Je ne suis pas d'accord.
Tout d'abord (et c'est facile à comprendre à la structure du site), cette bande dessinée se sépare en trois périodes. Beaucoup d'auteurs de webcomics mécontents de leurs débuts subdivisent ainsi leur Å“uvre au sein d'un même site, voir tout particulièrement le
Livre 0 de "Flipside" ou
le très douloureux commencement du Walkyverse.
Voici les périodes :
Codak l'Inavouable : Les premiers pas de l'auteur. À éviter, et il en a conscience, puisque ces strips ne sont pas accessibles via la page d'accueil. Ils contiennent les balbutiements de Dresden Codak, avec par exemple les premières apparitions du loup-garou et de Oldman-Man. C'est vraiment affreux et incompréhensible, à la limite de l'art abstrait. Cela dit, on observe des éclairs de génie dans l'humour absurde, comme
ce détournement de Terminator.
Le fourre-tout : Plus de strips ici, et l'humour devient compréhensible (et souvent assez noir). Toujours très particulier, un esprit bizarroïde, des histoires indépendantes, et beaucoup, beaucoup d'informations.
L'arc d'Hob : Entamé en janvier 2007, c'est
le comics. Lancement d'un véritable arc narratif, de thèmes sérieux et de personnages dotés d'une réelle psychologie. La cohérence n'est plus un vain mot dans l'univers particulier de Dresden Codak. Idéal pour les nouveaux venus.

L'arc d'Hob aura repris de nombreux personnages et thématiques du fourre-tout, en les arrangeant à sa sauce.
Ici, la "prophétie de 2006" et son accomplissement tout récent dans l'histoire.Ensuite, Dresden Codak, ou les formidables aventures de Kimiko, jeune Géo Trouvetou féminin qui confond enfermement sur elle-même et misanthropie, voyage initiatique et démarche égoïste, dans un univers où science et mysticisme ne cessent de se mêler, c'est un monde à part, au sens le plus artistique du terme. Quelque part, même si le fourre-tout n'est qu'une étape, la bande dessinée l'a toujours été, fourre-tout, et le sera toujours. C'est un rêve, un voyage, une évasion, aux personnages caoutchouteux et aux couleurs pastels (voire, parfois, aux traits effacés), le tout nanti d'une mise en page particulière. La composition des vignettes est dynamique et inventive, mais bien souvent chaotique. C'est un parti pris, c'est la volonté d'offrir tout au lecteur, en une générosité de tous les instants.
Cette surcharge structurelle, ce don permanent de concepts scientifiques et de fantasmes magiques, devient plus évidente encore quand on remarque les "commentaires" en dessous de chaque planche. Bien souvent, il s'agit d'articles très bien fait, voire d'explications-fleuves sur la physique quantique, la mythologie toltèque, les exosquelettes que bricolent actuellement nos amis japonais, les symphonies classiques ou les chansons country susceptibles d'accompagner les pages... quand l'auteur ne nous dit pas qu'il veut chevaucher un dinosaure en tenue d'Adam (???).

Aaron Diaz définit son Å“uvre comme "une glorification de la science, de la mort et de la folie humaine". Bref, j'aime. Vive Kimiko, Dmtri et Alina ! Vive le petit Carl Jung, Oldman-Man et Heinseberg ! Vive Dresden Codak !