
Épisode 22 : Joker's Favor
La première apparition d'Harley Quinn. Pour l'heure, elle joue les seconds couteaux mais son exubérance est déjà bien charmante ; et avec le Joker, elle fonctionne du tonnerre.
Scène d'ouverture particulièrement dingue.
Épisode 23 : Vendetta
Un nouveau méchant qui fonctionne fort mal à mon goût, mais qui, encore une fois, caresse plutôt de tristes rêves de vengeance que l'espoir de faire sauter la ville, d'opérer le coup du siècle ou je ne sais quoi. Anodin.
Épisode 24 : Fear of victory
Le retour de l'Épouvantail, nanti d'un tout nouveau masque, plus effrayant que l'ancien, il faut bien l'avouer. On en rajoute dans la diversité criminelle avec une affaire de chantage. À l'occasion de cet épisode, on a un premier aperçu de l'Asile d'Arkham qui ne se limite pas à deux plans de début ou de fin d'épisode. L'occasion de revoir quelques têtes connues, incarcérées grâce au Chevalier Noir.
Épisode 25 : The Clock King
Le Roi des Horloges, encore un super-méchant original, créé pour la série, et fort touchant. Il se renseigne, planifie chaque détail de ses plans avec une précision d'orfèvre, et les exécute avec minutie.
Épisode 26 : Appointment in Crim Halley
Un épisode totalement dépourvu de ces super-méchants colorés et tourmentés, si typiques de la mythologie Batman dans leur aspect outrancièrement clownesque et lugubre à la fois. En lieu et place d'un cerveau ultra-charismatique, nous retrouvons l'industriel Daggett dans ses basses manoeuvres. Conclusion aussi surprenante dans un dessin animé "pour enfant" que logique.
Épisode 27 : Mad as a Hatter
L'introduction du Chapelier Fou. Illustration même des super-méchants à la Batman dont je parlais plus haut, il appartient à la sous-catégorie des savants fous. Les problèmes de celui-ci sont particulièrement liés au quotidien.
Épisode 28 : Dream in Darkness
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Un épisode au postulat déjà assez ravageur et aux hallucinations très... créatives.
Moi, quand j'étais petit, j'avais ça comme jouet, na.