Sous ce nom, il faut bien le dire assez ringard se cache l'un des groupes de metal les plus dynamiques de ces dernières années. Nightwish est actuellement le fer de lance de cette mouvance que la critique, faute de mieux, s'est plû à appeler "metal a chanteuse". L'originalité de la formation est donc d'avoir, au chant principal, une jeune femme répondant au doux nom de Tarja Turünen (et encore, le voir écrit, ça n'est rien, vous devriez l'entendre prononcer avé l'assent...)
Pour le reste, nous avons aux claviers le fondateur, compositeur et parolier du groupe, Tuomas Holopainen, à la guitare Erno Vuorinen, à la batterie Jukka Nevalainen et enfin, à la basse et aux choeurs, Marco Hietala. Vous aurez deviné à la consonnance musical de ces patronymes que ces gens ne proviennent probablement pas de l'Amérique du Sud, et vous aurez eu raison, ils sont finlandais.
Et quel est-il, l'univers musical de ces finlandais qui, chaque année, gagnent encore quelques places dans le domaine du metal ? A vrai dire, la réponse est assez ardue, en ceci que, même si le groupe a des constantes, l'ensemble de son oeuvre est assez variée.
Il est important de signaler que, si la formation musicale est relativement classique, Tarja, elle, a à l'origine un parcours de chanteuse lyrique. C'est là que repose la dynamique principale du groupe : opposer une voix de contre à des guitares ultra saturées, ou à la voix "typique metal" du bassiste. Ce contraste informe le parcours musical du groupe : un chemin zigazagant, tortueux, et surtout excessif.
Nightwish est en effet un groupe qui cherche toujours à pousser le plus loin possible les domaines qu'il explore : ainsi, les textes, très influencés par la fantasy et l'expression d'un mal-être qui semble être un peu la marque de fabrique du metal à chanteuse poussent assez loin le bouchon, adaptant quelques vers de Tolkien, dénonçant les massacres des indiens d'Amérique ou celui du Columbine avec une naïveté touchante, et portent des titres aussi sobre que "Wishmaster" ou encore "She is my sin".
De la même façon, chaque CD porte sa marque de fabrique, qui le rend indissociable des autres. Pour "Once", le dernier album en date par exemple, le groupe s'est adjoint les services du célèbre orchestre de Londres (les amateurs du film du Seigneur des Anneaux verront de quoi je parle), ce qui donne des chansons baroques ou les instruments classiques se marient sans complexe à des riffs effrennés.
Bref, à première vue, cette mayonnaise peut sembler un peu laborieuse, voir indigeste.
Et pourtant, elle prend.
Parce que Nightwish pousse le bouchon jusqu'au bout. Chaque album est un véritable univers, possédant sa propre cohérence. Aucune chanson ne fait dans la demi-mesure : l'ambiance est heavy ? Les basses vont saturer, le bassiste hurler, et Tarja lancer des trilles à en faire pâlir d'envie (presque) Cecilia Bartoli. On adoucit les choses avec une balade ? Oubliée, la guitare électrique, ce sera à des flûtes et des sons de piano que l'on aura recours.
Et, pour peu que l'auditeur accepte ce monde grandiloquent, il effectuera un voyage qui vaut le détour. Le monde de Nightwish est en effet bourré de références musicales, textuelles, qui revêtent presque, parfois, un côté parodique, tout en restant parfaitement maîtrisé. Car les musiciens sont tout sauf des rigolos, comme en témoignent leurs nombreux concerts.
Je n'aurais jamais cru adhérer à ce groupe que l'on avait étiqueté "gothique" histoire de le ranger dans une catégorie. Cependant, lorsque j'écoute leurs chansons, il n'y a rien à expliquer : on me rend mes ailes. Peut-être est-ce la voix, d'une pureté absolue, peut-être est-ce le panorama vertigineux de paysages sonores que le groupe déroule le long de ses chansons, je n'en sais rien.
Au fil des années, Nightwish semble affirmer sa volonté d'explorer tous les registres du metal, voir même d'en déborder lorsqu'ils le désirent. Et c'est cette volonté qui, plus encore que leurs mélodies, leurs jeux de scènes et leurs paroles, laisse présager pour eux de belles, de très belles choses.