Le héros de cette oeuvre très impliquée nous apparaît d'emblée sympathique quand on apprend que son envie principale dans l'existence est le sexe. Enfin un adolescent réaliste...
Vous vous doutez que les pulsions de Donnie Darko, le jeune garçon qui donne son titre au film, ne sont pas l'intérêt principal du long métrage, ni même le moteur des rebondissements (car l'histoire se révèle parfois d'un surprenant romantisme). L'élément perturbateur, c'est Frank. Un lapin géant, émissaire d'un autre monde, augure lugubre qui vient annoncer la fin du monde dans peu de temps, très peu de temps. L'échéance se rapproche et Donnie est désarmé face à cette fatalité.
Une mise en scène excellente, c'est ce qui frappe tout d'abord. On a droit à quelques gros plans prolongés guère appréciés, en règle générale, de l'industrie américaine. Le montage est énergique, le cadrage efficace, les raccords invisibles... très bon, tout ça, très bon. Ensuite, la photographie rend honneur au film et à son ton très particulier. Les acteurs livrent des performances plus qu'honorables, campant une galerie de personnages aussi crédibles que malheureux.
Mais la grande force du film, c'est un scénario aussi bien exposé que vicieux. De magnifiques paradoxes éclosent dans une trame
a priori limpide, fournissant, dans leur absurdité, la force primordiale de "Donnie Darko", celle qui lui permet de sortir du lot et de s'imposer comme classique autant qu'oeuvre d'auteur.