L'ambiance est très sombre, médiévale mais réaliste.
On peut dire que l'univers est banal. Je préférerais rappeler que les clichés n'ont rien de malheureux, tout dépend de l'usage que l'on en fait.
On peut également considérer FitzChevalerie comme un lâche et un imbécile fini, ne cessant de s'apitoyer sur lui-même. Pour ma part, je vois qu'au moins, il ne suscite pas l'indifférence, que son évolution psychologique est gigantesque au fil des treize volumes et que la narration nous plonge droit au coeur de ses tourments.
J'ai découvert l'oeuvre de Robin Hobb au début de mon adolescence, via le tout premier volume de "L'assassin royal" alors en grand format avec
une jolie couverture où Umbre Tombétoile (suppose-je maintenant ; à l'époque, je croyais qu'il s'agissait du souverain Subtil Loinvoyant) caresse la tête du Fitz. Le roman m'avait été prêté par un camarade de classe dont je n'ai plus guère le souvenir ; je sais cependant que je le connaissais peu. Cela a été pour moi une expérience littéraire unique, la narration m'a tout bonnement happé.
J'ignorais qu'il y avait une suite. Je suis demeuré dans l'ignorance du devenir du Bâtard.
Des années plus tard, à seize ans, peut-être, j'ai emprunté dans une bibliothèque de province un pavé appelé "La Citadelle des Ombres". Le résumé au dos me disait quelque chose, et en abordant la première page, j'ai à nouveau été aspiré par ces mots, projeté dans la peau du personnage, ballotté au gré de l'histoire et recraché, bien amoché, à la fin du volume, deux jours plus tard. [spoiler]"Tu n'es pas mort, garçon, tu n'es pas mort", disait Burrich , mais moi, j'avais bien l'impression de l'être, mort, le coeur arraché par une oeuvre magistrale.[/spoiler]
Cette fois, je me suis juré de ne pas laisser la suite m'échapper.
Après moult recherches, j'ai trouvé le second volume de "La Citadelle des Ombres" et je l'ai tout autant dévoré que le premier... ou plutôt, il m'a dévoré. J'ai trouvé mon bonheur dans ce dénouement.
Et ce n'est qu'à vingt ans que j'ai eu le courage de me plonger dans la suite de l'histoire. Je savais que je ferais mieux de parcourir "Les aventuriers de la mer" avant, mais ils ne m'attiraient pas, titre comme couverture. J'ai acheté les six premiers volumes de la série en petites briques, je les ai parcourus une nouvelle fois avec un plaisir toujours renouvelé et j'ai attendu quelque temps avant de me résoudre à acquérir les autres... jusqu'au dixième, la suite n'étant toujours pas sortie en poche. J'ai été réduit à lire les 11, 12 et 13 en grand format, sans pour autant débourser de deniers (ç'aurait été là une collection bien inégale !).
Et enfin, j'ai quitté FitzChevalerie Loinvoyant.
Je crois que le maître mot pour décrire l'effet qu'a eu la série sur moi, à titre personnel, c'est "implication viscérale".