Eltanin

On pourrait scinder ce film en deux, voire trois, partie : La première fait peur, la seconde explique et résous l?intrigue mise en place dans la première partie, et la troisième est inutile. Donc, au final, comment traiter un tel type de film ? Dans son intégralité ? Partie par partie ? Et même, quand on y pense, dois-je le voir en tant que film d?angoisse, au même titre que Ring, Dark Water, Deux S?urs (que je n?ai toujours pas vu, d?ailleurs, honte sur moi pour treize générations) ? Je pense que je fais plutôt donner les plus généraux, puis détailler par la suite?
Commençons :
Comme tout film japonais dit d?horreur qui se respecte, et suivant la mouvance de Ring, on trouve la peur présente à  petites doses, mais multiples. Même ici beaucoup plus multiples qu?ailleurs ! Ça n?arrête pas. J?ai été désagréablement surpris par cette méthode, au départ, mais je dois avouer que ça colle bien à  l?esprit du film. En effet, l?héroïne (très jolie Angelica Lee) Mun est une ancienne aveugle qui a subi une greffe de cornée et qui du coup, la pauvre, voit des fantômes déambuler. Quoi de plus judicieux qu?elle en voit partout, dans un monde actuel où la Mort est omniprésente ? Ça aurait été relativement étrange qu?elle n?e rencontre que rarement, non ? Les âmes en perditions pullulent donc ici et ailleurs, multipliant les scènes chocs sans plus d?explication sur l?origine des différents morts. On notera la superbe et terrifiante scène de l?ascenseur, un modèle de suspense qui a plus fait battre mon c?ur en quelques minutes que mon ex-copine en deux ans.
Les cartes des sons et des caméras floues sont joués jusqu?à  la surabondance, ce qui n?est pas pour me déplaire, préférant ? et de loin ? le suggéré au visualisé. Mun entends des crissements, des chuintements, des gémissements, des craquements? Mun voit des silhouettes diffuses, des ombres et des mouvements, devinant plus qu?autre chose. Au fur et à  mesure où le film avance, Mun voit de mieux en mieux, et du coup la peur disparaît pour laisser la place à  une simple enquête un peu paranormale (quoi ? j?ai pensé Ring ?) qui emmène Mun vers l?origine de ses yeux (je ne vous apprends rien, bien entendu?).
Un petit aparté avant de passer aux différentes parties : Le générique de départ. C?est un peu la représentation symbolique du cinéma d?horreur qui devrait être toujours ainsi : Épuré, peu de moyens, effet maximal. J?adore ce générique? Un immense draps blanc tendu et des mains qui le traversent de l?autre coté, formant des étranges reliefs ombrés et mouvantes sur une musique confuse et ponctuée de ?bruits?. Très poétique, au final.
La première partie du film joue parfaitement son rôle, selon moi. Présentation de l?intrigue, des personnages, de leurs relations, et elle fait peur. Rien à  jeter. Angelica Lee est parfaite dans le rôle de l?aveugle découvrant son sens de la vue petit à  petit. Pour le casting, dans l?ensemble rien à  redire. Le docteur s?occupant de Mun était un peu jeune, mais finalement cet aspect novice colle parfaitement à  l?intrigue et à  la suite de l?histoire. Et donc, vers le milieu du film, on tombe sur la révélation à  laquelle personne ne s?attendait et que je ne citerai pas ici qui chamboule un peu tout ce qui avait été mis en place avant.
La deuxième partie du film, après la révélation, devient vite lassante. On explique, on désamorce le potentiel de peur du film, on résous les problèmes, on dénoue l?intrigue et le tout en inculquant des fortes doses de bons sentiments tels que : Aimez les fantômes, croyez les prophètes et ne rejetez pas ceux qui sont différents. C?est fort louable, mais c?est du déjà -vu-vu-et-revu. Un dépaysement total perds un peu le spectateur, tout comme la disparition pure et simple de certains protagonistes attachants (la mémé et la s?ur de Mun, for example) et relègue la peur (nous étions bien dans un film qui fout les jetons, non ?) au second, voire au troisième plan. Grmbl? Dommage.
Troisième partie. Alors là , j?ai ri. Comment foutre en l?air la fin d?un film en une leçon, par les frères Oxyde et Danny Pang. Prenez les héros qui rentrent heureux après avoir résolus tous leurs problèmes. Ajoutez une pincée d?amour entre eux, histoire de bombarder les spectateurs de sentiments mielleux. Ensuite, réamorcez un ultime rebondissement prévisible avec une foultitude d?effets spéciaux (il y en a plus dans les dix dernières minutes que dans tout le film) et touillez le tout super fort avec des flash-back pour faire comme si cette dernière scène était utile. Et vous obtiendrez ça. Je crois que je n?ai plus rien à  redire.
Bon, une petite conclusion avant d?aller me coucher (il est tard lorsque j?écrit ceci juste après visionnage : 23h34) : Un film bon, très bon même. Je dirais même que je l?ai préféré (sans la scène finale, hein !) à  Dark Water, presque. J?ajoute ?presque? parce que la terreur n?est disséminée que dans le début du film, et non dans sa totalité. C?est comme si le film commençait japonais et se terminait américain, tellement tout y est expliqué, bons-sentimentés et effets-spéciautés. Boarf. Il reste malgré tout à  voir, selon moi, pour cette fabuleuse première partie, pour l?actrice qui est malgré tout assez merveilleuse et pour avoir un film d?horreur de plus à  votre collection.
« J?ai-perdu-mon-carnet-de-note-est-ce-que-tu-l?as-vu? »

_________________
La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...