Je pense que j'accepterais l'immortalité et que je la donnerais à l'humanité.
Pourquoi ?
Parce que je suis convaincu que notre ingéniosité nous permettra d'éviter la folie. Par hypnotisme, stockage supplémentaire des souvenirs (disques durs externes

) et autres options.
Dans la littérature fantastique, j'ai été marqué par quatre manières logiques de traiter une intelligence humaine immortelle :
L'altéré temporel.
L'archétype de cette figure est
Leto-Atréides II, l'Empereur-Dieu de Dune. Sa conscience reste unie, mais il perd le fil des choses ; il a l'impression que les époques défilent autour de lui de plus en plus vite, et il est courant que son regard plonge dans le lointain au point d'oublier les dangers immédiats (au début de l'ouvrage éponyme, cela manquera de causer sa perte, un ghola parvenant presque à attaquer Leto avant que celui-ci ne s'en rende compte).
Le catalogueur.
Un bon exemple de celui-ci est Aristote dans
"Le Lion de Macédoine". Étant parvenu par quelque expédient à s'octroyer l'immortalité, le mage blanc range sa mémoire en vies successives d'un siècle chacune, ne conservant que le strict minimum pour mener une vie heureuse et piochant dans sa "bibliothèque de souvenirs" lorsque le besoin s'en fait sentir.
Le phénix.
Ce principe de fonctionnement est régulièrement appliqué au vampires ; Anne Rice, dans ses Chroniques des Vampires, présente une version atténuée du processus, quand Lestat de Lioncourt s'enterre dans le sol afin de dormir longtemps, longtemps, échappant à la folie de la "vieillesse trop longue", une fois que son temps est passé. Il sera sorti de terre par Marius, et s'enfouira à nouveau bien plus tard, après l'époque de Louis et de Claudia...
Mais dans l'absolu, ce processus est traité de manière plus sérieuse dans un roman mettant en scène un vampire unique et solitaire, livre dont, hélas, le titre comme l'auteur m'échappent.
Ce récit "anonyme" décrivait une erreur de la nature, sans guère de points communs avec le romantique Lestat ou le démoniaque Dracula, une simple bête à demi-consciente, dominée par ses instincts. La créature, en exemplaire unique, ne pouvant léguer ses caractéristiques à personne, représentait une espèce animale différente de l'humain. Ce "vampire logique" n'était guère sensible au soleil et ressemblait trait pour trait à un homme, excepté quelques particularités... dont voici celle qui nous intéresse... après une "vie bien remplie", la bête entrait en hibernation et perdait la quasi-totalité de ses souvenirs. Cette amnésie était le prix de l'immortalité, laquelle n'avait donc guère d'éternité que le nom...
Les procrastinateurs.
Dans l'un des romans du cycle "Le Dit de la Terre Plate", de Tanith Lee, un héros parvient à obtenir l'immortalité. Ambiance très "
épopée de Gilgamesh", pour l'occasion, mais avec une fin plus pessimiste, car la victoire est en fait une défaite...
Le héros (dont le nom m'échappe également, décidément, c'est le jour, appelons-le "Gilga") n'avait pas prévu qu'avec l'éternité viendraient l'ennui et le découragement. L'immortalité qu'il s'est accordé, et qu'il a accordé à toute une grandiose cité, plonge de nombreux êtres humains dans la perplexité, puis simplement l'absence de toute initiative.
Gilga et ses amis finiront en quelque sorte anéantis par leur propre paresse.
Il existe sans doute d'autres traitements logique d'un esprit immortel (ou plutôt de l
a préservation d'une certaine santé mentale chez un esprit immortel de structure humaine) dans la fiction, mais je ne saurais les dépeindre. S'il vous revient des idées, ou que vous en avez de nouvelles...
Toujours est-il qu'au-delà de la folie se pose la question du savoir et du désespoir.
Comment appréhenderions-nous l'existence sans la perspective du trépas ?
Je ne peux le concevoir.