Le long métrage se trimballe, on ne sait trop comment (ou plutôt si, on sait comment : c'est un angle d'attaque différent, niveau publicité, pour vendre une nouvelle fois de la farine de viande), une réputation instantanée de film d'action honnête, sombre et ultra-violent.
Ce n'est pas un film d'action.
Ou si c'en est un, j'espère ne plus jamais revoir de films d'action. À l'exemple d'un "300", les combats oublient tout dynamisme, toute gestion de l'espace, toute inventivité, toute utilisation du décor et toute chorégraphie pour se résumer à des échanges de tirs et de coups, toujours directs. L'esquive ne prend aucune part dans les affrontements, pas plus que l'état physique des combattants. De tous côtés, il n'y a que bourrinisme, filmé avec les pieds et la plupart du temps dans les ténèbres, histoire de ne RIEN voir. Pour achever les plus résistants, les Frères Strause ont eu l'idée géniale de prolonger chaque "bataille" au-delà du raisonnable.
Ce n'est pas un film d'horreur.
Le suspense est proprement inexistant, oublié au profit d'une ironie et d'un sadisme tous deux incroyablement puants. Les humains n'existent que pour se faire tuer, quand on t'en montre un dans une scène de dix secondes, c'est pour que tu aies le "plaisir" de se voir déquiller dans une seconde scène de dix secondes une heure après (exemple type, la serveuse malchanceuse). Ce syndrome atteint son paroxysme avec le groupe mené par le policier, qui se voit désintégré avec la ville sans autre forme de procès, pour avoir fait confiance au gouvernement. Une disparition qui ne semblera même pas affecter les personnages survivants, semblant avoir fait leur le cynisme des Frères Strause.
Ce n'est pas un film violent.
Comme l'aura compris le lecteur qui lit entre les lignes, la plupart du temps, le massacre intervient hors-champ, ou bien dans les ténèbres. Symptomatique de cet état des choses, le sort de l'essentiel de la population, plus ou moins laissé sous silence. On se doute, au vu des écrans observés par le colonel, qu'ils sont passés à la moulinette, mais on aurait aimé VOIR. Il y avait moyen de faire des tableaux dantesques avec une ville entière envahie par les Aliens ! Nous sommes au cinéma, aucune excuse pour ne pas montrer la tripaille. De plus, sans une réelle exposition de l'horreur de la colonisation extraterrestre, le "récit" manque d'envergure.
Ce n'est pas un film de personnages.
Les protagonistes sont des stéréotypes, sans passé, sans passions et sans personnalité. Totalement interchangeables, ils agissent à l'occasion à l'opposé de ce qui leur tient lieu de personnalité (la militaire incapable de se défendre...), quand ils n'abandonnent pas leurs amis d'enfance à une mort atroce sans le moindre état d'âme.
L'humour ne sauve même pas la mise.
Le comique, qui aurait pu faire passer la pilule du désastre cinématographique, se borne à quelques fumeurs de joints mal payés, ainsi qu'à une ou deux répliques où nous sommes censés ricaner, comme "Le gouvernement ne nous mentirait pas". Pouah.
C'est un collage idiot de morceaux des autres films.
Surfant sur la "vague geek" (concept qui me semble en lui-même douteux et surtout à terminologie inappropriée, mais passons) avec bien moins d'habileté qu'un Raimi ou qu'un Jackson, les Frères Strause nous la jouent passionnés ultimes de la série, connaissant leurs classiques et voulant nous le montrer. C'est gênant, un peu comme un poivrot qu'on a vaguement connu au collège, qui rentre soudain dans la mairie le jour de notre mariage et qui vient nous donner des coups de coude en alignant les blagues vaseuses et les sourires grivois : on se connaît à peine, on n'a pas gardé les cochons ensemble, et qu'il dégage, ce mec, à chacun de ses clins d'oeil, j'ai envie de le frapper.
Dans le même mouvement, ils confondent hommage et plagiat en une seule masse de références (d'ailleurs, il s'agit plutôt de révérences, voire de déférence !) qui sera le matériau de base de leur horreur intersidérale... pardon, intersidérante. Ils font ainsi de "Alien Versus Predator 2 : Requiem" un pot-pourri des six films Alien et Predator, ne retenant qu'une seule chose de l'épisode précédent : la toute nouvelle conception ultra-rapide, façon four à micro-ondes, des embryons aliens. L'accompagnement musical est à l'image de cette grande erreur : une soupe d'où resurgissent parfois des accents des bandes originales antérieures, qui peine à dégager un semblant de personnalité.
C'est un film racoleur.
Bon, c'est pas tout de montrer que AVPR est un vrai "Alien X Predator", maintenant, c'est de vendre qu'il s'agit. Comment les Frères Strause vont-ils procéder, sachant que leur estimé prédécesseur a sabordé toute crédibilité du concept croisé au cinéma ? Facile, faut passer son temps à démonter Anderson dans les entrevues journalistiques, de toute façon, hé, bonhomme, on parle de l'homme qui a fait "Mortal Kombat" et la toute aussi nanar trilogie des "Resident Evil", il n'est pas difficile de s'en moquer. Alors, on va tirer à boulets rouges dans les ambulances histoire que certains se méprennent et croient que si on se permet de tabasser le précédesseur à ce point, c'est par légitimité d'une qualité supérieure dans notre Grand Oeuvre abouti.
Dans le même registre, le film sera "dur", "impitoyable" et "politiquement incorrect", ce qui signifie qu'il passera son temps à montrer des massacres sans queue ni tête, et à massacrer enfants et femmes enceintes sans rime ni raison. On est rebelle ou on ne l'est pas, coco !
Rendons justice à l'oeuvre, elle contient une idée, et une bonne : l'insémination expresse d'une femme enceinte par la Reine XénoYautja. Une scène de "viol" que sa rapidité rend encore plus cauchemardesque... dommage qu'elle soit totalement sans conséquence, qu'on ne se sente jamais concerné par le sort de la madame sortie de nulle part, etc.
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