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 Sujet du message: Sir Walter Scott
MessagePublié: 23 Jan 2006, 23:04 
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Des moulins, Sancho !
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Inscription : 23 Nov 2005, 22:50
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Localisation : Vers l'est, dit le pendule.
Un petit thread dédié à  l'immense Sir Walter Scott. Auteur assez mal connu, dont la popularité a bien diminué depuis le XIXème siècle, on ne connaît généralement de lui que son Ivanhoé. C'est pourtant le père du roman historique moderne, et quelqu'un dont l'écriture est, à  de nombreux points de vue, assez remarquable.

Sir Walter Scott, c'est un peu le Dumas anglais ; sauf que lui n'employait pas de nègres. Et qu'il a précédé Dumas, puisqu'il a écrit dans la première moitié du XIXème siècle. Auteur de romans historiques et dits "populaires" - et populaires, ils l'ont été - Sir Walter Scott a aussi joué un rôle de premier plan dans la redécouverte de la culture écossaise ; en tant que lowlander, l'Ecosse et les Ecossais figurent dans bon nombre de ses romans et y sont réhabilités, effaçant ainsi quelque peu l'orageuse histoire des relations entre l'Ecosse et l'Angleterre.

Venons-en aux charmes que je trouve à  Sir Walter Scott. Tout d'abord, son écriture délicieusement XIXème siècle et délicieusement british. Scott écrit toujours ces romans en des tons de gentleman, parfaitement propres à  faire revivre une vision idéalisée des époques passées, et ce à  travers les yeux de la noblesse et autres personnages exceptionnels, auxquels Walter Scott s'attache toujours. On s'inquiète de savoir si l'on peut fréquenter tel personnage sans entacher son honneur, on considère le danger qu'il y a à  habiter dans le même chateau qu'une jolie jeune fille. Cependant, Scott ne pousse jamais jusqu'à  la pudibonderie un peu ridicule de certains auteurs de son siècle ; il y a toujours comme un petit ton d'auto-dérision ; souvent, les manières des jeunes gens bien éduqués se heurtent à  la réalité des choses bien moins convenable, et d'ailleurs ses personnages ne sont jamais parfaits : toujours un petit vice, une petite défaillance, un peu de concessions faites.

D'ailleurs, le personnage et surtout son caractère est toujours l'objet d'une attention particulière chez Scott, qui n'use de la description qu'en certains moments bien précis ; autre point que j'apprécie fort, car je suis loin d'être un amateur des descriptions en long, en large et en travers de ce que je considère n'être qu'un décor pour servir de fond au jeu des personnages. Et l'écriture de Scott s'accorde tout à  fait avec cela ; les monologues, les dialogues ont chez lui une place bien supérieure à  celle des descriptions.

L'humour de Scott est aussi tout à  fait british. Il est assez rare, mais néanmoins toujours présent et ce, régulièrement ; il est généralement le fait de certains personnages bien précis, dont le rôle, cependant, va au-delà  du simple faire-valoir comique, car ils ne manquent jamais de montrer également un jour plus sérieux. Ces personnages, donc, sont tout à  fait ces figures classiques de la comédie : c'est par leurs traits, leurs discours inappropriés que l'on rit. Jamais de grossièreté, bien évidemment ; jamais, non plus, trop de lourdeur dans l'humour, car celui-ci est ponctuel et, comme je l'ai dit, ne manque jamais d'avoir aussi un aspect sérieux. La façon qu'a Scott de raconter tient ici un grand rôle, car c'est aussi à  cause de ses euphémismes, ses remarques malicieuses que l'on rit.

On retrouve, à  travers l'oeuvre de Sir Walter Scott, des thèmes communs, ce qui est d'ailleurs un peu son défaut : la réutilisation de mêmes schémas. Le thème central de chaque roman est la quête du personnage principal, jeune héros. En cela, l'oeuvre de Scott repose fortement sur le genre initiatique. Il y a d'abord, très souvent, la confrontation des héros à  un univers, à  des coutumes, à  un peuple qui lui sont étrangers, et envers lesquels il a parfois des préjugés négatifs. Cependant, bien souvent, ces préjugés s'avèrent en partie faux, et l'opposition se fait bien plus entre "bons" et "méchants" des deux (ou plus) sociétés. Notons d'ailleurs qu'il y a aussi toujours, chez Scott, une incarnation du Bien, pas tout à  fait parfaite cependant, à  savoir le personnage principal ; et une incarnation du Mal, sa Némésis. Tous les autres personnages naviguent entre les deux, et la ligne de séparation est assez floue ; en fait, il y a rarement deux camps bien établis.

Malgré les difficultés rencontrées, et qui parfois semblent rhédibitoires, le personnage principal finit toujours par triompher. On peut sans doute le reprocher à  Scott ; moi, j'aime bien. Parti de peu, ce "peu" étant peu de fortune personnelle, mais beaucoup de courage et une noble naissance, le héros réussit toujours à  bien tirer profit de ses aventures et de l'adversité, en particulier à  trouver l'amour. Autre trait amusant chez Scott : le héros finit toujours par épouser la première jolie jeune fille qui apparaît dans le roman (et qui est souvent le premier personnage féminin introduit). Là  encore, on peut pester contre cette prévisibilité ou s'émouvoir de cette naïveté...

Un mot sur les personnages féminins, assez intéressants chez Scott. Homme de son siècle, il ne considère pas la femme comme égale de l'homme, bien évidemment. On sent Scott bien trop imprégné du modèle du chevalier servant pour cela. Pour autant, ses personnages ne se résument pas à  des potiches. Elles ont souvent un rôle important, voire crucial, dans l'intrigue ; même si elles interviennent rarement, sans elles, tout serait par terre. D'ailleurs, elles ont souvent une audace et un courage assez marqués, se démarquant en cela du reste de leur sexe (dans la vision interne aux romans, hein :P) et quelque personnage un peu "vieux jeu" ne manque jamais de s'en offusquer ; mais au final, si les jeunes (futures) femmes de héros comme les héros eux-mêmes se fourvoient parfois du fait de leur sang trop jeune et trop bouillant, c'est aussi comme cela qu'ils triomphent. Et se marient, vivent heureux et tout.

Pour conclure, voici un petit aperçu des romans de Scott que j'ai lus à  ce jour, par ordre de préférence :

- Ivanhoé :
Se situe dans l'Angleterre du XIIème siècle, à  l'époque du règne de Jean Sans Terre. On y croisera Richard Coeur-de-Lion et Robin des Bois, que ce roman a sans doute beaucoup contribué à  rendre célèbre. C'est le plus connu de Sir Walter Scott. Malgré un bon tas d'inexactitudes historiques, il nous peint un portrait assez délicieux et quelque peu idéalisé de l'Angleterre de l'époque. Le thème principal est ici la dame aimée et enlevée, qu'il faut aller secourir. Grand classique de l'amour courtois que Scott parvient à  exploiter avec beaucoup de saveur, et tout de même d'originalité.

- Quentin Durward :
Se situe dans la France du XVème siècle, où Louis XI et Charles le Téméraire s'affrontent. Les péripéties d'un jeune Ecossais , Quentin Durward, soudain impliqué dans les machinations de Louis XI, confronté à  la violence et à  la trahison, et bien sûr aussi, à  l'amour. Là  encore, portrait, certes un peu moins charmant, mais tout de même plaisant, d'un moyen-âge expirant, encore peuplé cependant de gentilhommes chevaleresques.

- Les Aventures de Nigel :
Se situe dans l'Angleterre du début XVIIème siècle. Il n'est plus là  question de chevalerie et de demoiselles en détresse. Au contraire - revirement intéressant - c'est ici un jeune noble venu de sa cambrousse écossaise qui va se retrouver confronté aux dangers de la vie londonienne, aux perfidies d'une aristocratie en partie décadente, à  des embarras financiers ; pour s'en sortir, il va être forcé de faire un bon nombre de concessions. Surtout, il sera servi par l'aide de la jeune fille qui l'aime, car cette fois, et cela vaut la peine de le noter, c'est elle (certes pas toute seule) qui va à  son secours.

- Rob-Roy :
Se situe dans l'Angleterre du début XVIIIème siècle. Là  aussi, il est beaucoup question d'embarras financiers, au moins comme prétexte de l'histoire. Mais c'est aussi l'occasion pour un jeune homme anglais rétif aux affaires de se frotter à  l'Ecosse, au danger, aux moeurs féroces des highlanders... et de secourir son père, tout en espérant revoir une fille à  qui il a pourtant fait ses adieux. Le roman est marqué par les affrontements entre protestants et catholiques, entre Jacobites et fidèles au gouvernement ; pourtant, on a bien du mal à  savoir quel est le "bon" camp, car on trouvera des héros dans les deux.

En conclusion : un auteur un peu routinier et à  qui il manque sans doute un peu d'audace littéraire, mais que j'ai toujours eu plaisir à  lire, par le charme de ses fresques historiques, de ses personnages, de son style et de ses histoires.


Morgan Kane a écrit:
J' ai lu Rob Roy : moyen, mais une bonne inspi pour du jdr/résistance ... ou du swachbuckler .. touis les détails dan,s le supplément Gurps Robin hood

Quentin Durward, une de mes passions de jeunesse ( en marabout )

Le livre s'est auto détruit et je ne l' ai jamais retrouvé !


Attention aux éditions jeunesse. Moi aussi, j'ai Quentin Durward dans une de ces éditions et... il est largement et honteusement abrégé, alors que ce n'est pas dit. Heureusement, je me suis trouvée une très belle édition avec gravures...

Rob-Roy est il est vrai moyen, mais il a quelques beaux moments. Enfin, le roman historique XIXème n'a jamais autant de saveur que quand il se passe au moyen-âge, époque idéale par excellence - dans l'imaginaire des romanciers, en tout cas.

D'ailleurs, comme je ne vais pas créer un deuxième sujet sur deux oeuvres qui sont assez ressemblantes, je vous conseille chaudement La compagnie blanche et Sir Nigel : c'est du roman historique, au moyen-âge, écrit au XIXème, par un "Sir" Anglais, mais pas le même : Sir Arthur Conan Doyle. Bien des ressemblances, à  tel point que je soupçonne Conan Doyle d'avoir fortement subi l'influence de Walter Scott. On note, cependant, qu'ici il y a peut-être un peu plus de noirceur, où l'on retrouve l'auteur de polars. Mais à  part ça, rien de Sherlock Holmes là -dedans : nous sommes dans un moyen-âge idéalisé par l'oeil very correct et un peu plaisantin d'un écrivain very british. Ca se passe pendant la guerre de Cent Ans, mais là  encore, on va retrouver gentilhommes français et gentilhommes anglais unis dans la lutte contre les infâmes brigands, pillards et autres vils personnages.


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