Le premier cours de l?après-midi était Défense contre les Forces du Mal avec le/la nouvelle professeur : Pan Sement.
Le/la? Vous avez bien lu.
En Anglais on dit « She » pour les femmes, « He » pour les hommes, et « It » pour tout le reste. Et bien Pan Sement était on ne peut plus « it ». Nul dans toute l?école était capable de dire si ce/cette professeur était un homme ou une femme. Et son prénom était d?une inutilité parfaite pour connaître ce genre de détail. En effet « Pan » n?est ni féminin ni masculin? pour tout dire on avait même du mal à considérer ce mot comme un prénom. En l?entendant, on pense plutôt à un onomatopée? Ou à une flûte? ou à un dieu? (auquel personne n?a envi en général d?être associé) ou, selon la prononciation So-British ("pa-neuh"), à un garagiste? Mon Dieu, quel genre de parents peuvent bien affubler leur progéniture d?un tel prénom??
(pause)
?Sans doute le même genre de personne qui les prénomment Severus, Bellatrix, Minerva ou encore Nymphadora? Donc le/la professeur Sement était un/une sorcier(ère) sang-pure avec sans doute un arbre généalogique tellement consanguin que l?on comprenait mieux l?anormalité de cette... personne.
Enfin bref, Pan Sement, était le genre de personne à qui on évitait d?adresser la parole car on ne savait jamais s?il fallait lui dire Madame ou Monsieur.
Cependant, la porte de la salle de Défense contre les force du mal s?ouvrit. Instinctivement les élèves les plus proches se poussèrent pour libérer le passage et laisser passer ceux qui sortaient.
Les première année de Poufsouffle, qui venaient d?avoir cours de Défense contre les Forces du Mal de 2 à 3h, étaient livides? et même plus que livides. Ils semblaient morts. Ils avaient les traits tirés, le teint cireux. Certains étaient pris de tremblements convulsifs. Ils jetaient des regards hagards autours d?eux. Le dernier à sortir de la salle, le plus atteint d?entre tous, semblait sur le point de pleurer.
« Sauvez-vous ! » Cria le malheureux Poufsouffle en s?écroulant dans les bras d?un Serpentard qui se trouvait devant lui. « C?est un démon ! C?est pas humain ! »
Le Serpentard, pâle car ce misérable Poufsouffle venait de lui salir son uniforme, rejeta le première année avec dégoût.
Quand les Poufsouffle eurent disparu au coin du couloir, les dernières années ne firent pas un geste pour entrer dans la salle. Plusieurs jetèrent un coup d??il inquiet à l?intérieur de la salle mais ne virent pas le/la prof. Tous le monde s?échangea des regards de défis. Qui oserait entrer en premier ?
Il régnait une ambiance étrange dans cette pièce. Il y faisait anormalement chaud. Il y avait des parchemins sur les pupitres, des gribouillis sur le tableau (la personne qui les avait tracé devait pourtant être sincèrement persuadée avoir écrit dans une langue quelconque). Le bureau du (de la) prof était recouvert d?une montagne de papiers, parchemins, livres, bibelots et de plumes en équilibre instable.
Et pas la moindre trace de professeur.
Les élèves, perplexes, s?installèrent avec méfiance à leur place. Il inspectèrent les parchemins qui étaient, semble-t-il, fixés à leur pupitre.
Les Serpentard eurent beau les examiner de près, ils ne comprirent pas comment étaient accroché ces parchemins. On aurait dit qu?il y avait de petits morceaux de métal qui les reliaient à la table. Bizarre, vraiment bizarre.
Contrairement à ce que l?on pourrait croire, les Serpentard n?étaient pas stupides (quoique) mais en digne sorciers, descendant de sorciers, eux même descendant de sorciers, ils n?avaient jamais vu de leur vie une agrafe ou une agrafeuse et ne pouvaient même pas en imaginer l?existence.
Les sorciers d?origine Moldu (Si, si ! Il y en a !), se demandèrent tout de même pourquoi ces parchemins avaient été agrafés sur les tables.
Tout à coup il y eut un « BONG ». Le monticule qui se trouvait sur le bureau du (de la) prof s?ébranla et s?écroula en partie sur le sol.
Quelqu?un émergea de derrière le bureau en se massant la tête et en poussant, d?une voix trop aiguë pour être celle d?une homme et trop grave pour être celle d?une femme, quelques jurons particulièrement grossiers qui choquèrent énormément les élèves.
Le/la professeur P. Sement se redressa lentement. Visiblement il/elle s?était à moitié assommé(e) en se cognant à son bureau (pauvre, pauvre bureau).
Pan était un? heu? une? heu? humanoïde (bien ça, humanoïde) de taille moyenne. Maigre. Avec des yeux de femme, un nez d?homme et une bouche de? heu? poulpe. Ses cheveux, rouges, bleus et gris, retombaient platement de chaque côté de son visage blafard. Il/elle portait une robe de sorcier noire, informe et visiblement quatre fois trop grande pour lui/elle.
Dans la main qui ne massait pas la bosse qu?il/elle venait de se faire, il/elle tenait une énorme agrafeuse. Vous savez, ces très grandes agrafeuses qui servent à placarder des affiches ou des plaques sur les murs. Et bien il/elle en avait une.
Sans comprendre vraiment pourquoi, tous les élèves frissonnèrent à la vu de leur prof en possession d?un tel objet. (Même ceux qui ne savaient pas ce que c?était)
« Bonjour ! » S?écria Sement (d?une voix qui était trop aiguë même pour une femme).
Un vague murmure de salutation parcourut les élèves, tous étaient absolument obnubilés par l?agrafeuse. Seuls quelques uns remarquèrent l?étrange élocution du (de la) prof.
« Bon » reprit le/la prof, d?une voix grave comme un basson. (cet humanoïde avait une voix qui couvrait quatre octaves !)
« Vous êtes les dernières années de Serpentard ? »
Cette fois les élèves ne purent faire autrement que de remarquer l?élocution de leur professeur. Tous fixèrent Sement avec stupeur et horreur. Tant et si bien que personne ne répondit au prof. Cependant, même le/la professeur ne sembla pas le remarquer.
« Alors? » Soupira Sement en se grattant la tête avec la partie métallique de son agrafeuse.
Les élèves qui venaient de familles Moldues frissonnèrent. Un seul petit faux mouvement, la moindre petite pression de la main et le/la prof s?agrafait la tête.
Les Serpentards étaient médusés par le spectacle. Ils s?échangèrent un regard rapide. Ce/cette prof avait l?air extrêmement intéressant et légèrement dangereux pour lui/elle-même? Du sang ! du sang ! Du sang ! se retenaient-ils d?acclamer.
« Nous allons parler des armes Moldues ! »
Il y eut quelques murmures de protestations dans les rangs des Serpentard. Les armes Moldues? Moldues ! Mais pour quoi faire ? Qu?avaient-ils à faire de choses absolument pas magique.
Sement regarda ses élèves sans dire un mot et attendit sagement qu?ils se trouvent à court d?arguments. Pendant cette attente, il/elle jouait machinalement avec l?agrafeuse ce qui effrayait de plus en plus les élèves.
« Bon ! » Reprit le/la professeur d?une voix de soprano. « Qui peut me dire quel est le point commun entre les armes sorcières et les armes Moldues ? »
Il y eut un vague silence pendant lequel le/la professeur s?appuya contre le rebord de son bureau, ce qui fit s?écrouler un peu plus le monticule de trucs qu?il y avait dessus. Agacé(e), Sement plaqua un paquet de feuilles qui glissait lentement mais sûrement vers le sol et dans un « chklong » diabolique d?agrafeuse, le fixa en place sur le bureau. Il/elle regarda son ?uvre avec un certain bonheur qui terrorisa les élèves du premier rang.
Un Serpentard prit toute son arrogance et répondit enfin à la question du (de la) professeur.
« Aucun ! Il n?y a rien de commun entre les Sorciers et les ? Moldus. »
Sement agita la tête en roulant des yeux. Dans son geste, il/elle déstabilisa un peu plus le monticule de son bureau.
Shklong !
Le tas fut à nouveau stable.
« Et bien? » Reprit la voix en méso-alto du (de la) professeur Sement
En parlant, il/elle s?était redressé(e), ce qui déstabilisa encore le monticule.
Chklong !
« ?C?est absolument faux ! »
Petits rires méprisants dans la salle.
« Armes sorcières et Moldues ont comme point commun d?être aussi efficaces les unes que les autres pour vous tuer ! »
« Mais, c?est des armes Moldues ! C?est pas dangereux pour nous ! » Se moqua un Serpentard.
« Vous savez? » S?anima le/la professeur. « Qu'on soit tué par une arme moldue ou sorcière, quand on est mort, c?est pour longtemps ! »
Nouveau rire sarcastique dans la salle.
« De plus, de nombreux sorciers sont blessés, voir tués, tous les ans, par des armes moldues car ces sorciers les ont traité avec trop de légèreté, ou par méconnaissance du danger que représente ces armes. Et puis, on a bien tort de sous-estimer ces armes car les moldus ont une imagination et une inventivité extraordinaire quand il s?agit de tuer leur contemporain. Et là , ils se fichent que la personne en face soit moldue ou sorcière. »
Le/la professeur fit une rapide pause. Il/elle s?approcha du monticule et voulut y prendre quelque chose. Cela déstabilisa le tas.
Chklong ! Chklong !
Problème réglé.
De leur côté, les élèves, fatigués par l?effort inhumain que nécessitait le fait d?écouter et d?essayer de comprendre ce que disait leur professeur, ne disaient plus rien. Ils comprenaient de mieux en mieux pourquoi les premières années de Poufsouffle qu?ils avaient croisé avait l?air de zombies en sortant de Défense contre les force du mal.
« Au fil des siècles, les moldus ont su créer des armes, diverses et variées, aussi efficaces pour vous tuer que l?Avada kedavra, aussi efficace que le Doloris pour vous torturer ou aussi efficace pour vous laver le cerveau que l?Impérium. Il est donc impérieux que vous sachiez comment les reconnaître et quoi faire si on vous menaçait avec ! »
Silence.
Une feuille s?échappa du tas.
Chklong !
« Cette année nous commencerons par étudier les armes cent pour cent moldues. Puis nous verrons les objets moldus qui ont été ensorceler, nous poursuivrons sur les ensorcellements d?objet sorciers et nous finirons sur les ensorcellement en général ainsi que sur les manières de les détecter, de s?en prémunir et de s?en débarrasser. »
Le programme de l?année fut accueilli dans un silence de mort.
« Pour ce premier cours sur les armes Moldues, nous étudierons ceci ! » Annonça Sement en brandissant son agrafeuse.
Silence?
Murmure?
Petits bruits de rires?
Regard noir de la part du (de la) prof.
Rire franc?
« Puis-je savoir ce qui vous fait rire ? » Aboya Sement.
Silence gêné
« Mon? heu? Mad?heu? Professeur, C?est? c?est pas une arme, c?est une agrafeuse ! » Finit par dire une Serpentard (qui, comme tous les autres Serpentards, est très courageuse quand il s?agit de rabaisser un prof, quel qu?il soit.)
Silence.
Le/la professeur Sement dévisagea l?élève qui venait de parler. Son visage passa par toute les émotions avant de décider que la colère serait de bon ton.
« Comment ? » Cria Sement. « Je peux vous garantir que ceci est une armes très dangereuse ! »
En parlant le/la professeur s?était mise à gesticuler, faisant des moulinets du poignet et agitant la-dite « arme ». Tous les élèves les plus proches se reculèrent vivement.
Sement se cogna alors brutalement dans son bureau.
Ce fut alors le cataclysme sur le-dit bureau. Feuilles, parchemins, livres et plumes se désolidarisèrent et chacun commença à glisser de son côté.
Le/la professeur Sement fit volte-face pour faire front à l?avalanche de ses affaires, l?agrafeuse à la main.
Chklong ! Chklong ! Chklong ! Chklong ! Chklong ! Chklong ! Chklong ! Chklong !
« HHhhaaaaaaaaaaaa !!!!! » Hurla tout à coup Sement.
Il/elle se retourna vers les élèves en proie à l?hystérie. Il/elle avait lâché l?agrafeuse et se tenait le bras gauche avec horreur.
En comprenant la raison du comportement de leur prof, les élèves devinrent plus pâle, surtout ceux du premier rang. En effet, Sement, dans ses « Chklong » compulsifs, s?était enfoncé(e) quatre agrafes dans le bras et perdait beaucoup de sang.
Ce qui ce passa ensuite ne dura qu?une demi seconde, c?est à dire le temps qu?il fallut au prof pour partir en courant (et en hurlant) en direction de l?infirmerie. Les élèves s?échangèrent des regards médusés, perplexes et plein d?incompréhension.
Que venait-il de se passer exactement ?
En tous cas, il semblait que, effectivement, une malheureuse agrafeuse puisse se transformer en une arme redoutable.
Il y eut un moment de flottement dans la salle, les élèves ne savaient pas trop comment réagir. Les préfets reprirent leur esprit les premiers et ordonnèrent de garder calme et silence pendant qu?ils allaient voir ce qu?était devenu le/la prof.
Résultat, ce fut une vrai cohue dans la salle dés que les préfets eurent disparu dans le couloir.
Fin du cours de Défenses contre les Forces du Mal.
_________________ "SIDO : Aucune image ne peut rivaliser avec les richesses d'un texte ! Pour le croire aussi naïvement, il faut n'avoir jamais connu le plaisir de tenir entre ses mains un ouvrage inconnu : l'ivresse de le feuilleter, d'en goûter toutes les promesses avant même de se plonger dans sa lecture..."
Christian Grenier, Virus L.I.V.3 ou la mort des livres
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