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Quand Von Trier veut faire un "hommage" à Tarkovsky, il n'y va pas par quatre chemins. Son film n'a pas d'âme, et dans toutes les facettes de son identité, il ne fait que renvoyer aux Å“uvres du modèle cité.
Graindesable a foutrement raison de dire que les environnements ne sont aucunement exploités. Quel spectateur serait capable de dire simplement de quel côté est la façade de la cabane, combien elle a de portes, combien elle a de pièces ? J'ai même eu l'impression parfois qu'il y avait plusieurs bâtiments.
Ce ne sont pas les multiples prétextes (qui se voudraient codés mais peuvent s'extraire et se compiler à l'envi pour le plus premier degré des analystes) de la phallocratie/de la culpabilisation de la femme/des figures sataniques (par exemple les trois mendiants, négatif de la Sainte Trinité, ou le bébé aux "pieds de bouc")/du rôle des genres/de la libido dysfonctionnelle/des symboles de puissance qui feront exister les personnages ultra-stéréotypés (le mari réflexif et l'épouse hystérique). Et avec aussi peu de protagonistes, on peut considérer ça comme un échec narratif que durant plus d'une heure quarante, ils ne soient aucunement caractérisés.
Dans la forme, ça ressemble à un enchaînement de scènes de cul en missionnaire (ils auraient au moins pu caser un amazone ou une petite levrette), de réflexions assommantes, d'épreuves sans aucun sens (la femme qui manque de s'évanouir sur deux mètres dans l'herbe... alors qu'elle n'a cessé de marcher, dans la forêt, juste avant), de mutilations en gros plans, de visions oniriques à l'esthétisme effectivement très "publicité pour parfums" (le spectateur en profitera, ce sont les seuls plans du film sans caméra épileptique, flous soudains et hideux zooms faussement naturalistes), de recoupements symboliques lourdingues (les trois statuettes pour introduire les mendiants au début, les spectres et cadavres féminins traversant le film sans jamais l'imprimer) et de cartons à la craie (pour le côté enfantin, haha, comme c'est malin) séparant les différents actes (qui sont douloureusement similaires dans leurs failles et démarches). Le tout est emballé dans une bande sonore qui réussit l'exploit d'être à la fois paresseuse et prétentieuse, et dans un montage aléatoire (allez hop, là , on va utiliser deux plans au lieu d'un... Là aussi... Tiens, et si on tirait à pile ou face pour savoir quand on va respecter la règle des 180 degrés et quand on va l'enfreindre ?). Et encore, on pourrait écrire pas mal de pages d'insultes sur les Happy Tree Friends...
On dirait que le réalisateur a voulu tourner à la fois une caricature de Tarkovsky et une parodie de
Martyrs. Pas franchement génial.
Finalement, on retiendra ces mots très justes de l'époux : "
C'était une mauvaise idée. (...)
Le reste n'est que bavardage".