L’Avatar, l’esprit du monde, maître des quatre éléments là où tout être humain ne peut en maîtriser qu’un seul, lancé dans un éternel cycle de réincarnations, a disparu depuis un siècle. Profitant de son absence, la Nation du Feu lance une campagne de conquête pour unifier le monde sous sa seule bannière. Jusqu’au jour où deux adolescents de la tribu de l’eau découvrent un étrange garçon prisonnier d’un iceberg…
[center]
[/center]
"Avatar" a été conçu par deux Américains, DiMartino et Konietzko, fanas de yoga et d'arts martiaux, comme un hommage à la japanim'. Leurs premières oeuvres du genre "Zim" ou "King of the Hill", de niveau quasi zéro, ne laissaient en rien présager de la réussite qu'allait être leur nouvelle série...
Mais il y ont mis les moyens. Avant d'être un hommage (et la première réussite des Amerlocks dans le "style manga", ça fait dix ans qu'ils essaient d'intégrer cette influence, il était temps qu'ils y arrivent), « Avatar », c’est d’abord une Å“uvre sérieuse, planifiée de bout en bout. Sur des fondations d’une simplicité déroutante (quatre peuples maîtrisant chacun l’un des quatre éléments primordiaux, Eau, Feu, Air et Terre), les auteurs ont développé une architecture culturelle complexe, empruntant des éléments à nombre de sociétés généralement orientales que, bien souvent, la
fantasy classique dédaigne au profit du modèle médiéval européen. Ce ne sont pas seulement les influences chinoise et japonaise qui sont ainsi intégrées : le Tibet, la Corée, les Mongols, et même les Inuits furent des sources d’inspiration ! L’idée de base de la succession d’Avatars est empruntée à l’Hindouisme et au Bouddhisme, mais autour de cela gravitent des idées animistes, shintoïstes (l’esprit de la forêt tout droit sorti de « Princesse Mononoké » !), quelques références aux mythes amérindiens... Le yoga et le tao ont un rôle primordial, et maints conseillers culturels ont épaulé l’équipe de création afin de leur permettre d’apporter davantage de crédibilité et de véracité à ce monde. Par exemple, les idéogrammes qui paraissent placardés au hasard sont toujours de véritables caractères chinois dont la signification est en rapport avec le contexte.
L’univers solide, riche, fouillé est ainsi la première bonne surprise de cette Å“uvre.
[center]
Les innombrables recherches graphiques témoignent du soin extrême apporté à la conception du monde.[/center]
Ensuite, niveau mise en scène et scénario. Hé bien, là encore, c’est une excellente surprise, et c’est même magistral. Que l’on ne s’arrête point à l’aspect de prime abord enfantin : « Avatar » est conçu pour satisfaire une large tranche d’âges, une très large tranche d’âges. Je dirais du bébé au vieillard. Loin du simple racolage des films Disney qui, bien souvent, se contentent de plusieurs types de gags pour satisfaire le chaland, l’œuvre dont nous parlons ici dépeint une aventure où les personnages évoluent véritablement et ne cessent d’apprendre.
La religion, la philosophie, les arts martiaux et la magie sont ici inextricablement liés, et la série réussit le tour de force d'être à la fois une aventure pleine de rebondissements, un véritable voyage initiatique, et un ensemble d'intrigues qui se déroule en gardant une incroyable clarté ! L’avancée des personnages, qui vont voir du pays, beaucoup de pays (les rares retours dans des endroits déjà découverts sont l’occasion de solidifier encore davantage cet univers), est épicée de combats extraordinaires, dynamiques, clairs, courts… Ces batailles épiques retiennent les leçons du courant
shonen sans en avoir les inconvénients. « Avatar », c’est également une série mystique, qui contient son lot de visions, d’introspections, de transfigurations, le tout toujours très bien traité, que ce soit esthétiquement, psychologiquement ou philosophiquement. Les profonds enjeux de ce parcours spirituel sont déroulés avec précision et limpidité. L’humour n’est pas oublié dans la petite recette : il va des gags bon enfant aux sarcasmes ravageurs (la causticité de Soka vaut bien celle d’une Daria) en passant occasionnellement par la case « décalage implicite ».
Que serait tout cela sans un aspect agréable ? Il se trouve que « Avatar » est une belle série, à la charte graphique solaire, nette et intelligible, faite de décors détaillés et de personnage épurés, mais aux expressions soignées, à la gestuelle très juste (est-il besoin de préciser que les mouvements corporels liés aux différents éléments viennent de véritables arts martiaux ?). L’animation est belle, et bien plus généreuse que dans la quasi-totalité de la production japanim’, avec une absence remarquable de dessins qui restent fixes trop longtemps, par exemple.
Au niveau sonore, là encore, c’est un festival : chaque lieu a un soupçon d’ambiance étudiée, et les thèmes musicaux sont magnifiques.
[center]
Aang, notre héros, le nouvel Avatar, et dernier maître de l’air. La flèche sur son front est une claire référence à Red Tornado, super-héros de comics DC qui se trouve justement être un élémentaire de l’air… revendication de l’identité américaine de la série ?[/center]
La grande force de « Avatar », au-delà du soin et du talent apportés à chacun des aspects, ce sont les personnages. Toujours détaillés, justes, magnifiques, du plus important au plus insignifiant (même le vendeur de choux d’un gag récurrent évolue !), ils ne sont jamais complètement bénéfiques ou maléfiques. Et Aang, s’il apparaît d’abord comme un héros « à la Tintin », se révèle au final perclus de défauts, capable des pires erreurs ou d’actes volontairement et fondamentalement nuisibles envers ses meilleurs amis (l’épisode de la carte…), bref, plus que l’Avatar, c’est surtout un humain, et un enfant qui souffre des intrigues militaires et cosmiques dans lesquelles il se retrouve entraîné. L’évolution des protagonistes les entraîne parfois par de surprenants détours, et la note d’intention des scénaristes, qui les veulent
faillibles, apparaît très véridique au regard de nombreux drames.
Ni véritables héros ni anti-héros, les personnages principaux de « Avatar » parviennent, dans leur cheminement, à concilier le statut d’exemples moraux et celui de figures réalistes, ce qui n’est pas l’ouvrage le plus évident, chacun en conviendra.
[center]
Zuko, un personnage extrêmement bien ciselé… parmi d’autres ![/center]
Que dire de plus ? Une œuvre magnifique. Je pourrais encore m’expliquer longtemps, mais pour lancer une liste de superlatifs.
Ce qui est bien le plus étonnant, dans « Avatar », c’est que quand j’en parle, je recueille des « Ouais, c’est sympa ».
Sympa ? Ce n’est pas simplement sympa, c’est génial ! Un récit épique et mystique soigné de bout en bout, qui a les moyens de ses ambitions, qui ne se répète jamais et qui véhicule une énergie incroyable !
Que demande le peuple ?
Si vous êtes allés au bout de cet article honteusement dithyrambique (mais je n’y peux rien, je ne parviens pas à trouver de défauts à cette série… c’est pas faute de chercher), vous méritez quelques petits bonus que voici :
[center]
Une petite galerie d’images du Livre Un
Une immense galerie de captures d’écran des trois Livres, et d’épisodes spéciaux
La bande-annonce du Livre Trois
(Dernière saison de « Avatar », qui doit sortir le 21 septembre)
Petite sélection d’illustrations Deviant Art :
Aang dans son état d’Avatar
Les maîtres des éléments (style curieusement « Chibi-Roswell » ici)
Bataille d’éléments
Avatar : une composition
Feu contre eau
Galerie de personnages
Couverture de magazine
Canards-tortues
La bande de l’Avatar
Aang et son bison volant
Zuko
Pétales de fleurs de cerisier
Le prince Zuko
Ce mois-ci : les beautés de la Tribu de l’Eau
Les deux facettes d’Aang
[/center]