C'est pas moi... Tu sais, j'ai pas été l'unique responsable des faux comptes sur Helltanin. On sait tous que c'est un masque, mais ce n'est pas le mien, je les fais quand même plus esthétiques, de manière générale.
Sinon, Amo, tu m'as saboté mon ressort comique basé sur le laconisme d'abord et la volubilité ensuite. Méchant.

Pour la peine, je recopie mes dires.
Donc, les Halles...
Première surprise, pas de vraie file d'attente, seulement une foule de gens qui parlent. Des têtes connues, souvent. Des otakus, geeks et nerds de compétition, bien que la signification de ces termes me semble floue et sans objet, ça permet déjà de situer quelques-uns des personnages. Beaucoup de retrouvailles inattendues : "
Oh, salut, toi !". Des retours de personnes massées près de l'escalier, qui ne semblent pas décidées à déjà quitter les lieux : "
Il faut une préparation mentale, c'est un film pas comme les autres, vous allez morfler mais vous allez aimer".
J'arrive dans la salle. Mes amis se dispersent et réussissent à se caser dans les troisième et cinquième rangs. Je suis d'un autre avis. Le premier rang est là , encore vierge, personne n'a osé s'y mettre. Il me tend les bras. Je cours et je me prends une gamelle monstrueuse... Je me ruine le genou, je me casse la gueule au sol devant toute la salle.
Des rires, mais pas tant que ça. Tout le monde est déjà de bonne humeur. En fait, de très bonne humeur, d'humeur comme on n'en voit jamais. Ça parle partout, ça drague à tout va, ça échange des vannes. Les visages sourient et les yeux étincellent.
Les bandes-annonces annoncent la couleur au niveau de l'ambiance spectateurs. Les gens rigolent, applaudissent, crient.
Puis le film commence.
Les premiers plans, Goku et son expression d'abruti, Goku la goutte au nez, donnent le ton. Et c'est l'hystérie collective. Le cerveau du spectateur se trouve divisé, l'un des hémisphères meurt d'ennui et agonise devant la médiocrité de chaque aspect du film, l'autre est submergé par l'hilarité, avec toute la salle. Toute la salle ? Non ! Quelques spectateurs, qui souhaitaient sérieusement profiter de la chose, ne cessent de protester "
Arrêtez les remarques ! Arrêtez les rires ! Cessez d'applaudir !". Mais rien ne peut stopper la démence et l'égoïsme ricanant de la majorité.
Sur le Madforum, Greengoliath61 avait un jour pondu un message légendaire sur
Spy Kids 3D, il y évoquait des spectateurs qui pleuraient, une vieille dame qui lui posait la main sur l'épaule en disant "
Courage, fils, c'est bientôt fini" et une autre qui se levait en gémissant "
Assez ! Assez ! Un Dieu d'amour et de justice permettrait-il tout ceci ?". Sachez que son récit aurait tout aussi bien pu convenir à
Dragon Ball Evolution, la chose est un calvaire, mais, comme déjà signalé, on atteint le stade de l'horreur où on choisit de rire plutôt que de pleurer. Cela ajouté au ridicule général fait de la monstruosité projetée un équivalent filmique du gaz hilarant, à l'effet irrésistible. On voudrait se traîner hors de la salle, on ne peut pas. On souhaite aller aux toilettes, impossible, plutôt pisser de rire à la scène du gel. On renverse son pop-corn, on s'étrangle avec le Coca, en se brûlant les narines quand nos héros tombent dans un trou pourri (quel piège diabolique) pour, après moult protestations, en ressortir d'un bond.
Le scénario n'a aucun sens, la moitié des personnages n'ont pas la moindre motivation visible (la servante de Piccolo, par exemple), la mythologie est contradictoire, un sort ultra-puissant nécessite jadis le sacrifice de sept sages et aujourd'hui d'un seul, rien n'est construit, rien n'est amené en amont (et surtout pas les Saiyens, Bou ou Cell, non mais vous rêvez, vous avez cru à une franchise cinématographique bâtie avec un minimum de sens ?), et l'univers hésite entre "réalité" et monde parallèle : le globe terrestre est celui de notre monde, on est en 2010, tous les détails ou presque renvoient à notre Terre, mais il y a la Capsule Corp, il y a eu l'arrivée de Piccolo à l'époque où on devrait plutôt se souvenir de Jésus-Christ, les villes et les personnages ont des noms japonais et américains, quand ce ne sont pas des mélanges comme l'aberrant Sifu Norris (Maître Norris ? Pas possible, les scénaristes viennent de Nanarland)... Les dialogues sont banals et médiocres, les blagues tombent à plat...
Mais le corps d'une narration cinématographique, c'est la mise en scène. Et là , que peut-on dire ? Festival de faux raccords, gestion de l'espace que l'on pourrait qualifier "d'anti-Mac Tiernan", avec des lieux impossibles à situer géographiquement ou à se représenter, que ce soit en termes d'étroitesse, de vastitude, etc, on ne sait jamais où sont les entrées et les sorties, les cachettes possibles, la direction à prendre, tout cela ressemble à un labyrinthe protéiforme qui se ferait passer pour une succession de décors, et les scènes de combat, mon Dieu, chorégraphies pseudo-académiques MTVisées au montage pour donner un air de dynamisme, quand ce ne sont pas les ralentis qui s'en mêlent et qui font des petits écarts hors baston pour montrer Goku ramasser des graines au ralenti, une occasion pour dire que ça fait dix minutes qu'ils parlent dans la maison et marchent sans la moindre précaution, mais non, non, tout ce que Tortue Géniale entend, c'est la graine qui tombe, un gag qui en vient à distordre la logique la plus simple, mon Dieu, mon Dieu, même le cinéma turc n'aurait pas osé...
Et cette photographie de téléfilm, surexposant à l'occasion (ce qu'on appelle le bloom dans le jeu vidéo !) pour camoufler la laideur d'un décor ou d'un effet spécial (Shenron, aaaargh), quelle maestria ! Et cette direction d'acteurs, alignant les endives quand elle ne parvient pas à saboter le peu de jeu personnel que peut offrir l'ami Fat ! Et tous les petits trucs à la con, les flingues à impulsions qui laissent des petites marques de suie bien propres sur les vêtements, l'absence complète de sang (oui, le dessin animé était plus violent, même la version censurée qu'on a pu avoir en France), et l'accompagnement musical pseudo-grandiloquent qui assomme plus qu'autre chose, et... et...
La salle n'a pas une seule minute cessé de rigoler.