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Notre Grand Frère nous regarde
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Auteur:  Mistrophera [ 21 Nov 2004, 19:33 ]
Sujet du message:  Notre Grand Frère nous regarde

Citer:
? Je vais vous donner la réponse à  ma question. La voici : le Parti recherche le pouvoir pour le pouvoir, exclusivement pour le pouvoir. Le bien des autres ne l'intéresse pas. Il ne recherche ni la richesse, ni le luxe, ni une longue vie, ni le bonheur. Il ne recherche que le pouvoir. Le pur pouvoir. Ce que signifie pouvoir pur, vous le comprendrez tout de suite. Nous différons de toutes les oligarchies du passé en ce que nous savons ce que nous voulons. Toutes les autres, même celles qui nous ressemblent, étaient des poltronnes et des hypocrites.

« Les nazis germains et les communistes russes se rapprochent beaucoup de nous par leur méthode, mais ils n'eurent jamais le courage de reconnaître leurs propres motifs. Ils prétendaient, peut-être même le croyaient-ils, ne s'être emparés du pouvoir qu'à  contrecoeur, et seulement pour une durée limitée, et que, passé le point critique, il y aurait tout de suite un paradis où les hommes seraient libres et égaux.

« Nous ne sommes pas ainsi. Nous savons que jamais personne ne s'empare du pouvoir avec l'intention d'y renoncer. Le pouvoir n'est pas un moyen, il est une fin. On n'établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution. On fait une révolution pour établir une dictature. La persécution a pour objet la persécution. La torture a pour objet la torture. Le pouvoir a pour objet le pouvoir. Commencez-vous maintenant à  me comprendre ? »


Je viens de terminer la lecture de mon deuxième livre hebdomadaire (les deux suivants sont Le Portrait de Dorian Gray (Wilde) et La Fin de l'Eternité (Asimov)). A partir du titre du topic et de cet extrait très révélateur, je vous mets au défi de découvrir de quoi il s'agit. C'est très facile pour qui a lu le bouquin; ensuite, nous pourrons en parler.

Auteur:  Raphychou [ 22 Nov 2004, 00:06 ]
Sujet du message: 

"1984", discours d'un membre de l'élite partisan de Big Brother. Si je ne me trompe pas, cette déclaration est située dans les dernières pages, peu avant l'atroce dénouement.
Ce roman d'anticipation pessimiste est un chef-d'oeuvre tant par le style que par les personnages. Cependant, la force majeure du livre demeure ses idées. La vision dépeinte par George Orwell est abominable, désespérée. C'est un avenir enfermé dans le carcan éternel d'un quotidien grisâtre où tous les sentiments sont corrompus. Cette triple dictature (car les trois nations en guerre de ce monde futuriste sont en fait semblables) ne voit aucune lumière se profiler à  l'horizon.

Auteur:  Mistrophera [ 22 Nov 2004, 00:50 ]
Sujet du message: 

Aucune lumière, en effet. Aucun espoir dans ce bouquin (en effet, le monde entier ressemble à  l'horreur dépeinte localement). C'est tout simplement déprimant. Trahison, mort de l'art (notamment le poète excentrique, personnage secondaire qu'on ne rencontre que trois fois, dont une -la dernière...- dans le fameux Ministère de l'Amour, où les gens sont tortués atrocement.
La rencontre entre un homme et une femme, qui évoluera en relation, pour devenir une sorte de romance, finira dans la trahison totale, la trahison forcée, certes, mais abjecte.
L'admiration que le protagoniste ne peut s'empêcher de ressentir pour son tortionnaire dans la dernière partie est troublante. La faiblesse, l'animalité primaire/primale de l'humain (quand, il est vrai, on l'y rabaisse par des moyens innommables) est clairement mise en avant.
Un livre superbe, à  lire absolument, non parce qu'il permet de passer un bon moment, de rire, ou de mettre de bon humeur... mais, à  l'inverse, parce qu'il force à  la réflexion, parce qu'il présente une réalité qui aurait pu exister, qui pourrait exister sous une certaine forme, assez terrifiante.

Lisez avant Animals Farm (La Ferme des Animaux), du même auteur. C'est déjà  plus léger (quoique ce n'est même pas vrai), mais très semblable.

Bien joué, Raphaël ^^ - bon, évidemment, je m'attendais à  une réponse aussi rapide et précise, mais c'est à  remarquer tout de même.

Auteur:  Raphychou [ 22 Nov 2004, 02:23 ]
Sujet du message: 

Je n'ai hélas pas lu "Animal Farms"... j'essaierai de mettre la main dessus.

En ce qui concerne les univers futuristes totalitaires, je dois avouer avoir une petite préférence pour "Brazil". Ce film de Terry Gilliam paraphrase parfois "1984", malgré les dénégations de son réalisateur. C'est étrange, on dirait que l'anticipation pessimiste a développé avec le temps ses propres codes : le couple uni contre l'ordre impitoyable, l'élément perturbateur qui vient faire prendre conscience au héros de l'horreur du monde dans lequel il vit, etc...
"Brazil" me plaît par sa fin merveilleuse autant qu'abominable. Là  où Orwell opte pour le désespoir, Gilliam fait preuve de davantage de subtilité : l'évasion se trouve dans le rêve, et c'est quelque chose qu'on ne pourra jamais ôter à  l'homme.

Dans le livre "1984", la "Minute de la Haine" (si mes souvenirs sont bons, c'est le nom que porte cet instant quotidien consacré à  l'abhorration d'un quelconque rebelle) est plus que jamais d'actualité, en ces temps où le système médiatique dresse des épouvantails pour exciter le peuple et le détourner d'autres problèmes pourtant tout aussi préoccupants.

Auteur:  Mistrophera [ 05 Déc 2004, 21:27 ]
Sujet du message: 

DragonNoir a écrit:
Là  où Orwell opte pour le désespoir, Gilliam fait preuve de davantage de subtilité : l'évasion se trouve dans le rêve, et c'est quelque chose qu'on ne pourra jamais ôter à  l'homme.

C'est précisément ce qui fait la force de 1984: le rêve n'y est plus permis. Jamais oeuvre n'avait été à  cette profondeur dans le désespéré, c'est ce qui la fait unique. Tel le sur-moi, ce dictateur intérieur qui réside dans notre inconscient, le Parti de 1984 réussit à  contrôler de l'esprit lui-même les êtres humains, à  les surveiller, les traquer... Après avoir lu la fin, on comprend que tout ce qui semblait beau dans l'histoire, tout ce qu'on croyait n'appartenir qu'aux protagonistes, était méticuleusement observé par le Parti (le "boutiquier prolétaire", humpf!).
Pour moi, il est plus subtil de rendre presque concrète par la fiction une désespérance totale, de montrer que CELA EST POSSIBLE, que de persister dans le "Mais vous n'aurez pas... ma liberté de rêver/penser".


Citer:
Dans le livre "1984", la "Minute de la Haine" (si mes souvenirs sont bons, c'est le nom que porte cet instant quotidien consacré à  l'abhorration d'un quelconque rebelle) est plus que jamais d'actualité, en ces temps où le système médiatique dresse des épouvantails pour exciter le peuple et le détourner d'autres problèmes pourtant tout aussi préoccupants.

Certes, les Deux minutes et la Semaine de la Haine, complétement hallucinants, sont assez bien mis en scène, substituant l'instinct du chien-loup à  l'esprit humain. Et c'est vrai que nous y allons, tout doucement ^^

Auteur:  QCTX [ 30 Mars 2005, 13:24 ]
Sujet du message: 

DarKenshin a écrit:
Je me rappelle avoir lu ce livre.
...
Bon, me trouver un couteau tranchant.




Pour ceux que cela intéresse, les deux bouquins d'Orwell sont trouvable facilement sur le net.
La preuve :
1984 [PDF] ou [Word]
La Ferme des Animeaux [PDF] ou [Word]




Radamenthe a écrit:
Et pour ceux que cela intéresse, M avait fait un bon choix avec Wilde.

Auteur:  Zohar De Malkchour [ 16 Oct 2005, 12:21 ]
Sujet du message: 

J'ai lu aussi 1984, ce livre a cet intérêt puissant de nous forcer à  nous remettre en question dans la société où l'on vit et à  tenter d'identifier les lois fascisantes qui nous entourent.
Pour ma part, j'ajouterai dans la liste des suivants de 1984 un autre film dont j'ai oublié le titre. L'histoire est en résumé une société où les sentiments sont bannis, et pour cela les citoyens doivent prendre un médicament les annihilant. Une couche est rajoutée par la création d'un corps spécifiquement conçu pour détruire les résistants et les oeuvres d'arts. Au début du film la joconde est ainsi méthodiquement passée au lance-flamme...



Radamenthe a écrit:
S'ils l'avait fait plus tôt, on aurait peut-être pu éviter le Da Vinci Code.




Q-po a écrit:
Zohar De Malkchour a écrit:
[...]
Pour ma part, j'ajouterai dans la liste des suivants de 1984 un autre film dont j'ai oublié le titre. L'histoire est en résumé une société où les sentiments sont bannis, et pour cela les citoyens doivent prendre un médicament les annihilant. Une couche est rajoutée par la création d'un corps spécifiquement conçu pour détruire les résistants et les oeuvres d'arts. Au début du film la joconde est ainsi méthodiquement passée au lance-flamme...

Equillibrium, repompé sur Fahrenheit 451, ce dernier étant adapté du livre du même nom.

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