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Les trois métamorphoses
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Auteur:  LoRd~DeLaCrOiX [ 09 Sep 2005, 15:48 ]
Sujet du message:  Les trois métamorphoses

Dans le but de rafraîchir et de réveillée cette rubrique s'étant endormie sous les messages des faqueux, je propose donc ce texte de nietzsche 'achement grave profond. Pour une fois la traduction n'est pas trop pourrie, mais n'en demeure pas exacte (Je le répète, il faut acheter l'édition avec le chameau en couverture)

Nietzsche - Zarathoustra a écrit:

Les trois métamorphoses.


Je vais vous dire trois métamorphoses de l'esprit: comment l'esprit devient chameau, comment le chameau devient lion, et comment enfin le lion devient enfant.
Il est maint fardeau pesant pour l'esprit, pour l'esprit patient et vigoureux en qui domine le respect: sa vigueur réclame le fardeau pesant, le plus pesant.

Qu'y a-t-il de plus pesant! Ainsi interroge l'esprit robuste. Dites-le, ô héros, afin que je le charge sur moi et que ma force se réjouisse.

N'est-ce pas cela: s'humilier pour faire souffrir son orgueil? Faire luire sa folie pour tourner en dérision sa sagesse?
Ou bien est-ce cela: déserter une cause, au moment où elle célèbre sa victoire? Monter sur de hautes montagnes pour tenter le tentateur?
Ou bien est-ce cela: se nourrir des glands et de l'herbe de la connaissance, et souffrir la faim dans son âme, pour l'amour de la vérité?
Ou bien est-ce cela: être malade et renvoyer les consolateurs, se lier d'amitié avec des sourds qui m'entendent jamais ce que tu veux?
Ou bien est-ce cela: descendre dans l'eau sale si c'est l'eau de la vérité et ne point repousser les grenouilles visqueuses et les purulents crapauds?$
Ou bien est-ce cela: aimer qui nous méprise et tendre la main au fantôme lorsqu'il veut nous effrayer?

L'esprit robuste charge sur lui tous ces fardeaux pesants: tel le chameau qui sitôt chargé se hâte vers le désert, ainsi lui se hâte vers son désert.

Mais au fond du désert le plus solitaire s'accomplit la seconde métamorphose: ici l'esprit devient lion, il veut conquérir la liberté et être maître de son propre désert.
Il cherche ici son dernier maître: il veut être l'ennemi de ce maître, comme il est l'ennemi de son dernier dieu; il veut lutter pour la victoire avec le grand dragon.

Quel est le grand dragon que l'esprit ne veut plus appeler ni dieu ni maître? "Tu dois", s'appelle le grand dragon. Mais l'esprit du lion dit: "Je veux."
"Tu dois" le guette au bord du chemin, étincelant d'or sous sa carapace aux mille écailles, et sur chaque écaille brille en lettres dorées: "Tu dois!"
Des valeurs de mille années brillent sur ces écailles et ainsi parle le plus puissant de tous les dragons: "Tout ce qui est valeur - brille sur moi."
Tout ce qui est valeur a déjà  été créé, et c'est moi qui représente toutes les valeurs créées. En vérité il ne doit plus y avoir de "Je veux"! Ainsi parle le dragon.

Mes frères, pourquoi est-il besoin du lion de l'esprit? La bête robuste qui s'abstient et qui est respectueuse ne suffit-elle pas?
Créer des valeurs nouvelles - le lion même ne le peut pas encore: mais se rendre libre pour la création nouvelle - c'est ce que peut la puissance du lion.
Se faire libre, opposer une divine négation, même au devoir: telle, mes frères, est la tâche où il est besoin du lion.
Conquérir le droit de créer des valeurs nouvelles - c'est la plus terrible conquête pour un esprit patient et respectueux. En vérité, c'est là  un acte féroce, pour lui, et le fait d'une bête de proie.

Il aimait jadis le "Tu dois" comme son bien le plus sacré: maintenant il lui faut trouver l'illusion et l'arbitraire, même dans ce bien le plus sacré, pour qu'il fasse, aux dépens de son amour, la conquête de la liberté: il faut un lion pour un pareil rapt.

Mais, dites-moi, mes frères, que peut faire l'enfant que le lion ne pouvait faire? Pourquoi faut-il que le lion ravisseur devienne enfant?
L'enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation.

Oui, pour le jeu divin de la création, ô mes frères, il faut une sainte affirmation: l'esprit veut maintenant sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde.
Je vous ai nommé trois métamorphoses de l'esprit: comment l'esprit devient chameau, comment l'esprit devient lion, et comment enfin le lion devient enfant. -
Ainsi parlait Zarathoustra. Et en ce temps-là  il séjournait dans la ville qu'on appelle: la Vache multicolore.


(edit)
Puisqu'il faut poster un premier le commentaire sur le texte pour que d'autres viennent ensuite, je commence.



Avant tout, je tient à  signaler que cet extrait ne constitue en aucun cas trois évolution de l'intelligence, donc pas d'interprétation insalubre constituant le fait dit (le chameau c'est le con, le lion c'est le moyen, l'enfant c'est l'intelligent). C'est juste une évolution de la forme de pensée.

Le chameau est la forme la plus rudimentaire, la plus complexée - il n'en est pas pour le moins bête. Il ne demande qu'à  pouvoir prouver sa valeur aux autres en attendant une occasion (la phrase ''Charge moi d'un poids, que je te montre que je suis capable de le porter" est la plus caractéristique de cet esprit 'timide.) Le chameau considère le fait d'être reconnu fort et "robuste" par la société est une finalité. Bref, il a besoin de l'autre.

Néanmoins, quand il va dans le désert ou le conduit sa charge, et ou personne ne peut le charger, il devient son propre chamelier (Naissance d'une forme de volonté, plus précisément d'un désir). Le chameau devient un lion, un lion qui "veut", qui désir. Mais il n'est pas toujours capable de réaliser ses "désirs". Il n'a pas de volonté (à  prendre cette fois le terme volonté au sens D'action [Exemple simplet : On se complet à  flemmarder le matin, parce que le lit est douillet alors que l'on sait que cela n'apporte rien. Mais on finit bien par se lever, après avoir gaspillé du temps. La volonté (action), ça sert à  se lever directement.])

Quand à  l'enfant, ce n'est qu'une forme d'esprit pareille au lion (avec toujours ce Désir), mais n'ayant pas de 'complexe réalisatoire' vis à  vis de ses désirs. (Ce qui pourrait sous entendre une forme de perfectionnisme dans le Lion).

Evidement, je détaillerais plus que les évidences énoncée, car il n'y a que dans la polémique que les grandes idées philosophique apparaissent.

Auteur:  Raphychou [ 10 Sep 2005, 04:04 ]
Sujet du message: 

Mais ne serait-ce pas là  un retour au vieux fantasme de l'acte libre ? Des désirs gratuits, sans conditions, en suivant les impulsions du moment... voilà  qui est certes digne d'un enfant, pas seulement au niveau de l'image. Kant l'a bien dit : il n'y a pas d'acte libre. Je partage sa conviction, en ce sens que l'identité, consciente et inconsciente, est une prison définissant tous nos choix (il me semble en avoir déjà  parlé sur un autre sujet).
Du coup, l'enfant, en "se livrant à  sa propre volonté" sans point de référence, sombre dans l'illusion, celle d'une intention dépourvue de toute base. Comment peut-on créer sa volonté sans en comprendre la nécessité ? Le lion ne comprenait pas, mais il remplaçait la détermination née du savoir par le désir : celui lui fournissait la force d'avancer. L'enfant, lui, livré à  lui-même, n'a plus rien, car son dénuement qui aurait dû le libérer n'a fait que le précipiter dans le néant. Voilà  l'erreur fatale de l'extrême : l'absolu constitue la fin de l'être humain. Une volonté sans motivations ne saurait exister que sous forme d'impulsions erratiques et non constructives ou d'une conviction sans frein qu'il est possible et même bénéfique de conserver une inertie mortifère.

La solution ? Elle se situe peut-être dans la remise en question cartésienne. Essayer de remodeler ses schémas de valeur, sans pouvoir véritablement tendre au plus raisonnable (toujours la prison de l'identité... et d'ailleurs, la raison n'est-elle pas, en ce qui concerne l'humain, un parti pris, tout autant que l'égoïsme ou la générosité ?), afin d'employer ce nouveau système de références à  bon escient, comme base de sa volonté.

Auteur:  LoRd~DeLaCrOiX [ 13 Sep 2005, 19:39 ]
Sujet du message: 

Bon. Maintenant que j'ai un traducteur à  côté de moi, je peux répondre : Non, et fi de cette analyse scolaire de la chose. Il ne s'agit pas d'un délire paranoïaque visant à  fuir le conditionnement à  tout prix (ce qui est impossible, nous sommes bien d'accords, car tout ce qui compose un être est conditionnement), mais d'une saine procédure consistant à  désherber les valeurs "périmées" pour en replanter de nouvelles. On ne détruit pas pour *effacer*, mais bien pour dépasser : on tire les conclusions d'un modèle pour passer au stade supérieur - enfin, pas exactement, mais Bref.

Maintenant, quand il est question de se "libérer", cela ne veut pas dire "oublier" et retourner au néant, mais s'extraire du mécanisme, prendre du recul : comprendre la logique de la chose pour ne plus y être assujetti inconsciemment.

Puisque cela ne percutera pas faute d'un bon exemple, illustrons donc. Je pourrais vous ressortir le (désespérant de banalité) "Par-delà  le Bien et le Maaal", mais je préfère choisir une valeur qui nous concerne plus directement (surtout Arkh) : le bonheur en tant que but ultime de l'existence.


- Au commencement, l'être est conditionné par les clichés de "vie heureuse" véhiculés par la société et soumis à  la "dictature du bonheur" qui se revendique comme critère déterminant d'une vie réussie. Il va donc tenter de ressembler à  cet idéal populaire, non seulement parce qu'il ne connaît rien d'autre, mais aussi par souci d'être reconnu, catalogué par l'autre comme "être heureux". C'est pour lui l'occasion de canaliser son énergie vitale et d'accéder à  une forme d'épanouissement de l'âme ; cependant, il sait au fond de lui valoir mieux que ces valeurs basées sur du précaire, produit d'une masse aveugle et impersonnelle.

- L'être entre alors dans une phase "Fight Club" et va chercher à  détruire la prison qu'il s'est créé (en faisant sauter son joli petit appartement, par exemple). Il prend peu à  peu conscience de sa situation amoindrissant et s'active à  vaincre ceux qui l'y contraignaient par leur regard (-à  les "tuer" dans le sens Oedipien du terme, dirons-nous, pour faire intello). L'énergie qu'il avait consacré à  bâtir son bonheur factice, il l'emploie à  présent à  en détruire les symboles, à  purger son âme de ses entraves (tel une plante qui a grandit grâce à  un tuteur et qui cherche à  présent à  se débarrasser de cette prothèse gênante). Car ces valeurs embrument son esprit et l'empêchent de discerner clairement ce qu'il Veut ; voilà  pourquoi il doit achever de se rendre libre.

- L'être parvient enfin au "stade supérieur" et peut repartir sur de nouvelles bases en se cherchant de nouvelles aspirations. C'est là  qu'intervient le hic du message DragonNoirien : car il pourrait très bien "oublier" au sens propre sa personnalité de jadis, il n'en serait pas moins incapable de régresser, tout comme l'homme ne peut redevenir singe ou plancton. En fin de compte, il possède toujours les mêmes points de repère (l'autre, la société), mais ils ne l'aliènent plus, il les a "digéré" (*gargouillis d'ogre*). Il sait pertinemment que l'homme ne peut rechercher autre chose que la satisfaction de ses pulsions, mais cela ne l'empêchera pas de poursuivre à  présent un but plus élevé, sur lequel viendra se greffer un bonheur bien plus sain car non-bassement recherché.

Pour en revenir à  l'idée de liberté comme absence d'influences, on peut résumer par cette phrase : Chacun doit subir des influences au diapason (que c'est lettré) de son niveau d'évolution. Donc, il ne faut pas hésiter à  s'appuyer son une béquille, mais ne pas tarder non-plus à  s'en séparer dès lors qu'elle devient entrave au développement de notre Substance Métaphysique Profonde. Des choses à  redire ?

Auteur:  Ozmaestro [ 01 Mai 2006, 13:12 ]
Sujet du message: 

Je ne sais plus vraiment en quelle année, disons après les années 60, la société imposait comme but de la vie, le bonheur : avoir une famille, un pavillon avec jardin, être casé avec une nana, avoir des gosses, avoir du sims-flouze et vivre heureux. Bref je crois que c’est assez connu, les jeunes se rendirent compte de la supercherie, ils ne voulaient pas de ça. Par conséquent nombre d’entr’ eux se rebellèrent comme de parfaits réactifs et finirent par prôner leur liberté en inde dans une position hindouiste de la spiritualité. Au final, ils n’ont pas trouver l’élévation spirituelle.

Oublier ce n’est pas oublier notre passé, c’est se séparer du ressentiment qui s'y rattache et qui nous fait être réactif.

Auteur:  Morgan Kane [ 01 Mai 2006, 14:16 ]
Sujet du message: 

Un chien andalou, film de Bunuel : un jeune homme amoureux d' une femme et incapable d'accéder à  son désir tant qu' il n' a pas rejeté les conditionnements dont il est victime .....

L' important est de briser les vieilles idoles et d'accéder à  sa liberté !

Le surhomme n' est pas celui qui méprise les autres, c'est celui qui se connaît, a conquis sa liberté ......

De ce point de vue, le fasciste, le nazi est un sous-homme puisqu' il s' aliène volontairement.

Nietzsche, après avoir hésité, a fermement condamné les anti-sémites comme des hommes du ressentiment !

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