Voilà l'exemple même de livre moyen au possible, et qui alimente pourtant une polémique des plus flamboyantes.
Si on peut reconnaître un mérite à l'auteur de "Da Vinci Code", c'est d'exposer avec clarté une intrigue riche et fouillée, qui plonge ses ramifications au plus profond de l'histoire occidentale - sur ce plan, Dan Brown s'en tire comme un chef. Le constat sur le style est déjà moins élogieux, tant la plume paraît banale. Si le texte peut, par moments, s'avérer captivant, ce n'est certes pas grâce aux pseudo-cliffhangers de fin de chapitre qui fleurissent d'une manière assez triste.
Le romancier s'en sort beaucoup moins bien dès qu'il se mêle de symbolique religieuse - et c'est bien dommage, car c'est sur cette pierre angulaire qu'est bâtie toute son oeuvre. Quel malheur qu'il semble s'en tenir à la figure rudimentaire et très psychanalytique du "Féminin sacré" et y ramène tous les pans de son oeuvre. Quelle horreur qu'il évoque les Manuscrits de la Mer Morte, sorte d'esquisse des événements décrits dans le Nouveau Testament (et série de prophéties que
"Neon Genesis Evangelion", par exemple, sut illustrer en son temps), quelle horreur, donc, qu'il assimile ces écrits primitifs à des Evangiles apocryphes... cela, ajouté aux incohérences historiques (Nicolas Flamel, l'alchimiste hérétique, Grand Maître du Prieuré de Sion ? !) ou contemporaines (je retiens la police française décrite par Dan Brown comme un ramassis d'opportunistes qui font fi de la présomption d'innocence pour se lancer à la poursuite d'un malheureux expert en symboles sans aucune preuve à la clef !), fait perdre beaucoup en crédibilité à l'écrit.
Au final, tous les écarts faits aux "sources" de l'oeuvre changent "Da Vinci Code" en un livre certes prenant et mystique, mais avant tout faussement vulgarisateur, ce qui n'est jamais bon.
Dépêche de dernière minute : Ah oui, le héros est un Américain bon chic bon genre totalement dépourvu de vices, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu de personnage principal aussi creux, plat et insipide.
Dépêche d'après la dernière minute : Ah oui, et il prétend aussi que Walt Disney a truffé "La Petite Sirène" de symboles religieux. Je veux bien faire dans le mysticisme, mais le grand homme était mort depuis plusieurs décennies quand ce dessin animé de son studio fut réalisé. Parcours initiatique, oui, nécromancie abusive, non !