Note : c'est une dissertation de philo et j'ai obtenu un 16/20, j'espère qu'elle vous servira.
[ Des actes étranges] Chacun de nous a pu faire l'expérience, à un moment ou à un autre, d?avoir agi ou d'avoir pensé sans l'avoir voulu, de ne pas avoir perçu immédiatement le sens de ces actions déclenchées sans réflexion. Notre conscience n'aperçoit pas, non plus, toujours les modifications de notre environnement. On explique souvent que ses productions involontaires sont le fruit de la tension ou de la fatigue, laissant notre volonté disparaître au profit des instincts.
[Une hypothèse : L'inconscient] Cependant ces explications, quasi rassurantes, n'ont pas satisfait les observations réalisées par Freud sur des malades atteints de troubles psychiques. Il a alors émis l'hypothèse de l'inconscient pour expliquer l'origine de ces troubles. Ainsi l'acte irréfléchi passe d'une manifestation corporelle (les instincts) à une manifestation spirituelle (l'inconscient) riche de signes interprétables : la psychanalyse était née. Le vouloir inconscient est-il alors la cause par exemple des lapsus et des actes manqués et faut-il admettre que le moi n'est pas maître chez lui ?
[ Des interrogations] Il est donc légitime de se demander si l'existence de l'inconscient est une certitude ou une hypothèse... Plus subtilement, peut-on considérer que l'inconscient est bien réel et qu'il échappe à la conscience ou qu'il n'est qu'une interprétation pratique ?
I) Définir l'inconscient
[Descartes et l'inconscient] Lorsque Descartes conçoit qu'être conscient c'est avoir conscience d'être (« je pense donc je suis »), il établit de même le postulat que toute pensée et tout acte sont nécessairement conscients. Admettre l'existence de l'inconscient revient donc à contredire ce raisonnement, cela amenant un paradoxe : Si l'inconscient échappe par définition à la conscience, il ne peut lui être révélé, dans le cas contraire il ne devient possible qu'en niant sa réalité ; si la conscience constate effectivement son existence, l'inconscient n'est plus inconscient. En suivant le raisonnement cartésien, l'inconscient ne peut donc être quelque chose de réel et ne dépasse alors pas le stade de l'hypothèse. Mais si on réfute le postulat cartésien ? Il faut alors définir plus précisément ce qu'est l'inconscient.
[L'inconscient fait partie d'un tout] Si on admet l'inconscient comme faisant partie de la psyché humaine, il faut alors rejeter l'idée que cette partie est isolée du reste ; en effet, on pourrait croire que l'inconscient est un mécanisme fonctionnant séparément, amenant à penser qu'il s'apparente à un « autre Moi » agissant seul. Un Moi qui aurait ses pulsions et ses tabous et qu'on ne pourrait jamais contrôler, justifiant ainsi toute conduite irresponsable et dépravée par le seul fait qu'un sous-être nous habite et nous dirige lors de moment de faiblesse, tel un démon ayant le pouvoir de posséder un esprit. Le fait est que cette pensée est simpliste ; l'inconscient ne semble pas être le siège d'un diablotin mais le lieu où nos désirs, provenant de notre vécu, prennent place librement et se transforment en pulsions, agissant sur notre psyché au point que, quelquefois, elles nous trahissent par une pensée fugace ou par des gestes incontrôlés. Ainsi l'inconscient est perçu comme le résultat de nos pensées, non d?autres phénomènes. C'est le fait de ne pas percevoir ses pensées consciemment qui donnent à l'inconscient ce rôle de centre de nos pulsions animales. L'hypothèse mal comprise peut donc être dangereuse, et mieux définie, elle semble confortée mais suffit-elle réellement à tout expliquer ou n'y a-t-il pas une autre explication ?
[Les limites d'un raisonnement] Pour expliquer le refoulement des désirs et des pulsions vers l'inconscient, Freud émet l'existence d'une puissance de contrôle dans l'appareil inconscient, qu'il nomme censure et qui empêcherait ces pensées de passer à la claire conscience, une sorte d'entité morale tendant à empêcher, après les avoir fait passer dans l'inconscient, la remontée de ces pensées. L'existence alors des lapsus, des actes manqués et d'autres phénomènes de ce genre serait le fait des défaillances de ce mécanisme de régulation. Le cas célèbre d'une patiente atteinte d'une névrose est ici démonstratif : déchirée par le fait de désirer le mari de sa soeur, la femme est portée par un désir jugé immoral mais que l'entité n'arrive pas à refouler, d'où la situation de névrose causée par le choix impossible à faire. À cette explication, on peut opposer, comme le dit Sartre, le fait que pour censurer quelque chose, il faut nécessairement avoir connaissance de cette chose et de sa valeur ce que l'hypothèse de l'inconscient ne fait pas, en effet elle impose que l'entité morale fasse partie de l'inconscient et donc qu'il y est ignorance sur le savoir à refouler, or ceci est impossible car on ne peut savoir quelque chose qu'en en ayant conscience et donc connaissance. Il faut donc que la censure soit consciente de soi. Or la censure vise à ne pas rendre conscient les désirs ou les pulsions jugés immorales. C'est pourquoi, si la censure empêche de rendre conscient les désirs et les pulsions inavouables tout en en ayant conscience, c'est qu'elle les cache et donc qu'elle se ment à elle-même. La censure est donc de mauvaise foi. Dans l'exemple précédent on peut alors réexpliquer la névrose par le concept de mauvaise foi : la femme est déchirée car elle se ment à elle-même le désir propre qu'elle éprouve pour le mari de sa soeur. Le concept de mauvaise foi, sauvegardant l'unité de la psyché, peut ainsi remplacer l'hypothèse de l'inconscient, qui apparaît alors comme inutile et son existence remise en cause... Remise en cause ? Pas si sûr ! Si la censure n'est pas un phénomène inconscient, tous les phénomènes ne peuvent s'expliquer par la mauvaise foi et à plus forte raison par les mécanismes conscients.
II) Phénomènes inconscients
[Où l'inconscient agit] Il est des mécanismes où la conscience ne joue pas de rôle apparent, comme les mécanismes d'isolation nés de l'habitude ou enclenchés par la concentration : Les perceptions extérieures ne sont pas ressenties lors de ces moments, quoique l'organe reçoit et traite la perception en information, le sujet n'en a pas conscience ; cela implique qu'il y a sélection de l'information et rejet (vers l'inconscient) des informations lorsque celles-ci ne portent pas d'intérêt dans l'immédiat ; il peut même par ailleurs y avoir des gestes inconscients pour favoriser cet îlot d'isolation, exemple : Fermer les yeux quand on écoute de la musique, oublier la douleur quand on combat, ou encore ne pas tenir compte de la température lors d'un acte sexuel. Cette sélection s'opère donc par un mécanisme inconscient qui absorbe les informations jugées inutiles dans l'instant présent. On a aussi comme exemple l'habitude aux grands bruits, tel le bruit des trains mitoyens des habitations ou du tic-tac des horloges, qui dérangent au début mais qu'on n'a plus conscience de percevoir au bout d'un certain temps, car la nouveauté ayant disparu, la conscience n'a plus de raison d'en tenir compte, elle passe le relais à l'inconscient pouvant ainsi se concentrer sur des perceptions nouvelles. L'inconscient joue donc le rôle de mise en réserve des perceptions superflues. Se peut-il alors que l'inconscient ressorte ses « souvenirs » de perceptions au moment où on ne pense plus à l'immédiat ?
[Le travail de l'inconscient] Que l'inconscient ressorte ces souvenirs de perceptions implique donc que nous en ayons alors conscience ( tout du moins que l'on ait le souvenir), il faut donc que je mémorise d'une façon ou d'une autre ces souvenirs inconscients dans ma conscience. Comment cela pourrait-il être possible, quel en serait le mécanisme ? On sait aujourd'hui que lors de notre sommeil, le cerveau lui ne se repose pas, il réorganise nos souvenirs (c'est d'ailleurs un phénomène très important pour la mémoire : activité paradoxale). Or, il est évident que lorsque l'on dort nous n'en avons pas clairement conscience, les rêves sont les seules traces qui subsistent parfois à notre réveil. On peut se demander alors si la production des rêves n'est pas le retour de ses perceptions que l'on a ignorées inconsciemment pendant la journée, et si l'inconscient ne profite pas de ce moment pour se décharger de ce « trop plein » de perceptions en « en libérant » une partie à notre conscience endormie. Ceci expliquerait pourquoi les rêves sont si riches de sensations... On le voit donc, l'hypothèse de l'inconscient est ici la meilleure façon d'expliquer les mécanismes de la mémoire. Mais Freud ne s'est pas arrêté là , grâce à ces observations (et à ces interprétations), il a démontré que l'hypothèse de l'inconscient pouvait s'appliquer à expliquer les mécanismes de l'esprit.
III) L'esprit et l'inconscient
[L'hypothèse de Freud proprement dite] L'hypothèse de l'inconscient permet d'expliquer de nombreux symptômes qui jusque-là demeuraient inexplicables. Freud s'est appuyé sur la pratique médicale pour prouver la validité de l'existence de l'inconscient, en effet grâce à la compréhension de l'inconscient de nombreux patients ont été guéris de leurs troubles psychiques, elle rend aussi cohérente l'observation de la plupart (n'étant pas psychanalystes, je ne m'étendrai pas à parler de tous les cas et d'ailleurs ce ne serait pas pertinent), des symptômes et elle permet d'en expliquer l'origine par la division de l'esprit en trois états de conscience différent (inconscience, conscience, préconscience) et en une Trinité des sujets (le ça, le moi, le surmoi) qui le régulent et s'affrontent obstinément pour satisfaire leurs « directives conflictuelles »...
[Validité de l'inconscient] Rendant compte de phénomènes proprement psychiques avec une logique implacable (tel que l'attirance des pères pour leur fille, le sexe n'est jamais bien loin), l'existence de l'inconscient est, malgré les attaques qui lui ont été faites et malgré les paradoxes qu'elle entraîne, une certitude et un outil précieux pour étudier l'esprit humain.
Il est donc raisonnable d'admettre la notion d'inconscient.
Appréciation : Bon travail, sérieux, réfléchi. Prolongez la réflexion en vous demandant de quel type de légitimité scientifique il s'agit là . (mathématiques ?)
J'aurais pu parler en plus approfondi de la Trinité et des trois états et aussi en suivant le conseil du correcteur : c'est une légitimité expérimentale (SVT) elle s'appuie sur les expériences médicales...
_________________ Meaow, c'est pas la même chose que Miaou ! C'est plus pointu, plus exotique ! Certes, c'est un anglicisme, mais... L'anglicisme dans les onomatopées me va ! Yeah !
Raphaël
Ah, glander n'est pas de tout repos !
Kanar
Dernière édition par Zohar De Malkchour le 19 Déc 2005, 03:57, édité 3 fois.
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