5. Muspellheim.
La coulée de lave qu?empruntèrent les Ases et les Trauméniens se révéla longue et ennuyeuse. Personne ne disait mot dans l?immense barque menée par deux elfes noirs qui commandaient un Troll. Ce dernier maniait l?immense gouvernail plongé dans l?épais remugle de lave liquide, et manoeuvrait ainsi l?embarcation entre les rochers rougit par la chaleur, traversant parfois des éruptions de feu impressionnantes.
Le décor n?avait pas énormément changé depuis le Svartalfheim, si ce n?est la diminution de toute formes de vie, et l?augmentation toute relative de la chaleur. Toute relative, parce que si nous étions sur Terre, il y a longtemps que la chaleur nous aurait tué, songea Séphira Strife, sans toutefois oser se pencher. Mais ici, elle avait simplement la bouche sèche.
Soulblighter était attelé à la table où reposaient des brocs d?eau qui demeurait fraîche malgré la température environnante, et tous pouvaient se désaltérer sans se gêner. Soulblighter ne se privait pas, regrettant tout de même l?Hydromel du Valhalla, accompagné de Heimdall qui suait à grosses gouttes. Thor était à la proue du bateau et semblait perdu dans ses pensées.
« Thor est grand et fort, n?est-ce pas ? »
Séphira se retourna et foudroya du regard Loki, qui mit ses mains en avant en signe de défense exagéré. Elle garda encore son regard noir, pour le moment. Un grand rapace qui semblait fait de pierre criailla dans le ciel orangé, se laissant porter par un vent chaud.
« C?était simplement un moyen de lier la conversation, rien de plus. Vous étiez entrain de le regarder, et j?avais pensé que?
-Vous vous êtes trompés. » Et elle se renferma dans son mutisme. Loki la regarda, sourit, puis se rapprocha d?elle. Séphira leva les yeux au ciel, puis lui montra à nouveau qu?elle désirait qu?il s?en aille. Loki feignit de ne pas comprendre.
« Muspellheim est un monde à part, l?informa-t-il. Un monde un tant soit peu hostile, même pour nous autres Dieux. C?est un des plus ancien endroit sur l?Yggdrasil, avec Nifelheim, le monde de la brume. Ou de la glace, par opposition à ce lieu. Car le Muspellheim est également le monde du feu primordial. »
Séphira continua d?ignorer les interventions de Loki, mais écoutait tout de même son exposé sans le montrer. Elle ne voulait surtout pas qu?il pense qu?elle était intéressée.
« C?est de là que nous provenons. Tous, autant vous que nous. Les humains, les Dieux, les elfes, les géants, les Nornes, les nains, même l?autre Hrumir avec ses Krr agaçants ! » Sa tentative d?humour tomba à plat, et il fut le seul à s?accorder un rire poli. « Nous sommes tous issus de ce monde, et nos ancêtres sont nés de l?alliance entre le Muspellheim et le Nifelheim, il y a bien longtemps? »
Séphira retint sa respiration, attendant la suite. Elle n?osait pas lui lancer un simple regard, mais l?envie la tenaillait. Loki semblait réfléchir, ravivant des souvenirs d?ordinaire oubliés, ou mis de coté. Séphira allait relancer la conversation, lorsqu?il reprit seul :
« Lorsque le feu primordial du Muspellheim rencontra la glace du Nifelheim, les brumes s?ouvrirent et le givre finit par fondre, libérant le géant Ymir et la vache Audhumla. Pour faire bref, car le mythe est fort long à développer, et au final peu intéressant, les Ases sont nés de ces deux improbables partenaires, et nous vous avons ensuite donné la vie. Nous sommes donc, en quelque sorte, vos grands-parents, et nous retournons maintenant en compagnie de nos enfants dans le monde originel. N?est-ce pas une belle image ?
-Superbe, répondit Séphira sur un ton un peu plus dur qu?elle ne l?aurait voulu. Et pouvez-vous me dire ce qu?il y a, dans ce Muspellheim ? »
Loki élargit son sourire, passa un bras autours de l?épaule de la Trauménienne qui n?osa remuer, ni refuser, et avança sa tête près de la sienne.
« Du feu, de la chaleur, et un géant. »
Comme si le mot avait déclenché le réveil dudit géant, un grondement sourd se fit entendre, venant de l?arrière du navire. Le Troll qui tenait le gouvernail prit peur, malgré les injonctions des elfes noirs ? et les coups de fouet ? et il fit virer l?embarcation sur la gauche, vers un rocher. La table des boissons fraîches se renversa devant Soulblighter, qui regarda l?eau s?évaporer en passant par-dessus bord, fasciné.
Thor s?agrippa au bastingage des deux mains, tentant de discerner le géant dans les alentours. Mais même Heimdall ne le vit pas, malgré ses sens surdéveloppés. Loki tenait toujours Séphira par les épaules, et celle-ci avait totalement oublié que le Dieu lui faisait du rentre dedans, tellement le spectacle qui s?offrait à elle la clouait au sol.
« Et voici Surt, le géant gardien du Muspellheim. »
Tout d?abord, Séphira crut que ce qu?elle voyait était une coulée de lave, comme celle où ils naviguaient. Mais elle dû rapidement se rendre à l?évidence : Même dans ce monde, la gravité faisait effet, et la lave coulait rarement de bas en haut. Hors, ce déversement de lave semblait émerger de la rivière bouillonnante, et non y tomber.
Une immense sphère sortit à son tour, derrière le bateau, manquant de peu de briser le gouvernail. Le Troll, cette fois-ci complètement paniqué, lâcha son ouvrage et couru vers l?avant. Il brisa ses chaînes sans effort et envoya valdinguer ses contremaîtres d?une pichenette apeurée.
Séphira Strife regarda la boule enfler, puis se percer avec une bulle brûlante de lave dont les éclaboussures retombaient sur le pont du navire comme autant de petites pierres chaudes. Et, derrière la bulle maintenant ouverte, se trouvait un ?il écarlate et vivace, qui regardait tour à tour l?ensemble des intrus qui se trouvaient sur l?embarcation.
Le Troll, sans réfléchir, sauta par-dessus bord et n?eut pas le temps de crier, ni de se rendre compte de son erreur. Le bateau manqua de chavirer lorsque les épaules sortirent à leur tour. La tête du géant se découvrait peu à peu, révélant des dents d?une blancheur éclatantes, récifs immaculés au milieu d?un lac de lave épaisse. Ses yeux, désormais tout deux découverts, clignaient de temps à autre avec des paupières en croûte noircies.
Et ils étaient fixés sur Séphira Strife.
Loki s'écarta de la Trauménienne, qui n?arrivait pas à détacher son regard de l?immense créature qui apparaissait peu à peu dans toute sa grandeur. Ce qu?elle avait pris pour une coulée de lave tout à l?heure était devenu son épée de feu, qui flamboyait maintenant que tout le liquide en fusion était partit. De longues langues de feu montaient de la pointe, tel des serpents affamés et excités.
Le grondement continuait toujours, et provenait du visage du géant, qui souriait toujours de toutes ses dents. Une fois complètement hors de la rivière de lave, il leva son épée et s?étira, comme chacun le fait en sortant de son bain. Des rochers de lave refroidie tombèrent tout autours d?eux, et l?un d?eux brisa la nuque d?un des grands oiseaux qui s?envolaient en piaillant de peur. Il alla rejoindre le Troll.
Surt, car tel était son nom, cessa ses allongements et poussa un long soupir, réchauffant l?atmosphère avec son haleine de feu. Soulblighter agita la main devant son nez, pendant que Thor s?avançait à l?arrière du navire, pour lui parler.
« Géant Surt, je viens solliciter ton aide, au nom d?Odin.
-AAAAAHHH? THOR? IL Y A BIEN LONGTEMPS QUE JE NE T?AI VU EN CES TERRES ARIDES, TOI ET TES AMIS LES DIEUX ASES.
-Je suis accompagné d?Heimdall et de Loki, et nous sommes ici afin d?obtenir des renseignements sur un vol commis au Svartalfheim.
-HMMMM? gronda Surt. LE FAMEUX VOL CHEZ LES NAINS ? J?EN AI VAGUEMENT ENTENDU PARLÉ, MAIS TU SAIS, DANS MON DOMAINE, LES NOUVELLES NE SONT PAS TRÈS FRAÎCHES UNE FOIS ARRIVÉES.
-Nous voudrions savoir si? commença Heimdall.
-POURQUOI TOUT DE SUITE RENTRER DANS LE VIF DU SUJET ? SERAIT-CE UNE AFFAIRE SI IMPORTANTE QU?ELLE VOUS BRÛLE LES DOIGTS ? JE PRÉFÈRERAI QUE NOUS COMMENÇIIONS PAR LES PRÉSENTATIONS. »
Surt désigna du regard Séphira Strife, ignorant complètement Soulblighter, qui s?était rapproché d?elle. Ce dernier tenait toujours son verre d?eau à la main, à moitié vide, et regardait le géant. Sa poitrine gigantesque dégoulinaient encore de roche en fusion, sans même qu?il y prenne gare. Toute son attention était axée sur Séphira.
« Il s?agit de deux combattants nouvellement arrivés au Valhalla, géant. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, la jeune femme se nomme Séphira Strife, et le jeune homme Soulglibhter.
-Soulblighter, rectifia l?intéressé, sans même élever la voix.
-SÉPHIRA STRIFE, HMMM ? QUEL MAGNIFIQUE DÉNOMINATION, POUR UNE HUMAINE. JE SUIS ENCHANTÉ DE VOUS RENCONTRER, JEUNE ET JOLIE DEMOISELLE. VOUS ÉCHAUFFEZ MON ESPRIT COMME AUCUNE FEMME NE L?A FAIT DEPUIS DES MILLÉNAIRES.
-Ouais, vous aussi je suis content de vous rencontrer. » dit Soulblighter, sans même prendre la peine de regarder le géant. De toute façon, celui-ci n?avait d?yeux que pour Séphira, et il n?entendit même pas la pique.
« Si nous pouvions en venir aux faits, géant Surt? reprit Thor.
-VOUS AUTRES DIEUX ÊTES SI PRESSÉS, ÇA EN DEVIENT DÉRANGEANT, grommela le géant en s?asseyant sur un rocher voisin. JE VOUS SERAIS GRÉS DE ME LAISSER M?ENTRETENIR AVEC LA MAGNIFIQUE SÉPHIRA. JE N?AI QUE PEU DE VISITES, SAVEZ-VOUS ? MAIS BIEN SÛR, QUE VOUS LE SAVEZ? »
Le géant affichait un visage rayonnant, et pas seulement à cause du feu de sa lame qu?il agitait avec délectation, mais grâce à un faciès radieux qu?il arborait dès que ses yeux rouges vifs effleuraient Séphira. Il semblait prendre un plaisir tout à fait sadique à se jouer des Dieux, et ceux-ci commençaient à perdre patience.
« Géant Surt, tonna Thor, nous sommes effectivement pressé par le temps, et cette affaire en prendra encore beaucoup avant d?être élucidée, alors si nous pouvions abréger les conversations afin que nous puissions obtenir les informations que nous désirons, Odin lui-même vous en sera reconnaissant.
-ODIN LUI-MÊME ? déclama le géant, en faignant la surprise. ET QUE VA-T-IL M?APPORTER, À PART DES ENNUIS ? VA-T-IL ME LÉGUER UNE PARTIE DE SON ARMÉE POUR ME DIVERTIR ? CELA M?ÉTONNERAIT FORTEMENT. ALORS QU?AURAIS-JE EN CONTREPARTIE DE MON AIDE ? »
Les Dieux restèrent muet, et le géant partit d?un rire qui ressemblait à une avalanche de pierre, un rire qui résonnait dans ce monde comme une sinistre mélopée mortelle.
« Vous désirez de la compagnie, c?est bien cela ? » s?avança Loki. Le géant cessa de rire et examina l?intervenant avec un ?il critique.
« LOKI, FILS DE FARBAUTI, UN GÉANT TOUT COMME MOI, QUE ME PROPOSES-TU EN ÉCHANGE DE CE QUE JE SAIS, SI JE SAIS QUELQUE CHOSE ?
-Vous aurez la jeune personne sur laquelle vous avez manifestement jeté votre dévolu. »
Séphira sentit un frisson glacé la parcourir, malgré la chaleur de l?endroit où elle se trouvait. Elle jeta un regard noir vers Loki, mais celui-ci l?ignora. Elle s?avança et s?adressa directement au géant. Ses jambes tremblaient, mais elle réussit à contenir l?émotion dans sa voix, sans néanmoins savoir comment.
« Vous me voyez ravie d?être l?objet de tant d?honneurs de votre part, dit-elle en tentant de se mettre au niveau de l?éloquence raffinée des Dieux, mais devenir ainsi votre compagne m?est impossible, car je suis déjà promise à quelqu?un. »
Elle attrapa le bras de Soulblighter et se tint tout contre lui. Soulblighter évita de faire basculer son eau, qui tiédissait rapidement, et leva finalement les yeux sur le géant. Surt prit ceci pour un défi, alors que Soulblighter faisait simplement craquer sa nuque.
« VOUS M?EN VOYEZ FORT CONTRIT, à” FEMME À LA DOUCE VOIX. MAIS JE RESPECTE VOTRE ENGAGEMENT, ET LE COMBAT DEVIENT LA SEULE ISSUE À NOTRE DIFFÉRENT. »
*
* *
Thourn passa difficilement par dessus le muret, une fois la nuit tombée. Ce n?était pas dans ses habitudes de faire le mur, surtout celui d?un cimetière, mais il voulait vraiment en avoir le c?ur net. Si ces jeunes gens s?étaient réunis pour un enterrement, alors la personne décédée devait être dans le coin, et cet endroit était le cimetière le plus proche.
Il sauta à terre en soufflant. C?est plus de mon âge, toutes ces conneries. Le lieu était sinistre, et la lueur fantomatique de la lune donnait à la scène un aspect irréel, digne des plus grands films d?horreur. Serge s?attendait presque à voir des mains sortir des tombes, déplaçant les couvercles des cercueils et creusant le sol en s?arrachant les ongles pour revenir à la surface, attirés par l?odeur de vivant.
Thourn se secoua mentalement la tête. Il n?avait pas à songer à ce genre de chose, surtout ici et à cette heure avancée de la nuit. Il s?avança jusqu?à la maisonnette qui servait de logis au gardien du cimetière sans faire de bruit. Il se colla au mur, près de la fenêtre entrouverte, et tendit l?oreille. La télévision marchait, donnant les informations de la nuit.
« ?édition de minuit. Au sommaire de ce journal, une mort mystérieuse en Australie, qui en a provoquée d?autres sur une autoroute de la capitale. La jeune femme, au volant de son 4X4, aurait manifestement perdu le contrôle de son tout-terrain et aurait provoqué un terrible accident impliquant plus d?une trentaine de véhicules, donc un bus scolaire.
-Merde, commenta le gardien, avant de bailler.
-Les circonstances de la mort de la jeune femme de trente-six ans seraient encore floues, et l?autopsie semble indiquer que le c?ur se serait arrêté peu avant l?accident. D?autres détails lors de l?enquête menée actuellement qui?
-Déjà minuit, songea le commissaire, contrarié. Je suis resté plus longtemps que je ne l?aurais pensé, chez ces poivrots. »
Il s?éloigna de l?habitation succincte, et sortit sa lampe torche alors qu?il marchait dans les allées de graviers. Ses pas étaient bruyants, mais le poste de télévision était encore audible de là où il se trouvait, et Serge doutait que le gardien puisse entendre par-dessus la voix monocorde du présentateur. Il évita simplement de braquer le faisceau de la lampe dans la direction de la fenêtre, seule autre lumière dans le cimetière.
Sans se presser, il passa en revue les pierres tombales une à une, sans se décourager non plus. Le temps jouait en sa faveur : Personne ne viendrait le déranger. De temps à autre, il jetait un coup d??il en direction de la cabane du gardien, pour vérifier s?il était assez discret. Ce qui était le cas. Il se voyait mal fuir en courant à son âge, bien qu?il soupçonnait que celui du gardien devait être plus élevé que le sien.
Les noms se succédaient, mais aucune date ne correspondait à une mort de quelques mois. Les tombes se suivaient et ne se ressemblaient pas, certaines étant richement décorées, fleuries et propres, et d?autres laissées à l?abandon par une famille irrespectueuse. Thourn s?attarda un moment sur une simple croix faite de bois, qui ne portait aucune inscription. Il se baissa et redressa la simple rose qui décorait la tombe, posée à même le sol. Une vieille carte y était posée, devenue illisible sous les multiples intempéries. Il soupira, puis poursuivit.
Au bout d?une heure et demie de recherche, il avait finalement trouvé plusieurs tombes qui pouvaient correspondre. Les noms, les dates de naissance et de décès étaient notés sur son carnet afin d?effectuer les recherches, et Thourn commençait à se sentir harassé. Harassé et abattu par l?ampleur de la recherche qu?il avait à accomplir. Mais s?il voulait retrouver Mr.Magnum, alias tant de pseudos, il devait poursuivre.
Il atteignit le bout de l?allée, là où se trouvaient l?herbe encore vierge de toute fosse destinée à loger un nouveau trépassé. Il retira son carnet de sa poche et l?examina. Quatre noms, deux filles et deux garçons. Il fit demi tour, toujours en surveillant la fenêtre encore allumée du gardien, et rebroussa chemin en examinant l?ultime rangée de tombes au pied du mur d?enceinte. L?une d?elle attira finalement son attention.
Elle était récente, et donc relativement propre. De nombreux bouquets de fleurs encore fraîches ornaient le tombeau, et Thourn se pencha pour se saisir d?une des cartes les accompagnant.
« A ma très chère Séphy-Roshou, nous te retrouverons. »
Serge eut un hoquet de rire nerveux. Nous te retrouverons. Qu?est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Et c?est quoi, ce nom : Séphy-Roshou ? Il regarda le bouquet de roses rouges, et le retourna. Les fleurs venaient de Brest, ou de la banlieue proche. Département 29, Finistère, se souvint Thourn. Le code postal correspondait. Il fourra rapidement la carte dans sa poche, et nota tout ce qui était intéressant sur son carnet. Son c?ur battait la chamade.
Au fond de lui, il savait que cette tombe était importante, et ce qui suit le confirma.
« Abandonnez. »
Les mots tombèrent comme une chape de béton, et glacèrent Thourn, comme un enfant prit les mains dans un pot de confiture. Une sensation de métal gelé lui coulant le long du dos s?empara de lui, et Thourn n?osait maintenant plus remuer d?un pouce, la main dans la poche, serrant la carte manuscrite, et l?autre tenant le carnet.
Puis ses réflexes de commissaire reprirent le dessus. Il se calma rapidement, et examina la situation non pas avec l??il apeuré du fautif, mais avec l??il de l?enquêteur. Sans faire de bruit, il examina les alentours, mais comme il s?y était attendu, ne vit rien. Le propriétaire de la voix était invisible.
Il se repassa l?unique mot proféré par l?inconnu. Abandonnez. La voix était jeune, grave mais elle était sans commune mesure avec celle qui lui avait parlé en rêve. Inconsciemment, il dissocia les deux personnages : La Voix de son rêve était suave mais possédait des tonalités horripilantes, qui pouvaient rapidement rendre fou à forte doses. Cette voix était normale, humaine, qui parlait lentement mais fermement.
« Abandonnez cette enquête, commissaire, reprit la voix. Elle ne vous mènera qu?à des ennuis supplémentaires.
-Ce sont des menaces ? » dit Thourn calmement. Son interlocuteur sembla réfléchir, puis répondit sur le même ton :
« Pas encore, mais nous ne vous préviendrons pas lorsqu?elles seront mises en exécution. Rentrez dans votre département, et laissez les morts à leurs places.
-C?est digne d?une mauvaise série B, votre réplique, se moqua Thourn.
-Ne prenez pas mes paroles à la légère, ou vous risquez de vous en mordre les doigts, commissaire. N?oubliez pas ce que je viens de vous dire. »
Thourn s?élança sur l?arbre d?où provenait la voix. Il lui fallu moins d?une seconde pour dégainer, et une autre pour mettre en joue le tronc de l?autre coté. Personne. Il souffla et rangea son arme, jetant un nouveau regard vers la cabane du gardien. Celui-ci fermait les volets, et ce n?était donc pas lui qui s?était tenu là un instant auparavant. Serge Thourn se pencha et regarda l?herbe foulée au pied de l?arbre.
Il y avait bien eu quelqu?un.
Lorsqu?il sauta le mur pour ressortir du cimetière, s?était assuré avant que personne ne pouvait le voir, il songea de nouveau à la voix qui l?avait prévenue. Menacée même. Juste lorsqu?il s?intéressait à cette tombe. Son agresseur n?avait fait qu?éveiller ses soupçons. Il regarda son carnet, et fila vers son hôtel.
Il avait maintenant plusieurs pistes. Séphy-Roshou, la Bretagne, Mr.Magnum, la jeune femme brune à la natte, et je crois que je peux foutre en l?air les autres noms notés sur mon carnet. Celui-ci suffira amplement. Demain, après une bonne nuit, j?irais à la piscine, en espérant que ce saoulard ne racontais pas de conneries.
*
* *
Les Dieux débarquèrent sur un sol de pierres dures, seul îlot sur la mer de lave bouillonnante. Mais c?était un vaste îlot, car le géant Surt, qui avait poussé sans peine le navire jusqu?ici, pouvait facilement s?ébattre sur cette plaine de roches refroidies si l?envie lui prenait. Le navire reposait sur le flanc, posé là par le géant comme un enfant pose un jouet, et les Ases, les deux Trauméniens ainsi que l?équipage se retrouvaient à terre.
Si les Dieux ne manifestaient aucune incommodité à passer de l?élément liquide à solide, les Trauméniens et les membres d?équipage, eux, avaient fort à faire avec leur estomac qui se rebiffait vaillamment. Surt grimpa sur l?île à son tour, faisant trembler le sol fragile, et se tint face au groupe.
Loki regarda le géant, ainsi que son épée enflammée, et eut un sourire mauvais. Un sourire diabolique, si tant est que le terme puisse être adapté à la religion scandinave. Il tournait et retournait la situation présente dans sa tête, et il y trouvait toujours son compte. Bien sûr, si jamais le petit humain arrive à vaincre le géant, alors mon plan tombera à l?eau. Mais ça ne risque pas d?arriver. Si l?humain se fait battre, alors tout sera gagné : La fille restera avec le Géant amoureux, et lui sera coincé ici, comme esclave à tout les coups. J?arriverai à convaincre Surt de le garder.
« BIEN, CE TERRAIN SERA NOTRE ARÈNE DE COMBAT. TOUS LES COUPS SONT PERMIS, MÊME SI JE SUIS PRESQUE ASSURÉ QUE MON PREMIER COUP SERA ÉGALEMENT LE DERNIER. PERSONNE N?A LE DROIT D?INTERVENIR, QUE CE SOIT EN MA FAVEUR OU EN SA FAVEUR, EST-CE BIEN CLAIR ? »
Les Ases acceptèrent, presque à contre c?ur. Thor espérait que le principe du Valhalla, qui consistait à la guérison en une journée de toute blessure aussi grave soit-elle, fonctionnait également dans les autres mondes de l?Yggdrasil, mais le Dieu n?en était pas sûr. Heimdall, lui, gardait sa hache en main, près à braver l?interdiction du géant pour sauver Soulblighter.
« Tu n?iras pas, Heimdall, même si le géant l?abat, tu n?iras pas.
-Mais Thor, ce vol est peut-être important, mais n?oublie pas que je suis le protecteur des humains, et même morts, ils restent sous mon joug.
-Mais s?ils doivent mourir de la main de ce géant, ou simplement rester ici enchaînés à lui à jamais, ce n?est pas à nous de le décider. » Thor se tu, puis ajouta finalement : « Même si je préfèrerais qu?ils puissent poursuivre avec nous. J?ai l?intuition que ces deux là sont forts différents des autres humains du Valhalla. »
Le géant se posta face à Soulblighter, le dominant comme un immeuble de trente étages domine une maisonnette de plein pied, et fit virevolter son épée. Les coups passaient à quelques mètres de Soulblighter qui ne remuait pas d?un cil. La chaleur dégagée par les coups était suffocante pour Séphira Strife, qui était restée près du navire avec les Dieux, bien loin du combat. Elle n?osait imaginer ce que ressentait Soulblighter.
« EH BIEN, EH BIEN, TU AS DU CRAN, JE PEUX AU MOINS T?ACCORDER CECI, PETIT HUMAIN. MAIS TU RIRAS MOINS LORSQUE J?ABATTRAIS MON POING SUR TA MISÉRABLE CARCASSE. »
Pour seule réponse, Soulblighter leva les poings, et s?autorisa un sourire. Surt découvrit également ses dents toujours aussi blanches, et planta son épée dans le sol, les yeux écarlates rivés sur son adversaire. Puis il se frotta les mains, envoyant des morceaux de roche en fusion tout autour de lui.
« JE VAIS TE FAIRE UNE FAVEUR : JE N?UTILISERAI PAS MON ÉPÉE DURANT CE COMBAT. TU POURRAS DIRE QUE TU AS ÉTÉ VAINCU DE MES PROPRES MAINS.
-Ferme-la un peu, et vient te battre. »
Il est complètement fou, songea Séphira Strife. Les Dieux à ses cotés semblaient penser la même chose qu?elle, car leurs yeux exorbités trahissaient leur étonnement. C?était la première fois qu?un humain osait sans peur braver un des antiques géants.
« PETIT PRÉSOMPTUEUX. »
Le géant lança sa main à une vitesse surprenante sur Soulblighter, qui ne vit rien venir. L?immense masse brûlante de plusieurs centaines de tonnes s?écrasa violement sur lui, enfonçant le sol sur un bon mètre. Séphira étouffa un cri, et Thor du retenir Heimdall qui voulait s?élancer. Surt souriait toujours.
Il se mit à rire, un rire grave et horriblement fort, qui fit trembler l?épave de navire du pont à la cale, ainsi que les spectateur du combat qui avait tourné court. Un groupe d?oiseaux de pierre, au loin, préféra s?éloigner de ce rire et décolla.
« CE FUT BREF, MAIS INTENSE, brailla le géant Surt, manifestement au comble de la joie. LORSQU?IL REVIENDRA À LA VIE, JE LE GARDERAI EN TANT QU?ESCLAVE. S?IL EST ENCORE EN ÉTAT ! »
Loki exultait intérieurement, et regarda Séphira. Celle-ci réfléchissait à un moyen de s?en tirer. Elle pouvait prendre la pilule immédiatement, mais elle n?avait encore rien apprit d?intéressant, et elle ne voulait pas laisser Soulblighter dans un tel pétrin. Le géant, la main toujours plaqué sur le sol, eut un sursaut.
« QUE? »
La main se souleva en tremblant, et Soulblighter apparu, égratigné et salit de toute part, mais bel et bien vivant. Et souriant. Un rictus lui couvrait le visage, balayant toute trace de fragilité et de gentillesse. Ses yeux étaient deux boules de fureur axées sur le géant. Il banda ses muscles et repoussa la main sur le coté. Surt, déséquilibré, fit un pas de coté ? qui réduisit un pan de la roche de l?îlot à néant ? et finit par se redresser.
« Mais encore ? railla Soulblighter. Si c?est tout ce dont tu es capable, alors? »
Le géant couvrit la fin de la phrase de Soulblighter en hurlant. Il s?élança sur lui et lui décocha un immense coup de pied qui le fit voler au dessus du groupe de Dieux. Thor vit fugacement un détail qui lui glaça le sang : Soulblighter souriait encore plus.
Le corps de pantin désarticulé vola en direction d?un gigantesque lac de lave, prenant peu à peu de la hauteur, mais sans pour autant oublier de redescendre une fois l?apogée de son arc de cercle atteint. Soulblighter attrapa un des rapaces de pierre qui avait eu le malheur de voler dans les environs, qui s?accrocha à ses serres. Le volatile fit un looping agité avant d?accélérer pour déloger son hôte.
Il fonçait droit sur le géant, mais ne s?en rendait pas compte, trop occupé à essayer de donner des coups de bec aux phalanges maintenant ensanglantés de Soulblighter. Surt le vit arriver, et rejoignit ses deux mains sur le rapace en colère, le réduisant à un tas de pierre en une fraction de seconde. L?immense applaudissement résonna dans tout le Muspellheim, et des montagnes s?effondrèrent et des îles s?engloutirent par la force de l?impact.
« Il est là ! jubila Heimdall en prenant le bras de Thor comme une fillette surexcité devant un boy?s band. Il est vivant !! »
En effet, Soulblighter était vivant, au moins dans ce monde-ci. Il courait sur le bras du géant, un rictus de dément vissé aux lèvres. Ses yeux pétillaient et roulaient en tout sens, tandis qu?il atteignait l?épaule du géant. Ce dernier chercha à le déloger en se jetant sur le dos, mais Soulblighter s?accrocha à la clavicule. Il riait à gorge déployée maintenant.
Un rire de fou, un rire d?aliéné, un rire de défoncé qui est partit dans son monde de rêves, un rire effroyable à entendre. Le géant, lui, ne souriait plus, et s?envoyait des claques. De loin, la vision était celle d?un homme tentant d?écraser une fourmi, sans y arriver. Et l?image convenait parfaitement.
Soulblighter arriva sur la joue de Surt et hurla en plongeant ses mains dans l?épaisse peau. La croûte de lave séchée craqua et il pu enfoncer ses doigts dans l?épiderme même du géant. Il serra un câble invisible, peut-être un muscle ou une veine géante, et tira de toutes ses forces. Ses muscles se bandèrent, ses tatouages ondulèrent sur ses biceps mit à l?épreuve, et il arracha une partie de la joue.
Une infime partie physique du géant, mais une colossale partie de son amour propre.
« ESPÈCE DE SALE PETITE VERMINE !!! » s?énerva Surt en envoyant son poing sur son ?il. Il ne réussit qu?à se rendre borgne en s?aplatissant la paupière de manière violente, et la tête lui tourna.
Depuis le navire, Séphira n?en croyait pas ses yeux. Elle assistait à un combat assez dantesque, et c?était son compagnon de voyage qui pour le moment menait le jeu. Elle songea à David contre Goliath, et reprit espoir. Elle n?était pas du genre à clamer haut et fort sa joie, ou à scander des encouragements sous forme de slogan, donc elle se contenta de croiser les doigts. Heimdall, lui, hurlait.
« Vas-y petit !! Tu vas l?avoir !! Continue comme ça !!
-Tu ne peux pas te calmer un peu, le vieux ? » grogna Loki, qui songeait déjà à un autre plan, dans la mesure ou celui-ci se consumait peu à peu, sans mauvais jeu de mot. Thor, lui, restait impassible. Mais un examinateur attentif pouvait remarquer un reliquat de sourire sur son visage du coup moins austère.
« Alors, mon gros tas de lave, tu n?arrives pas à m?attraper ? » Soulblighter se tenait sur le sourcil de l?oeil encore valide du géant, et Surt le regardait avec une haine féroce. « Je te remercie pour les deux baffes que tu m?as mises, en tout cas. Tu ne savais sans doute pas que j?avais une capacité d?assimilation de la douleur hors normes ? Et que chacun des coups que je reçois ne fait que me rendre plus vif, plus fort, plus? »
Il sortit son verre d?eau toujours à moitié plein, et le tint en l?air.
« ?dingue ? »
Soulblighter jeta l?eau tiède dans l??il du géant, qui hurla de douleur. Il porta ses deux immenses mains à son visage, et son petit adversaire en profita pour descendre du géant comme sur le plus gros toboggan du monde. Des mondes. Une fois à terre, il regarda le géant s?effondrer en braillant. La souffrance lui avait fait oublier le combat, mais la chaleur environnante aurait tôt fait de guérir la plaie froide.
Soulblighter avisa l?épée du géant, planté près de sa tête qui fumait, et trouva rapidement la solution. Le géant avait chuté selon les estimations de Soulblighter, et ce dernier acheva son plan en courant de toutes ses forces vers l?épée de feu, avant de sauter sur le pommeau. La vitesse renversa l?épée qui se retrouva bloquée à quelques mètres de la gorge du géant à présent vaincu.
« Surt ! beugla Soulblighter, avec son visage de forcené braqué sur lui. Il suffirait que je saute une fois, une seule et unique fois sur ce manche, pour te trancher la tête. Est-ce que tu admets ta défaite, ou veux-tu crever de ma main et de ta propre lame ? »
Surt ouvrit son unique ?il rouge, encore embué par l?eau qui s?évaporait, et regarda Soulblighter. Un instant, celui-ci songea qu?il n?allait pas se rendre, mais le géant savait accepter sa défaite, et leva les mains en signe de reddition.
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Le jeune homme ouvrit la porte précipitamment et la referma sans faire de bruit derrière lui. Il avait le souffle court après le trajet qu?il venait de faire en courant. Il souffla un instant devant la porte d?entrée, et retira finalement son manteau qu?il jeta sur son lit. Il s?essuya le front sur sa manche, et s?éventa les joues écarlates en se dirigeant vers le petit frigo qui jouxtait la fenêtre. Il se félicita d?avoir prit une chambre d?hôtel avec minibar.
Il ouvrit le frigo et en sortit une canette d?Orangina, qu?il vida d?un trait, avant de la jeter dans la poubelle. Celle-ci retomba bruyamment, et il rentra sa tête dans ses épaules. Le bruit lui vrilla les tympans, dans le silence de la chambre. Il s?assit sur son lit, et reprit lentement son souffle.
« Ce mec commence à me courir, à farfouiller partout, dit-il à voix haute en se penchant pour sortir une seconde canette. S?il continue, je vais devoir sévir. Surtout s?il s?approche de Nina. En plus, il m?a fait courir, je ne pensais pas qu?il était encore capable de remuer aussi vite ! »
Il s?essuya une nouvelle fois le front, et but deux gorgées de sa boisson, tout en pensant que sa filature allait tout de même devoir continuer le lendemain. Il avait le pressentiment que cet homme, ce commissaire, ne lâchait pas prise aussi facilement.
Et Aran Valentine suivait toujours ses pressentiments.
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Thor s?avança vers le géant, qui se frottait l??il endolori avec de la lave. La solution qu?il s?appliquait devait le soulager, car l?état semi comateux dans lequel il se trouvait le rendait plus enclin à parler. Et à révéler ce qu?il savait.
« Alors, géant Surt, gardien du Muspellheim, nies-tu sa victoire ?
-CET HUMAIN, QUI QU?IL SOIT, A BIEN COMBATTU. J?AI ÉTÉ TROP SÛR DE MOI. JE NE REFERAIS PAS LA MÊME ERREUR SI UNE AUTRE OCCASION SE PROFILAIT. JE ME BATTRAIS DE TOUTES MES FORCES.
-Si tu as pu en tirer leçon, dit Thor en regardant Soulblighter, alors cette rencontre aura été profitable pour nos deux groupes. Raconte-nous maintenant ce que tu sais. »
Le géant prit une nouvelle boule de lave entre ses doigts et se l?étala sur l??il, avant de commencer son récit. Heimdall, Séphira et Soulblighter s?approchèrent, tandis que Loki restait un peu en retrait. Attentif tout de même, mais en retrait.
« DEUX FEMMES SONT VENUES, commença Surt. ELLES ÉTAIENT HUMAINES, TOUTES LES DEUX, MAIS J?AI SENTI QUE LA PLUS JEUNE ÉTAIT DIFFÉRENTE. DIFFÉRENTE DE TOUS LES HUMAINS VENUS ICI, UN PEU COMME VOUS DEUX. »
Il désigna de son énorme doigt Soulblighter et Séphira Strife. Soulblighter s?était calmé et son sourire avait presque disparu de son visage. Il apparaissait encore légèrement lorsqu?il regardait le géant à terre. Séphira regarda son compagnon, se demandant s?il pensait à la même chose qu?elle. Soulblighter hocha la tête.
« ELLES ÉTAIENT MANIFESTEMENT D?HUMEUR JOYEUSE, EN VENANT DU SVARTALFHEIM. ELLE RIAIENT EN CH?UR. JE NE LES AI PAS APPROCHÉES, JE ME SUIS CONTENTÉ DE LES OBSERVER DE LOIN.
-Comment étaient-elles ? s?avança Séphira Strife.
-LA VIEILLE ÉTAIT HABILLÉE ÉTRANGEMENT, DANS UNE ROBE NOIRE COMME CELLES DES MORTES CIVILES DE HEL. MAIS ELLE AVAIT UN TEMPÉRAMENT DE GUERRIÈRE, POURTANT. ET ELLE AVAIT UN SAC EN BANDOUILLÈRE ASSEZ LARGE ET PLEIN. PEUT-ÊTRE SAGISSAIT-IL DU LARCIN QU?ELLES AVAIENT COMMISES ?
-Elles n?étaient que deux ? demanda Thor.
-OUI. DEUX FEMMES. LA JEUNE, ELLE, AVAIT DES VÊTEMENTS ASSEZ? »
Il est difficile de voir un géant de lave, qui a une couleur de peau particulièrement hétéroclite allant du rouge foncé croûteux au cramoisi vif, il est donc difficile d?imaginer voir une peau ainsi faite rougir de honte. Et c?est pourtant que ce remarquèrent les Dieux et les Trauméniens réunis : Le géant rougit, avant de balbutier :
« ?ASSEZ OSÉS. ILS NE CACHAIENT PAS GRAND-CHOSE DE SON ANATOMIE AVANTAGEUSE. JE PENSE QUE C?ÉTAIT ELLE QUI MENAIT LE GROUPE, QUI ENTRAÎNAIT LA VIEILLE.
-Ses cheveux, s?empressa de demander Séphira. Comment étaient ses cheveux ? De quelle couleur, vous vous en souvenez ?
-ARGENTÉS, AUCUN DOUTE LÀ-DESSUS. »
Cette fois-ci, ils en étaient sûrs. Séphy-Roshou était passée par ce monde, et accompagnée d?une veille femme. On pouvait facilement inférer le vol de l?arme chez les nains, la veille femme séduisant Hrumir et Séphy-Roshou dérobant le trésor après s?être fait enfermer dans le coffre. Il ne restait plus qu?à les retrouver.
« Par où sont-elles allées, ensuite ?
-ELLES SONT PARTIES VERS LES RAMURES DE L?YGGDRASIL, MAIS JE PENSE QU?ELLES ONT DUES PASSER PAR ALFHEIM AUPARAVANT. C?EST LE MOYEN LE PLUS COURT DE REJOINDRE LES BRANCHES EXTÉRIEURES, SELON MOI. MAIS JE NE SUIS SÛR DE RIEN.
-Alfheim, répéta Heimdall. Le monde des elfes blonds. Espérons qu?ils puissent nous renseigner. Ou au moins nous offrir l?hospitalité.
-Si nous ne trouvons rien sur place, nous irons à la cime demander à l?aigle et au faucon, annonça Thor. Ils devraient avoir vu ces deux intruses.
-Géant Surt, reprit Séphira Strife. Vous dîtes qu?elles sont passées par votre domaine, mais comment ont-elles fait ? Nous étions sur ce navire pour notre venue, et les habitants du Svartalfheim ne nous ont pas parlé d?un vol de bateau, en plus de celui de l?arme. »
Les Dieux se tournèrent vers le géant. Celui-ci regardait la petite Trauménienne avec encore un peu de convoitise dans le regard, mais il se retenait.
« VOUS ME DONNEREZ QUOI, EN ÉCHANGE ?
-Imagine plutôt ce que je te donnerai si tu ne réponds pas. » dit Soulblighter en faisant craquer ses jointures ostensiblement. Et en souriant. On ne pouvait décemment pas oublier un sourire aussi mauvais que le siens.
« JE PLAISANTAIS, HUMAIN VALEUREUX. MAIS JE NE VOIS PAS EN QUOI LEUR MOYEN DE TRANSPORT PEUT VOUS AIDER.
-Répondez tout de même?
-ILS ÉTAIENT À DOS DE CERFS. DEUX DES QUATRE CERFS DE l?YGGDRASIL, À LA DEMANDE DE NIDHÖGG, LE SERPENT MAUDIT, QUI VIT DANS LE NIFELHEIM. »
_________________ La vie est faite d'obstacles à surmonter pour progresser...
...moi je passe à côté...
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