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PARIS (Reuters) - Premier président de la République à participer au dîner annuel du Crif, Nicolas Sarkozy est revenu mercredi sur ses propos controversés sur la religion en repoussant toute idée de remise en cause de la laïcité.
Dans un discours d'une quarantaine de minutes prononcé devant un millier de personnes réunies au pavillon d'Armenonville, dans le bois de Boulogne, le chef de l'Etat s'est aussi présenté en "ami d'Israël", où il se rendra en visite d'Etat en mai prochain.
Dès le début de son intervention, le président a répondu aux critiques qui avaient suivi ses discours de Rome et de Ryad, en décembre et janvier derniers, quand il avait évoqué les "racines chrétiennes de la France", prôné une "laïcité positive" et fait l'éloge de la foi, gage d'espérance à ses yeux.
"Jamais je n'ai dit que la morale laïque était inférieure à la morale religieuse", a-t-il dit. "Ma conviction est qu'elles sont complémentaires et que, quand il est difficile de discerner le bien et le mal, ce qui somme toute n'est pas si fréquent, il est bon de s'inspirer de l'une comme de l'autre."
"Personne ne veut remettre en cause la laïcité", a-t-il aussi lancé à ses détracteurs. "Personne ne veut abîmer ce trésor trop précieux qu'est la neutralité de l'Etat, le respect de toutes les croyances, comme celui de la non-croyance, la liberté de pratiquer comme celle d'être athée."
Invité par le nouveau président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Richard Prasquier, Nicolas Sarkozy était le premier chef de l'Etat à venir au dîner annuel de l'organisation, qui se tient depuis 1985 et auquel participaient jusqu'ici les seuls locataires de Matignon.
Le Premier ministre, François Fillon, était présent mercredi soir ainsi qu'une bonne partie du gouvernement et de nombreuses personnalités : le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, les avocats Serge et Arno Klarsfeld, le maire PS de Paris Bertrand Delanoë, la candidate UMP aux municipales dans la capitale Françoise de Panafieu, la chanteuse Rika Zaraï ou encore le comédien Roger Hanin.
MÉMOIRE DES ENFANTS JUIFS DÉPORTÉS
Des responsables religieux étaient également présents : le cardinal André Vingt-Trois, le grand rabbin Joseph Sitruk et le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubaker.
L'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, est ostensiblement arrivée après le discours de Nicolas Sarkozy.
Dans son intervention, Nicolas Sarkozy a rappelé son attachement à l'Etat d'Israël, où il se rendra au mois de mai à l'occasion du 60e anniversaire de la création de l'Etat juif.
Evoquant les négociations actuelles entre Israéliens et Palestiniens, il a jugé qu'un accord "d'ici la fin de l'année est possible", plaidant pour la création d'un "choc de confiance" à même de susciter une adhésion populaire au processus né de la conférence d'Annapolis, cet automne.
Nicolas Sarkozy a aussi souhaité le "gel complet" de la colonisation, qu'il considère comme "un obstacle à la paix".
Le chef de l'Etat a condamné par ailleurs, sans le nommer, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui souhaite la disparition d'Israël.
"Je ne rencontrerai pas, je ne serrerai pas la main des gens qui refusent de reconnaître Israël", a-t-il assuré.
A propos du nucléaire iranien, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il appartenait à Téhéran de "démontrer ses objectifs pacifiques et de respecter les résolutions des Nations unies".
Pour Richard Prasquier les intentions belliqueuses de Téhéran ne font aucun doute. "L'Iran suit un programme d'enrichissement d'uranium à un niveau qui ne s'explique que par des objectifs militaires", a-t-il déclaré dans son discours.
Déterminé à "poursuivre sans relâche la prévention de l'antisémitisme", Nicolas Sarkozy s'est également dit déterminé à honorer la mémoire des victimes de la Shoah.
Il a proposé que chaque élève de CM2 se voit confier, à partir de la rentrée scolaire 2008, la mémoire de l'un des 11.000 enfants juifs français victimes des camps nazis.
"Les enfants de CM2 devront connaître le nom et l'existence d'un enfant mort de la Shoah", a-t-il ajouté.