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Paradoxalement, au classement mondial des écoles de comerce, nous en avons 6 dans les 10 meilleures dont les deux premières .... .
Ce qui me hérisse le poil, dans ces classements, c'est qu'on ne sait jamais de quoi on parle. Lorsqu'une fac est bien classé, cela signifie t-il qu'elle est au top niveau recherches et publications, ou bien qu'elle dispense une formation de qualité ? L'an dernier, j'étais dans la fac la mieux classée de l'Hexagone (niveau recherche, à n'en pas douter, avec le dernier prix Nobel de physique). Par contre, si c'est *ça*, la meilleure formation française... nous sommes foutus.
C'est ce que je trouve profondément stupide et perverti dans de système universitaire : mettre en relation recherche et enseignement dès la première année, alors que cela n'a de sens qu'à un haut niveau de spécialisation (environ bac +5). Comme le dit Morgan, nous sommes passé d'une institution élitiste, où "les meilleurs enseignent au meilleurs", à quelque chose de très démocratique. Le problème, c'est que la structure s'est conservé, et que l'on estime toujours que
la personne la plus qualifiée dans un domaine est la plus qualifiée pour l'enseigner.
Le problème, c'est que ce principe n'a de sens que lorsque la personne enseigne directement sur ses sujets de recherches, généralement très pointu. Et ce n'est plus vraiment un enseignement, mais plutôt un perfectionnement, une spécialisation destinée à des élèves qui maîtrisent déjà toutes les bases dans leur domaine d'étude. En DEA de simulation physique, par exemple, les étudiants maîtrisent déjà tous les logiciels et tous les outils mathématiques dont ils ont besoin. Ils ont toutes les notions, ils ne font qu'étudier leurs applications dans un domaine précis. Ce n'est pas encore de la recherche, mais ce n'est déjà plus de l'enseignement classique.
Mais pour ce qui est des années antérieures, il est ridicule de croire qu'on bon chercheur fera un bon prof. Et c'est pourtant ce que nous avons. Pour expliquer l'échec à la fac, on prétexte toujours que les étudiants sont de gentils branleurs. Ce n'est pas faux, mais ce serait oublier que la fac elle-même est une incitation à l'échec, une sélection par le dégoût. Car comment ne pas être dégoûté par des enseignants totalement incompétents sur le plan pédagogique, qui donnent des cours parce qu'ils n'ont pas le choix, et se fichent totalement que leurs élèves se plantent à un examen qui ne valorisera pas ce qu'ils auront appris ?
La cause de cela me semble évidente : nous n'avons pas d'université, mais DES universités. Il n'y a pas d'étalon national qui permettrait de les comparer objectivement, chacune fait sa petite tambouille dans son coin, chaque prof incompétent évalue ses élèves avec *son* examen, qu'il aura conçu, lui et personne d'autre (n'est-ce pas aberrant ?). Et ces élèves devront serrer les fesses et se soumettre à ces cours aberrants, à des horaires aberrants (vive les emplois du temps à trous), et pendant une durée aberramment longue. Car s'ils avaient accès à une formation de qualité, ce qu'ils apprennent en cinq ans, ils l'apprendraient en trois, voire deux. Comme expliquez-vous que des étudiants de prépa scientifique, par exemple, suivent l'équivalent de TROIS parcours universitaire simultanément, et n'en poutrent pas moins les étudiants de fac dans chacun de leurs domaines respectifs ? C'est simplement parce que la prépa repose sur un principe beaucoup plus sain : il y a une concours national, le même pour tous. Partant de là , les profs feront de leur mieux pour que les élèves réussissent. En fac, fi de tout cela : chaque prof est libre de faire son propre petit cours/délire, puisqu'il sera le seul à évaluer ses élèves.
Et pour obtenir quoi, au final ? Un pauvre diplôme dont la valeur dépendra du prestige de la fac, prestige parfaitement surfait car basé sur des recherches/publications et non sur la qualité des cours, comme dit plus haut. Une belle mascarade, et un formidable gâchis de temps, d'argent et de moyens. Si j'arrive à donner un bon coup de pied dans la fourmilière universitaire, je n'aurais pas totalement vécu en vain.