Et tous les trucs du genre "L'immeuble aux 100 concierges" ? Vous savez, avec de belles images et des énigmes parfois bien astucieuses ?
Il s'agit d'une collection de Gründ. Je crois que le tout premier était "La jungle aux 100 périls". Ces albums ont des couvertures de ce type :
Destinés à un public enfantin, ces oeuvres utilisent une version simplifiée de la formule des "Livres dont vous êtes le héros" : en lieu et place de centaines de paragraphes, nous avons droit à moins de cinquante pages dont chaque couple constitue une grande illustration fournissant en général une situation périlleuse dont le lecteur doit trouver l'issue. En fonction des choix, il est renvoyé à d'autres pages, et découvrir la solution à certaines énigmes lui permet d'accéder aux numéros des pages les plus utiles pour la suite de "l'histoire".
Ici, plus de place pour la "Feuille d'Aventure" : ce lien ténu avec le JDR a disparu, ne laissant qu'un grand, bel et bref album, simple et efficace, à mi-chemin entre un livre d'apprentissage pour bébé et une bande dessinée, sans être tout à fait l'un des deux.
Sur cette page du site de la FNAC sont répertoriés, parmi les romans "jeunesse" (roman jeunesse ? Concept aberrant sur lequel je reviendrai à l'occasion d'un prochain message), ces livres-jeux.
La production est bien inégale. Si "La jungle aux 100 périls", "La planète aux 100 menaces", "Le château aux 100 oubliettes" ou "La fête aux 100 maléfices" sont tout juste amusants, avec, en guise d'acolyte pour le lecteur-joueur, un petit singe dont tout le monde n'apprécie pas la compagnie, le reste est plutôt à éviter.
Mais ce qui se détache du lot, ce sont les sublimes albums de
Sandrine Gestin !
Elle a commencé avec "La colline aux 100 fées" et "L'île aux 100 squelettes" scénarisés par Jean-Luc Bizien, mais la portée de son crayon et de son pinceau ne se révèlent véritablement que dans
"La cité aux 100 mystères" et sa suite directe,
"La vallée aux 100 prodiges". Cela n'a rien d'étonnant, car en se chargeant elle-même de la trame scénaristique et de l'univers exploré, elle peut dépeindre son imaginaire propre, un monde de
fantasy merveilleux, aux antipodes de la manière brutale et misogyne dont le sujet est parfois traité.
L'artiste semble avoir apprécié l'expérience.
Ah oui, songez aussi à jeter un oeil à l'album le plus atypique de la collection,
"Le jardin aux 100 secrets". Bien plus doux que les autres livres-jeux, il dégage une ambiance feutrée des plus agréables, et on sent bien que les "dangers" de ce jardin ne sont qu'un prétexte pour nous faire découvrir toute la poésie de ce lieu dont on regrette qu'il n'ait jamais existé.