Eltanin

Les eaux de l'océan Ouest étaient déchaînée sous l'orage alors que dessus les coquilles de noix du dieu des marins tenaient bon contre toute attente, certains auraient pu qualifier cette tempête de "Tempête classique", comme il n'y avais pas de quoi fouetter un chat pour les nobles élus du corbeau des tempêtes qui avaient dépassé le stade de l'humanité. Ces bateaux perdus au milieu de l'océan étaient là pour une raison bien précise : une rencontre. Le dieu des mers avait accepté de rencontrer un de ses plus vieux ennemis aujourd'hui, le Dragon des mers Leviathan, qui lui disputait le contrôle du Ponant depuis des siècles, jusque là celui ci s'était contenté d'envoyer quelques Tsunamis bien placés sur son île avant de battre en retraite, mais contre toute attente il avait émis le souhait de s'entretenir avec le dieu et l'avait convoqué en pleine mer.

Le vent hurlait dans les voiles alors que le bois des bateaux craquait paisiblement et que les vagues écumaient le pont. L'heure de la rencontre allait bientôt avoir lieu et tout le monde était aux aguets du moindre piège, Leviathan avait toujours été un ennemi jusqu'alors, celà pouvait très bien être un piège, mais pour le moment, hormis ce temps de cochon, il ne semblait pas y avoir de signe de sa présence.

La foudre s'abbatit, déchirant le ciel alors que les nuages noirs plongeaient la mer dans la nuit, une colonne d'eau se dressa soudain a la surface des flots et éclata alors qu'une créature d'une taille titanesque sortait des flots, Immense comme un immeuble, près de cinq cent mètres de long, un colossal serpent des mers s'érigea en hurlant, bondissant comme un requin bondit a la surface des eaux, son corps plein d'écaille scintillant de pierres précieuses. Léviathan avait bondi si haut qu'il avait quittait l'eau et s'appretait de toute évidence a s'abbatre sur le navire principal de la flotte. En revanche l'impact n'eut jamais lieu, et ce qui s'écrasa sur le pont fut une humaine.

Grande de près d'un mètre quatre vingt, de long cheveux blonds mouillés trainant jusqu'au sol, elle portait une robe somptueuse digne d'une reine entièrement trempée, elle avait une paire de yeux bleux acérés qui lancèrent un regard impérieux a l'équipage du vaisseau. Sur sa tête, un diadème de diamants et de saphir, a son cou, un collier d'or et de gemmes, a ses mains et bras des bracelets et des bagues. Son aspect trempé ne rendait cette femme que plus belle encore, mais dans ses yeux brillait une étincelle qui signalait le danger qu'elle représentait. Elle lança d'une voix pleine de noblesse.

"Je suis la très vénérée Léviathan, Reine Dragon, maîtresse de tous les océans aux mondes, vassale de l'Empire d'Omega, Troisième génération."

Se présenta t'elle d'une voix traînante, ses yeux dévisageant l'équipage. Jamais de mémoire d'homme ne vit on femme plus belle, mais d'une beauté telle qu'elle rappelle l'océan, quelques fois doux et magnifique, mais imprévisible et terrible la seconde ou on ne fait plus attention a lui.

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S'il y avait une chose qu'on pouvait dire en faveur des habitants du Ponant, c'est qu'ils n'avaient pas froid aux yeux. Nombre d'entre eux crurent leur dernière heure arrivée lorsqu'ils virent la forme draconique de Léviathan s'élever hors des eaux, mais ils ne frémirent pas et ne montrèrent pas le moindre signe de faiblesse. Encore à présent, ils se tenaient prêts à faire face à elle dans le cas où elle attaquerait, et cela alors même qu'elle aurait pu les anéantir en un instant et qu'ils le savaient fort bien.

La présence de leur dieu à leur côté y était pour quelque chose, bien sûr. Rare étaient les fois où Typhée voyageait au côté de ses marins ; l'approche du dieu étant en général de mauvais augure, présage de tempêtes et d'épreuves. Mais aujourd'hui, il était à leur côté, sa présence exerçant une pression subtile qui leur causait à la fois peur et excitation. Typhée, vêtue de son manteau de plumes noires, regardait la silhouette de Léviathan d'un air austère. Si son masque lui donnait l'air impassible, il n'en était pas moins en proie au doute. Il s'était toujours demandé si il était capable de défaire la dragonne en combat singulier - son incroyable puissance physique pourrait s'avérer plus dangereuse que toutes les tempêtes du Corbeau.

Il rejeta ses pensées et se concentra sur le moment présent alors que la forme humaine de Léviathan retombait sur le pont. Ses phalanges se resserrèrent autour du colossal harpon divin qu'il tenait comme un sceptre ou un bâton de marche, et le vent gémit dans ses plumes alors qu'il fit un pas vers la dragonne.

"Et je suis Typhée, le Corbeau des Tempêtes, maître de tous les ouragans et père jaloux de tous les marins - fils de Prime, né de l'écume des vagues." Son ton était sombre et solennel, agité de la promesse de la tourmente à venir, mais elle s'adoucit un tout petit peu lorsqu'il ajouta, comme une concession à son ennemie de longue date : "Vous êtes toujours aussi belle."

La dragonne répondit a la flatterie de Typhée par un sourire carnassier qui avec ses traits de superbe femme passait sans trop de mal pour un sourire ambitieux. Tous pouvaient sentir dans ces yeux l'intelligence froide et redoutable d'une créature qui avait des siècles d’expérience derrière elle, tout en particulier dans le domaine de l'homicide (enfin peut on parler d'homicide quand une lame de fond fait au moins un millier de victime ?) Léviathan joignit ses mains lourdement baguées. Les gemmes qu'elle portait sur son corps en disait long sur sa puissance, les dragons n'amassaient pas forcément de l'or uniquement pour le regarder briller, se parer de pierreries était un moyen de faire connaître a tous son statut. Sa stature, était celle d'une reine, un port altier que seul la noblesse pouvait avoir l'effronterie d'afficher.

"Je vous suis, Corbeau des Tempètes."

Contre toute attente, Léviathan ne comptait pas déclamer ce qu'elle avait a dire sur le pont devant tous les fidèles de Typhée, mais bel et bien en privé et attendait donc en temps qu'invitée de se faire mener aux quartiers. On en attendait pas moins d'une Grande Dame, mais d'un ennemi ? D'un Dragon ? Un Dragon qui plus est qui était dans son élémént dans l'eau? N'avait elle pas de crainte a s'enfermer dans une pièce ? Avait elle mis au point un plan sournois pour assassiner Typhée sans que ses fidèles puissent réagir? Le fils de Prime n'était pas a sous estimer non plus, et il aurait tant fait de l'étrangler a main nues. Malgré son corps gracieux, elle n'avait pas l'air fragile, elle dégageait une sorte d'aura qui la rendait redoutable.

Sans plus attendre, elle avança, faisant mine de se diriger vers la cabine la plus proche, levant sa robe trempée pour ne pas marcher dessus a la façon d'une dame.

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Oh. Typhée regarda autour de lui, cherchant le capitaine du navire ; ses yeux s’arrêtèrent sur un homme de forte stature, dont les yeux noirs étaient ceux d'un oiseau, et dont la bouche et le nez se rejoignaient en un bec sombre. Les marques du seigneur des tempêtes étaient profondes chez lui, et l'homme aurait pu d'un geste commander aux eaux de se soulever et d'engloutir un navire tout entier. Si la présence de dieux en face de lui l'effrayait, il ne le montrait pas.

Si les habitants du Ponant souffraient d'un vice, c'était bien l'orgueil, et l'obsession de ne jamais montrer signe de faiblesse.

"Capitaine, me prêterez-vous votre cabine ?" demanda Typhée d'une voix polie. L'homme hocha la tête respectueusement, et Typhée tourna les talons vers l'intérieur du navire. De fait, bien qu'il se soit trouvé sur le pont, il ne séait guère au Corbeau de voyager enfermé dans une infime boîte de bois, quand il pouvait étendre ses ailes et traverser les océans avec la vitesse de l'oiseau. Aussi, discuter dans des quartiers privés demandait l'emprunt de la cabine du capitaine - non qu'il aurait jamais refusé ; par loi, le maître du Ponant avait droit de séjour et autorité sur tout navire du pays.

Sans même regarder derrière lui - un signe d'audace plus que de confiance en la dragonne - Typhée conduisit Léviathan au pont inférieur et à l'arrière du navire, où ils pénétrèrent dans les quartiers du capitaine... Si les couloirs du bateau étaient étroits et bas de plafond, fait en bois robuste et marqué par un souci pratique qui n'avait que faire d'esthétisme, la cabine en allait différemment : large, richement décorée, on y trouvait des gravures ornant les murs et une petite bibliothèque, ainsi que des meubles de bois finement travaillés. Typhée se plaça à la droite du bureau du capitaine, et se retourna vers Léviathan:

"Il semble que vous ne soyez pas venue ici pour vous battre, altesse. Quel étrange vent vous amène en ces eaux?"

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