J'ai eu une séance avec la directrice de l'école d'anglais & avec l'une de mes prof. Elles s'inquiètent de mon état qui s'aggrave, et se manifeste sous la forme de tremblements, convlusions, claudications, nervosité, irrascibilité, sautes d'humeur, absentéisme, consommations & addictions.
La prof. tient à ce que je rencontre son mari, psychiatre. J'ai dit "pourquoi pas" puisque je sais ce qu'est capable de faire l'éthicien lorsqu'on lui résiste : généralement, il fait appel aux "autorités compétentes".
Je rêve du jour ou l'éthique n'aura cure des esthètes, comme elle n'a cure des SDF qui sont une forme d'esthètes. Par esthète, j'entends celui qui ne participe pas à la société ; et la société ne participe pas de lui. Il ne la travaille pas - ou ne travaille pas - et elle ne le travaille pas. Il aime en souvenirs et en désirs, on l'aime en souvenirs et en désirs. Il ne réalise jamais sa possibilité d'exister, celle-ci reste une possibilité seulement, isolée, sans vocation à se réaliser, sans force performative.
Les garçons que je tente de "conquérir" font ensuite comme si je n'existait pas. Et quand je veux mourir "définitivement", ils arguent que je n'ai pas le droit, que c'est mal, que ça ne se fait pas, que je vais blesser mon entourage - pour lequel je n'existait pourtant pas. Que les gens sont absurdes. Comme si la perspective du suicide me donnait, tout d'un coup, comme par miracle, un corps alors que je ne suis qu'un souvenir, une possibilité d'existence non réalisée, un être virtuel, une fable.
Si vous me répondez, je n'ai pas envie que nous parlions de l'aspect scénique et théâtral du suicide. Je n'ai plus rien à en apprendre.
_________________ « Once you label me, you negate me. »
Kierkegaard
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